Lyon | Le cardinal Barbarin, condamné pour son silence, va remettre sa démission

L’archevêque de Lyon, poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs, a été condamné à six mois de prison avec sursis. Ses avocats vont faire appel.

Le Cardinal Barbarin le 15 mars 2016. AFP

La justice des hommes a tranché : le cardinal Philippe Barbarin, 68 ans, qui n’était pas présent à l’annonce du délibéré ce jeudi matin, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône). Ses avocats ont annoncé dans la foulée qu’ils feront appel.

Lors d’une conférence de presse à la maison diocésaine de Lyon, en milieu de journée, Mgr Barbarin a annoncé qu’il allait démissionner. « J’ai décidé d’aller voir le Saint Père pour lui remettre ma démission. Il me recevra dans quelques jours», a-t-il déclaré après avoir dit « prendre acte de la décision du tribunal ». « Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes », a-t-il ajouté.

Il reviendra alors au souverain pontife de donner suite, ou non, à cette démission.

Le cardinal Barbarin, primat des Gaules, l’une des autorités ecclésiastiques les plus influentes de l’Hexagone, était poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs commises dans les années 1970 et 1980 en banlieue lyonnaise par l’ancien aumônier scout, le père Bernard Preynat. Neuf parties civiles, très actives au sein de l’association de victimes La Parole libérée, lui reprochaient de ne pas avoir alerté la justice alors qu’il était au courant du passé pédophile du prêtre déviant.

La présidente du tribunal, Brigitte Vernay, l’a « déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements » envers un mineur entre 2014 et 2015. Un verdict historique, jamais jusqu’à présent un cardinal n’avait été condamné dans notre pays. Seuls des évêques l’ont été : Mgr Pierre Pican, ancien évêque de Bayeux-Lisieux, en 2001 pour non-dénonciation de pédophilie et Mgr André Fort, ancien évêque d’Orléans, en novembre dernier dans un dossier similaire.

Une condamnation surpriseCette issue judiciaire est un coup de théâtre : lors du procès en janvier dernier, la procureure n’avait pas requis de condamnation à l’encontre de l’archevêque de Lyon. Pour elle, « les faits avant 2013 sont prescrits » et pour ceux après 2013, « l’infraction n’est pas constituée ». Une position conforme à celle du parquet qui, en 2016, avait classé sans suite une première enquête.

Pour Laurent Duverger, 50 ans, l’une des parties civiles, cette décision est « une vraie surprise ». « Pour moi, il y avait 5 % de chance qu’il soit condamné. Alors c’est une satisfaction à titre personnel, le résultat de trois ans de combat difficile. Qu’on soit petit ou grand, personne n’est au-dessus des lois », nous confie-t-il.

« Je ne vois pas de quoi je suis coupable […] Je n’ai jamais, ô grand jamais, cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles », s’était défendu Mgr Barbarin durant son procès il y a deux mois. Lors des plaidoiries, son avocat avait confessé des « erreurs de gouvernance » mais exclu « la moindre faute pénale ».

Aux yeux d’une partie de l’opinion publique, le prélat incarne en France depuis trois ans le silence de la hiérarchie de l’Église face aux crimes des curés-prédateurs et le manque de compassion à l’égard des victimes.

Source : leparisien.fr

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