Nouméa | Trois cas d’attouchements sexuels rapportés par des enfants en petite section

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Pédocriminel En liberté

Les plaintes ont été classées sans suite
Fin octobre 2024, il a été mis fin à son contrat en attendant l’avancée de l’enquête. Les plaintes viennent d’être classées sans suite….. “J’ai l’impression qu’on essaie de camoufler l’affaire” affirme une mère.

Sophie* se souvient parfaitement du début d’année scolaire, la première en maternelle pour sa fille de trois ans.

“Les cauchemars et les vomissements, le temps de sieste qui lui posait problème. Pourtant elle était pressée d’entrer à l’école, mais ça n’a duré qu’une semaine.”

La maman en parle à la maîtresse, qui explique que cela arrive aux enfants qui ne sont pas allés en crèche, ou qui n’ont pas été sociabilisés chez une assistante maternelle.

Un soir, alors qu’elle lave Cyrielle* sous la douche, Sophie l’entend formuler une phrase inhabituelle.

“Fais attention maman, ça fait mal. Le monsieur fait comme ça, c’est dégueulasse et ça fait mal”, explique-t-elle en montrant ses fesses.

Dès le lendemain, elle prévient la direction de l’établissement scolaire et porte plainte auprès de la police le 30 octobre.

“Il nous donnait des bonbons”

Jordan* aussi a recueilli le récit de sa fillette.

“Il voulait faire une petite sieste. Il s’est allongé et m’a touché l’épaule et le ventre. Il nous donnait des bonbons, il était gentil.”

Les parents, interloqués, demandent qui surveillait le temps de sieste.

“Les dames n’étaient pas là”, répond la petite.

Une seconde plainte est déposée par cette autre famille.

Selon ces parents, la directrice de l’école leur assure alors que c’est impossible, que la sieste est bien surveillée.

L’auxiliaire de vie scolaire (qui accompagne un ou plusieurs élèves en situation de handicap) est suspendu de ses fonctions.

“On ne se sent pas soutenus par l’équipe enseignante, partage Sophie. Ils n’en ont rien à cirer, ils font l’autruche. La direction de l’enseignement et de la réussite de la province Sud conseille de ne pas changer ma fille d’école, mais je n’ai plus confiance.”

“Il y a de gros manquements dans cette école. Et ils se protègent.” Jordan, père d’une petite fille qui dit avoir été victime d’attouchements à l’école.

Jordan aussi, veut changer sa fille d’établissement.

“La maîtresse fait comme si de rien n’était. On attend que l’enquête nous donne des réponses. Si cela peut alerter d’autres parents…”

“Ancré dans sa mémoire”

Un troisième enfant a rapporté des faits.

Henri* a commencé à changer de comportements fin juillet dernier.

“Il ne voulait plus aller à l’école et a recommencé à faire pipi au lit. Il refusait tout contact physique, ne voulait plus prendre de douche, ne mangeait plus, raconte sa maman, Nicole*.

Lui qui était si affectueux se mettait en colère quand on lui réclamait un bisou. Les mots bisou, câlin, sieste et école étaient des déclencheurs, et après il se renfermait sur lui-même.”

Par deux fois, il est sorti de classe en expliquant à sa grand-mère, puis à sa mère, qu’il “avait mal au derrière”.

“Il a reproduit les gestes de ce monsieur qu’il voyait à la cantine et à la sieste. Il le serrait très fort et lui touchait les parties intimes.”

Retiré de l’environnement scolaire, le petit avait fini par retrouver son naturel jovial.

“Mais la semaine dernière, dans un parc, il a cru reconnaître l’homme dont il m’avait parlé, et on a dû repartir immédiatement. C’est encore ancré dans sa mémoire.”

L’agresseur présumé écarté à titre préventif

“La directrice de l’école a été informée le 31 octobre par un appel de la police nationale, lui indiquant qu’une enquête avait été ouverte, retrace Nicolas Pannier, le secrétaire général de la province Sud.

Ce que la police cherche à déterminer, c’est à quel moment les faits présumés ont eu lieu : était-ce pendant le temps périscolaire, la cantine ou la classe ? Car il y a trois acteurs : la commune, la caisse des écoles et la province.

Il y a eu ce temps d’échange entre les représentants de ces entités, et nous avons demandé de manière conjointe à l’association Ava de retirer l’agresseur présumé de cette école à titre préventif, et ce le jour même.”

Contactée par téléphone, Natacha Launay, la directrice de cette association d’Accompagnement vers l’autonomie ne dira rien de cette affaire, ni de la manière dont sont vérifiés les éventuels antécédents des personnes employées.

Des investigations en interne

Selon Nicolas Pannier, des “investigations ont été menées en interne par la province, la commune et la caisse des écoles de Nouméa. Les familles ont été reçues on leur a expliqué l’intégralité des démarches.”

Qu’est-il prévu en cas de signalements de ce type dans une école ? Les parents n’ont pas été réunis pour évoquer publiquement et collectivement les faits décrits par le petit garçon de Nicole et les petites filles de Sophie et Jordan.

“Nos directeurs d’école et nos enseignants sont formés à différents risques. Bien évidemment, on a des psychologues scolaires qui existent et on les mobilise. Mais nous n’avons pas pour mission de vérifier s’il y a d’autres enfants concernés. La police nationale conduit l’enquête”, détaille Nicolas Pannier pour la province Sud.

La collectivité a étudié la demande de changement d’école pour les trois familles qui ont exprimé ce souhait

“Comme si c’était nous, les coupables”

Lors de son dépôt de plainte, et dans ses échanges avec la police, Nicole “s’est sentie passer de victime à agresseur. Les questions qu’on m’a posées laissaient penser que j’avais agressé mon fils, ou que c’était son père, qu’on était de connivence avec les autres parents… On s’interroge sur les éléments qui ont été transmis au Parquet.”

“Quand je suis ressortie de cet interrogatoire de police, après quatre heures d’audition, j’avais la sensation que l’on me disait que j’étais en train de monter un bateau. Comme si c’était moi la coupable.” Nicole, mère d’un petit garçon qui dit avoir été abusé sexuellement.

“J’ai l’impression qu’on essaie de camoufler l’affaire”

“L’expertise médicale n’a rien donné. L’infraction n’a pas été établie, et les plaintes ont été classées sans suite“, informe Yves Dupas, le procureur de la République.

Suspendu le temps de l’enquête, l’AVS sera-t-il réintégré dans une équipe éducative à la rentrée de février ?

“Je suis déçu, réagit Jordan. Pour eux il n’y a pas assez d’éléments, mais trois enfants qui témoignent d’attouchements, qu’est-ce qu’ils veulent de plus ?”

“Ils ont trois ans ! Et déjà, à trois ans, dire ‘Le monsieur a touché ma culotte…’ Apparemment, ça ne suffit pas. Depuis le début de l’enquête, j’ai l’impression qu’on essaie de camoufler l’affaire, s’indigne Sophie. Je n’ai pas eu l’impression d’être soutenue par la police et la justice.”

*Les prénoms ont été modifiés

 

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