Montrichard | Procès aux assises d’un père incestueux qui a violé sa fille pendant 4 ans et photographiait ses actes

Un père de famille comparaît devant les jurés pour avoir violé sa fille mineure pendant quatre ans. Il a été trahi par des photos retrouvées sur son téléphone.

Illustration Thierry Suire

Cour d’assises de Loir-et-Cher. Vêtu d’une veste noire sur une chemise blanche, l’homme qui a pris place, hier matin, dans le box des accusés, s’est exprimé lentement, d’une voix basse.

« Je reconnais tous les faits », a-t-il déclaré alors que la présidente Patricia Renzi-Goillot venait de faire une présentation synthétique du dossier.

Ce père de famille de 43 ans a été interpellé par la gendarmerie le 28 janvier 2017 pour des viols et agressions sexuelles commis sur sa fille mineure née en 2000.

Les faits se sont produits non loin de Montrichard, entre 2012 et 2016.

C’est la mère de la victime qui, quatre jours plus tôt, est tombée par hasard sur des photos de sa fille enregistrées dans le téléphone portable de son mari.

Certaines images montraient en gros plan la victime nue subissant dans la chambre parentale des pénétrations commises par son père digitalement ou à l’aide d’un godemiché.

« J’ai ressenti de la haine et de la colère », a commenté la maman face à la cour.

Parce que sa fille ne voulait pas déposer plainte afin de préserver ses frères et, craignant pour sa part une réaction violente de son mari, la mère a préféré se confier à sa sœur qui en a aussitôt parlé à son propre compagnon.

Ce dernier a lui aussi témoigné à l’audience.

Lorsque la présidente lui a demandé de prêter serment, l’homme s’est crispé :

« En parler sans haine, ça ne va pas être facile, mais je jure de dire la vérité.

Je suis allé voir mon beau-frère pour lui demander si c’était vrai.

Il m’a dit que oui.

Je n’ai pas pu m’empêcher de le frapper.

Puis je suis allé prévenir les gendarmes.

Ma nièce garde tout à l’intérieur, mais quand ça sortira, ça ne sera pas beau. »

Assise au premier rang près de sa mère, la jeune fille devenue majeure, a essuyé discrètement quelques larmes.

Voilà deux ans et demi qu’elle n’a plus revu son père.

Lors de sa garde à vue, le quadragénaire a avoué rapidement quand les gendarmes lui ont montré les photos qu’il pensait avoir détruites.

Des images sur lesquelles sa fille fermait les yeux ou détournait le regard pour ne pas le voir en train de commettre l’innommable.

Parfois, c’est lui qui plaçait une serviette sur son visage.

« Il a déclaré s’être senti délaissé par son épouse après la naissance de leur troisième enfant » a précisé, hier, l’adjudante-cheffe qui a dirigé l’enquête.

L’homme a été incarcéré pendant un an avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire en février 2018.

Mais trois mois plus tard, c’est le retour à la case prison car le père n’a pas pu s’empêcher de prendre contact avec ses enfants et d’envoyer un cadeau à sa fille qui s’apprêtait à passer le bac.

« Durant cette période de liberté, sa fille allait mal car elle craignait que son père revienne la voir en l’absence de sa mère, elle a rompu avec son petit ami et a même évoqué le suicide », a expliqué Me Émilie Halbardier, avocate de l’adolescente et de sa mère.

L’accusé l’ignorait :

« Ça me fait mal de l’apprendre. »

L’homme a ajouté qu’il vivait mal la détention et que ses enfants lui manquaient beaucoup.

Il semble aujourd’hui avoir pris conscience de la gravité de ses actes tout en avouant que le suivi psychologique proposé en prison ne lui a pas encore permis de comprendre les raisons de son passage à l’acte.

Lui qui dans ses premières lettres de détenu accordait son pardon à sa femme et à sa fille, regrette désormais ses écrits.

« J’étais perdu, mais maintenant j’ai compris que ce n’est pas de leur faute si je suis en prison et que c’est moi le seul responsable. »

Cette première journée d’audience s’est achevée par des révélations de la jeune fille qui, lors de sa déposition à huis clos, a accusé son père de lui avoir également fait subir des pénétrations péniennes.

« A aucun moment a contesté l’accusé, c’était hors de question pour moi. »

Reprise des débats, ce mardi matin, avec les expertises psychiatrique et psychologique.

Verdict dans la soirée.

Source : La Nouvelle République

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