Paris | Un humanitaire condamné pour agressions sexuelles sur des enfants roms

Un humanitaire de 72 ans, membre de nombreuses associations, a été condamné mardi à deux ans de prison ferme, après avoir abusé d’au moins trois enfants roms.

Photo : Kenzo Tribouillard

Investi dans de nombreuses associations, Denys B., un retraité de 71 ans, était placé en détention provisoire depuis plus d’un an dans l’attente de son jugement, rendu mardi 4 juillet.

Arrêté suite à la plainte d’une mère, il a été condamné par le tribunal correctionnel à quatre ans de prison dont deux avec sursis, ainsi qu’à une obligation de soins pendant deux ans. L’enquête dresse le portrait d’un homme reconnaissant être attiré par les enfants et se servant de sa position pour pratiquer des attouchements sexuels.

«C’est un prédateur qui mettait en confiance ses victimes par son argent et les cadeaux qu’il leur offrait», décrivait une retraitée bénévole ayant fréquenté l’accusé, qui sévissait en région parisienne.

Denys B. a rencontré une femme Rom qui mendiait à la cité universitaire de Paris en 2009. Il aide financièrement et matériellement cette mère de trois petits garçons en achetant de la nourriture ou des vêtements pour la famille.

Il contribue même à faire sortir son mari de prison. Mais en 2015, le plus jeune des frères est accusé d’avoir touché d’autres enfants du camp. La mère sera d’ailleurs condamnée par le tribunal tzigane à verser 25.000 euros à chaque victime. Il confie à sa mère avoir agi ainsi car Denys B. a commis les mêmes faits sur lui. Elle comprend alors que celui en qui elle a une confiance totale a abusé de son enfant.

Alors que le petit est âgé de seulement 8 ans, l’humanitaire vient le chercher à l’école et l’emmène dans son appartement afin qu’il se lave. Douches pendant lesquelles il lui demandait de prendre des poses suggestives et de lui pratiquer des actes sexuels, tout en le filmant ou le photographiant. Selon l’enfant, ce serait arrivé une quarantaine de fois. La mère de famille porte plainte contre son bienfaiteur, soupçonnant ses deux autres fils d’être également victimes.

«Une sorte de paternité refoulée»«Vous ramenez tout au sexe alors que c’était des jeux, de la tendresse, mais pas de la sexualité», déclarera-t-il aux enquêteurs.

Denys B. donnait ensuite de petites sommes d’argent aux garçons, qui, selon lui, ne correspondaient pas à une rémunération pour l’acte sexuel. Il réfute même toute attirance sexuelle:

«Dans ma vie, j’ai eu comme des enfants adoptifs, je me suis occupé d’eux, mais sans aucune implication sexuelle, c’est une sorte de paternité refoulée».

L’aîné affirme que des amis à lui se sont rendus régulièrement chez Denys B., ce que l’intéressé confirme aux enquêteurs.

L’un des frères affirme que l’humanitaire lui a montré des photographies d’enfants maghrébins. Denys B. finit par reconnaitre qu’au cours de ses voyages en Tunisie, il a rencontré des enfants et les a pris en photos sans toutefois les toucher, car ils n’étaient pas propres.

En analysant le matériel informatique de l’humanitaire, les enquêteurs découvrent pas moins de 240 clichés d’enfants âgés de moins de 15 ans, prenant des poses suggestives. L’avocat de Denys B. a tenté de minimiser cette trouvaille, arguant que certaines étaient dupliquées et qu’il n’y en avait en réalité que 52, représentant sept ou huit mineurs différents.

Il sera également révélé que l’humanitaire s’était rendu à 22 reprises au Maroc en l’espace de cinq ans pour des missions humanitaires mais un témoin dira qu’il n’a jamais été laissé seul avec les enfants.

Jugé au tribunal correctionnelLa mère des trois garçons était la seule à emmener Denys B. devant la justice et ce, malgré les menaces. Elle connaissait la mère d’un enfant à qui Denys B. avait également fait des avances mais celle-ci n’a pas souhaité porter plainte en raison de sa situation irrégulière en France.

Quant aux amis de son aîné, ils n’ont pas, à notre connaissance, engagé de poursuites. Dans son réquisitoire définitif, le parquet avait demandé un non-lieu concernant les chefs de viol sur mineurs car les deux grands n’ont jamais dénoncé d‘actes de pénétration sexuelle tandis que le petit s’est finalement rétracté à ce sujet.

«Malheureusement, lorsqu’un enfant reçoit une fellation, ce n’est pas considéré comme un viol mais comme une agression sexuelle», explique Maître Isabelle Steyer, l’avocate de la mère.

«On a accepté la correctionnalisation des faits. En cour d’assises, ça aurait pris des années».

Source : lefigaro.fr

 

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