Nevers | Un père de famille de 41 ans condamné à 4 ans de prison dont 2 avec sursis pour agressions sexuelles sur sa fillette de 5 ans

Quatre ans de prison dont deux avec sursis pour un père nivernais incestueux

Illustration WP

 Reconnu coupable d’agression sexuelle sur sa fille âgée d’à peine 5 ans au moments des faits, un homme de 41 ans a été condamné à 4 ans de prison dont 2 ans avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, par le tribunal correctionnel de Nevers.

« Papa m’a touché la lune. »

La phrase lancée par la petite Sandra (le prénom a été modifié, Ndlr), alors qu’elle chahutait avec son frère à l’arrière de la voiture conduite par leur mère, a connu un épilogue judiciaire. Devant le tribunal correctionnel où le papa était convoqué pour agression sexuelle incestueuse sur mineur de moins de 15 ans.

La salle d’audience accueillait ainsi une famille désormais fragmentée. Accablée par des débats allant souvent dans ce que les protagonistes, un couple et ses enfants, ont de plus personnel.

« Je n’ai pas su me dominer »

À la barre, le prévenu est apparu épaules rentrées. La voix mal assurée. Il a reconnu les faits reprochés. Maintenant ses déclarations. Précisant que les gestes commis sur sa fille, n’ont en rien consisté en des pénétrations de doigts dans ses parties intimes.

« Toujours à travers le tissu du pyjama, jamais dessous… »

Gestes répétés à quatre ou cinq reprises, entre le 1er septembre 2017 et le 15 octobre 2018, « à la maison ». Sur le canapé, devant la télé.

« Quand et comment ?, a questionné le président Jean-Luc Alliot.
– Le samedi matin. En l’absence de sa mère qui était au travail.
– Vous avez employé l’expression câlin père-fille pour résumer vos gestes. Est-ce approprié ?
– Non. Je ne me rendais pas compte. Ce que j’ai fait est grave. J’avais appelé ça, comme ça.
– La victime n’a pas réagi. En avez-vous tiré des conclusions ?
– Je n’ai pas su me dominer…
– Devant cette absence de réaction vous êtes-vous senti autorisé à continuer ?
– Non !
– Les faits ne se sont-ils déroulés que dans la salle de séjour ?
– Non. Une fois dans la chambre de ma fille.
– Vous avez déclaré : je me suis arrêté après dix minutes, parce que ça n’était pas bien. Vous étiez donc bien conscient de ce que vous faisiez ! », a ponctué Jean-Luc Alliot.

Les examens médicaux dont Sandra a fait l’objet, n’ont montré aucun signe de violences physiques. L’expertise psychologique l’a décrite comme une enfant

« capable d’imagination, mais pas d’affabulation, cohérente dans ses propos. Décrivant des faits suffisamment précis, pour les qualifier d’authentiques. »

L’expert déclarant enfin que si Sandra n’en était pas encore affectée, les conséquences psychologiques pouvaient survenir plus tard…

Le prévenu a ensuite été longuement interrogé sur sa consommation d’alcool. Au fil des débats, il a décrit un état de dépendance. Une forte consommation, jusqu’à dix bières, voire plus, par soir. Qu’il a expliqué par une forte situation de stress professionnel et aussi personnel.

« Si votre fille ne s’était pas confiée, vous seriez allé jusqu’où ? Avec l’alcool, j’ai l’impression que vous vous déresponsabilisez ?,

a interrogé Agnès Belghazi juge assesseur.

– Non. Ce que j’ai fait est très grave. Ma femme a eu raison de porter plainte. Je fais tout, pour que tout se passe bien pour eux. »

La réponse du prévenu n’a pas tardé à trouver un autre écho, dans une remarque de Marine Labarthe procureur de la République.

« Je trouve très troublant que ce soit la barrière morale de l’inceste, si ancrée au plus profond de notre société, qui tombe chez vous. »

L’expertise psychiatrique du prévenu a été dite

« révélatrice d’une personnalité borderline d’un père incestueux montrant une immaturité psycho-affective… Ne montrant aucun trouble ayant pu provoquer l’altération de son discernement. »

Des conclusions disant également possible le risque de récidive, voir d’escalade.

Avocat de la partie civile, Me Thibault de Saulce Latour a regretté

« que tout tourne autour du prévenu, la victime ayant été un peu oubliée. L’alcool ne suffit pas à expliquer. Il aurait désinhibé le prévenu. C’est très inquiétant et rarissime en cas d’agression sexuelle incestueuse. Un des interdits les plus forts de notre société. Il reste une situation douloureuse pour Sandra. Avec aussi le questionnement sur l’éclatement de la cellule familiale. »

Le ministère public a insisté à nouveau sur la gravité des faits reprochés. Considérant que le prévenu les minimise en en ramenant l’explication à l’alcool.

« Cette absence d’explication dans les raisons du passage à l’acte, doit nous guider dans le choix de la peine »

Marine Labarthe requérant 2 ans de prison ferme. Ce que le tribunal a validé par une condamnation à 4 ans d’emprisonnement, dont 2 avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans.

La défense, par la voix de Me Dominique Guenot, a souhaité que l’alcool soit prise en compte. Parlant d’un « tactilité naturelle qui a dérapé », le conseil s’est appuyé sur l’abstinence du prévenu depuis mai.

« Supprimez l’alcool, il n’y a plus de risque de récidive ! »,

a-t-il lancé.

Condamné finalement à 4 ans d’emprisonnement, dont 2 avec sursis, le prévenu devra en outre travailler, se soigner, sera inscrit au fichier des délinquants sexuels, sera inéligible un an et devra indemniser son ex-épouse. À titre personnel et en tant que celle-ci représente les intérêts de Sandra. Les demandes de la partie civile auront réponse en audience du 20 février 2020.

Source : lejdc

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