Blois | “Nul n’a le droit de tromper sa solitude avec une enfant “

Un quadragénaire a été condamné pour des faits d’agression sexuelle sur sa belle-fille ayant débuté lorsque celle-ci était mineure.

Tribunal correctionnel de Blois

Mélanie (*) n’est pas présente au tribunal pour raconter sa version des délits sexuels dont elle aurait été victime, dès l’âge de 13 ans. Son beau-père, le prévenu, se trouve lui à la barre.

Secoué de sanglots, par moments, il répète plusieurs fois la souffrance que sa compagne – la mère de la jeune fille – et lui ont éprouvée, voilà dix ans, lorsqu’ils ont perdu un enfant. La douleur avait, alors, abîmé la vie de ce couple blésois, elle avait réduit à néant leur vie sexuelle. « Je regardais des films le soir, avec mon casque. Mélanie a pu me voir… »

Les signalements effectués par l’établissement scolaire de la jeune fille et par une femme ayant accueilli, un temps, sa famille, ont entraîné une enquête, au printemps 2016. L’hôte avait, notamment, répété une confidence de Mélanie à propos de scènes de masturbation devant ses yeux. Entendue à l’âge de 21 ans, Mélanie a indiqué que son beau-père lui avait caressé le sexe, la poitrine.

Il aurait installé une caméra dans la salle de bains, l’aurait prise en photo, lui aurait demandé d’adopter des positions suggestives. Il l’aurait suppliée, mettant en avant le fait que sa compagne, la maman, refusait tout rapport sexuel. La jeune femme a évoqué des comportements violents, sa peur, le fait que sa mère était au courant.

Face au tribunal, le prévenu, qui avait uniquement reconnu, en garde à vue, s’être masturbé devant sa belle-fille – sans toutefois qu’elle ait pu voir son sexe – n’est plus d’accord avec sa version de l’époque.« A ce moment-là, j’aurais pu dire n’importe quoi pour sortir. J’ai eu peur. »

Il décrit, par ailleurs, Mélanie lui apprenant, en colère, « qu’elle subissait des choses de la part du fils de la compagne de son père. » Il nie avoir touché l’adolescente, tout comme avoir installé du matériel pour prendre des images dans la salle de bains. Rien n’a été retrouvé chez lui, lors de la perquisition.

« Perdre un enfant brise une vie de couple. Mais nul n’a le droit de tromper sa solitude affective et sexuelle avec une enfant », assène la vice-procureure Alexandra Pethieu, qui considère comme des éléments « à charge » les « déclarations circonstanciées », « sans surenchère », de Mélanie.

Elle évoque les troubles psychologiques que présente, aujourd’hui, la jeune femme. Elle requiert dix-huit mois de prison, dont neuf assortis d’un sursis mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de soins, et une inscription du prévenu au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

En défense, Me Emmanuelle Fossier évoque des contradictions dans les déclarations de la victime. « A quel moment [son client] se serait-il volontairement masturbé devant elle ? », interroge l’avocate, qui pointe, par ailleurs, l’éventualité que l’hébergeuse ayant dénoncé les faits au départ ait pu être intéressée par l’argent, à l’idée d’accueillir les enfants de la famille à son domicile.

Douze mois de prison dont six avec sursis

Le tribunal relaxe le quadragénaire pour les faits d’exhibition, pour ceux concernant les images.

Il est cependant condamné pour agression sexuelle à douze mois d’emprisonnement, dont six avec sursis et mise à l’épreuve pendant dix-huit mois. Il sera inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

(*) Le prénom a été changé.

Source : lanouvellerepublique.fr

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