Nersac | 6 mois avec bracelet électronique pour la mère qui a laissé seul son enfant pendant 2 ans

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Il se nourrissait de gâteaux, de boîtes de conserves froides, sans électricité ni chauffage parfois
Une mère de famille a écopé de six mois de bracelet électronique pour avoir délaissé son enfant. Le garçon de 9 ans a vécu tout seul dans un appartement de Nersac durant deux ans.

La procureure soupire:

« Quelle tristesse ! »

C’est en effet le sentiment que laisse cette affaire jugée ce mardi au tribunal d’Angoulême. Le tableau est désolant.

Un petit garçon de neuf ans, qui pendant près de deux ans, entre 2020 et 2022, vit seul dans un appartement HLM de Nersac.

Qui se nourrit de gâteaux, de boîtes de conserve froides. Qui vit parfois sans chauffage, sans électricité.

Obligé de dormir avec trois couettes pour ne pas avoir froid.

Cette histoire, c’est celle d’un élève de CM2 puis de sixième contraint de voler des tomates sur un balcon de l’immeuble pour pouvoir se nourrir.

Frigo vide

Les voisins l’ont aidé, un peu, lui ont donné à manger.

Ils ont surtout fini par alerter les gendarmes, stupéfaits de constater que l’enfant vivait sans parents.

À l’école, personne n’avait rien remarqué.

Les militaires ont gratté et ont fini par découvrir qu’Alexandra, la maman qui avait la garde de son fils, vivait à Sireuil, à 5 km de son fils.

Chez sa compagne.

À Nersac, les gendarmes ont découvert « un appartement très peu investi ». Un frigo vide.

Et surtout, aucune affaire appartenant à Alexandra, 39 ans. Entendus, les voisins ont confirmé que le garçon vivait ici sans adultes.

Dans sa chambre, il s’était créé un cocon. Sa mère venait le voir, de temps en temps, en scooter pour porter un peu à manger.

Et repartait seule. À Sireuil, chez la compagne d’Alexandra, les voisins n’ont en revanche jamais vu l’enfant.

Il y a un côté triste et effrayant. Cet enfant n’avait pas moyen de se laver à l’eau chaude

L’enquête pointue des gendarmes a enfoncé le clou. La téléphonie a démontré qu’Alexandra passait ses nuits à Sireuil.

Et qu’elle n’emmenait pas son fils à l’école ou au collège, où il était un bon élève, au point que les enseignants n’ont rien remarqué.

« Délaissement de mineur compromettant sa sécurité. » C’est ainsi que la justice qualifie ces faits.

Depuis, le petit garçon a été placé dans une famille d’accueil.

Il a confirmé ce que les gendarmes ont découvert en expliquant qu’il avait d’abord vécu avec son grand frère.

Puis seul. À la barre, Alexandra « est dans le déni », concède son avocate Émilie Lagarde.

Elle l’assure, son fils vivait avec elle à Sireuil.

La procureure se demande:

« Mais pourquoi ce garçon aurait inventé une chose pareille ? »

« Je ne sais pas pourquoi il dit ça… »

Elle essuie quelques larmes. Et a réponse à tout.

La téléphonie montre qu’elle n’amenait pas son fils à l’école :

« J’oubliais tout le temps mon téléphone… »

Les témoignages des voisins l’accablent :

« Ce sont des gens à problème… »

Aucune affaire à elle n’a été retrouvée à Nersac :

« Ma brosse à dents est tombée derrière l’étagère. »

Elle explique aussi que son fils se rendait à Sireuil en bus et qu’elle le suivait en scooter…

Les juges ont du mal à y croire. Son attitude interroge et inquiète.

Depuis que son garçon est placé voilà plus d’un an, elle n’a fait la démarche d’aller le voir qu’à deux reprises.

« Je ne suis pas une maman poule, mais ça reste mon fils », sanglote-t-elle.

« Vous êtes un peu passive », lui fait remarquer un juge assesseur.

Aujourd’hui, son fils ne veut plus la voir. Une éducatrice le décrit comme « très mature, très résilient ».

Autonome, aussi. Presque trop.

L’avocate de la partie civile redoute « des conséquences dramatiques ».

« Ce sont des faits que vous ne jugez pas fréquemment », note la procureure.

« Il y a un côté triste et effrayant. Cet enfant n’avait pas moyen de se laver à l’eau chaude ! »

Elle décrit le contenu de la poubelle remplie de boîte de gâteaux et de conserves.

« Il faut qu’elle comprenne le mal qu’elle a fait à son fils », insiste la magistrate qui a requis six mois ferme.

« Cela ne servirait à rien », balaye Émilie Lagarde, l’avocate d’Alexandra.

« Ce qu’il faut, c’est une obligation de soins.

Il faut qu’elle raconte son parcours, qu’elle dise pourquoi elle est devenue cette maman froide… »

Le tribunal l’a finalement condamnée à 18 mois de prison dont douze avec sursis.

Soit six mois ferme, aménagés avec un bracelet électronique. Et une obligation de soins.

Le président conclue:

« Les preuves sont nombreuses, vous avez délaissé votre fils. »

 

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