Canada | Son enfance brisée par les attouchements de son «papa»

Victime d’attouchements sexuels pendant sept ans dans sa famille d’accueil, une jeune femme de la Rive-Nord voit l’emprisonnement de celui qu’elle appelle encore son «papa» comme une façon de «repartir sur une page blanche» et de se bâtir un bel avenir.

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«Il a brisé mon enfance, a confié Audrey Lépine, rencontrée au lendemain du pro­noncé de la sentence de son agresseur. Je vais toujours avoir des séquelles psycho­logiques de ce qu’il m’a fait, mais je lui ai pardonné­­. C’est encore mon père, c’est le seul que j’ai jamais eu.»

Roger Savoie, 83 ans, avait plaidé coupable à des accusations d’attouchements sexuels et d’incitation à des contacts sexuels en octobre­­ 2016. Mercredi dernier, le juge Michel Bellehumeur lui a imposé une peine de 18 mois derrière les barreaux en plus d’une probation de trois ans.

À la demande de la victime, le magistrat a accepté de lever l’ordonnance de non-publication qui protégeait son identité.

«Vous raconter­­ mon histoire est une façon pour moi de repartir sur quelque chose de neuf, a confié la courageuse jeune femme. Je voudrais aussi inspirer d’autres victimes à dénoncer­­ leur agresseur, parce que ça donne des ailes.»

« Je l’aimais tellement »

Détenteur d’un doctorat en philosophie et d’une maîtrise en science religieuse, le pédophile n’avait aucun antécédent judiciaire avant cette affaire.

Avec sa femme de 30 ans sa cadette, il a accueilli jusqu’à 14 enfants de la DPJ entre 2002 et 2014 dans sa maison de Sainte-Adèle, dans les Laurentides.

Audrey Lépine, issue d’une famille dysfonctionnelle, a été envoyée chez Savoie alors qu’elle avait 6 ans.

«Je l’aimais tellement, Roger, a-t-elle dit. Je manquais vraiment d’amour et c’était la première personne qui m’en donnait pour vrai.»

Les attouchements ont commencé trois ans après son arrivée dans cette famille et ont cessé à l’âge de 16 ans.

Audrey Lépine a vécu l’horreur pendant de longues années.

Elle n’osait pas révéler son secret puisque Savoie la menaçait de l’expulser de la famille.

Les agressions se produisaient généralement dans la chambre du couple, dans la piscine et dans la chambre de la petite.

«Il mettait sa main partout, dans ma culot­te, sur mes seins, sur mes fesses, entre autres.»

Forte odeur

Souffrant de maux de dos, le pédophile s’appliquait souvent du baume du tigre pour contrôler sa douleur.

Encore à ce jour, la jeune­­ femme associe la forte odeur de cet onguent analgésique à la terreur et l’angoisse qui s’emparait d’elle lorsque son «papa» s’approchait d’elle.

Ce n’est que quelques mois après son départ­­ de la famille d’accueil, alors qu’elle venait de franchir le cap des 18 ans, qu’Audrey Lépine a réalisé ce qu’elle avait vécu.

«Je lisais des articles de journaux et j’ai compris», a-t-elle raconté.

Elle l’a dénoncé dans la semaine qui a suivi.

Celle qui aspire à devenir auteure n’a pas traduit son agresseur en justice dans le but de se venger.

Elle voulait simplement qu’il réalise tout le mal qu’il lui a fait.

Source : http://www.journaldemontreal

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