L’Isle-Crémieu | Plongée sordide dans le dark web des pédophiles, « un échec du système de soins »
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 19/03/2018
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Ni les magistrats, ni les avocats n’ont trouvé les mots, hier, pour décrire l’indescriptible horreur subie par deux petites filles de 3 ans. Encore moins ces deux victimes.
Entendue par des enquêteurs pourtant rompus à l’écoute des très jeunes victimes, l’une a caché son visage avec un mouchoir durant une grande partie de son audition.
Les deux pères s’échangeaient des photos de leurs propres filles…
Cette sordide affaire, celle d’un père photographiant le sexe de sa propre enfant et abusant d’une autre fillette, a surgi au détour d’une autre enquête.
En veille informatique sur le “dark web” parcouru par les pédophiles, les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes débusquent un père de famille du Jura détenant plusieurs centaines de fichiers à caractère pornographique.
Parmi ces photos figurent celles de sa fille de 3 ans, dénudée, abusée. Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs identifient des échanges de photos de fillettes d’une crudité extrême, entre ce père et un autre père, domicilié dans un village de L’Isle-Crémieu.
Les deux hommes se sont même rencontrés, à l’été 2016, dans un camping d’Évian (Haute-Savoie).
Alors que le Jurassien, détenu depuis février 2017, fait l’objet d’une mise en examen pour viols sur mineur par ascendant par un autre tribunal, seul le père nord-isérois comparaissait hier à la barre du tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu.
De surcroît en récidive pour la détention d’images pédopornographiques : à l’audience du 8 septembre 2014, ce père avait assuré qu’il se considérait comme guéri. Grâce aux séances d’hypnose d’un psychothérapeute.
Son épouse, qui avait aussitôt sollicité le divorce, avait continué à lui faire confiance pour la garde alternée de leurs deux enfants (un garçon et une petite fille de 3 ans).
« Après mon jugement, je n’ai plus ressenti de pulsions. J’ai regardé des reportages sur le dark web. Je me suis intéressé au sujet, et j’ai fait cette rencontre. Et je suis retombé »,
tente d’expliquer le prévenu, qui faisait alors l’objet d’un suivi sociojudiciaire.
Cette “rencontre”, via le dark web avec ce Jurassien, donne un relief encore plus sordide à l’affaire.
« Il m’envoyait les photos de sa fille. Quelque part, je me sentais redevable… »,
finit par lâcher le quadragénaire décrit comme narcissique et pervers, et mû par une
« pensée fantasmatique sexuelle pédophile »,
selon l’expert psychiatre.
« Ils ont considéré leurs fillettes comme un objet sexuel dès leur plus jeune âge, jusqu’à faire de leurs enfants une monnaie d’échange ! Comment ces fillettes vont-elles apprendre à vivre normalement, à se construire en tant que femmes ? »,
s’interroge Nathalie Descot, vice-procureure, qui partage l’inquiétude des parties civiles.
La défense, elle, souligne
« un échec du système de soins »,
tout en assurant que le prévenu a amorcé une prise de conscience.
Celui qui finit par dire « regretter profondément », a écopé de deux ans de prison ferme.
Outre un suivi sociojudiciaire de dix ans – au risque de faire quatre ans de prison en cas de récidive –, le tribunal a également mis en application deux années de prison ferme supplémentaires en raison du non-respect de son suivi sociojudiciaire prononcé en 2014.
En outre, il sera inscrit au Fijais, Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles.
À l’issue de l’audience, il a été reconduit derrière les barreaux.
Source : LeDauphine
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