Loir-et-Cher | Correctionnalisation de viol sur mineure

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L’homme bénéfice de laxisme judiciaire malgré la gravité des faits
Mardi 21 février 2023, le tribunal correctionnel de Blois a condamné à deux ans de prison ferme un homme de 50 ans pour une agression sexuelle sur une mineure de 14 ans. Il n’a cessé de nier les faits, qui se sont déroulés en 2018.

« Cette souffrance diminuera avec le temps, mais me marquera à vie. »

Ces mots sont ceux d’une jeune femme accusant d’agression sexuelle un ami de son père alors qu’elle avait seulement 14 ans.

Incapable de se rendre à l’audience mardi 21 février en raison « d’un énorme sentiment d’angoisse » selon son avocate Me Anne Durand, elle a préféré coucher ses mots sur papier, expliquant :

« Ne pas être parfaite » mais ne « mener aucune vengeance pour une raison obscure » envers le prévenu.

Les faits remontent au mois de mai 2018, à Vendôme, lorsque la jeune fille s’est rendue un matin chez celui qu’elle considère « comme son oncle ». Dans ses souvenirs, elle explique avoir été accueillie par l’homme, « nu sous son peignoir », qui l’aurait embrassée avant de la déshabiller sur le canapé.

C’est à ce moment-là qu’elle indique avoir subi des pénétrations digitales et avoir été forcée de masturber l’homme de 50 ans, se retrouvant comme « tétanisée ». Il aurait ensuite tenté de la pénétrer avec son sexe mais la tentative fut avortée, l’adolescente reprenant ses esprits et prétextant le début d’un stage pour partir.

Dans la foulée, elle appelle l’une de ses amies pour lui relater les faits mais reste ensuite muette de nombreux mois, avant d’en informer ses parents en décembre 2018. En pleurs, ses explications provoquent une crise d’angoisse et une hospitalisation.

Une expertise psychologique démontrera que depuis cet événement, la jeune femme a des troubles du sommeil, revit la scène dans ses cauchemars, souffre de troubles alimentaires et s’isole.

À la barre, le prévenu, en couple depuis près de vingt ans, nie les faits qui lui sont reprochés envers celle :

« Qui dormait presque tous les week-ends à la maison ».

Dans un débit de parole rapide, il souligne certaines incohérences de la jeune femme et affirme :

« Que c’est une menteuse qui avait mauvaise réputation » en raison de sa vie « marquée par l’alcool, les stupéfiants et des relations sexuelles régulières et dépravées » malgré son jeune âge.

Me Anne Durand, après avoir lu la lettre de la jeune femme, a rappelé qu’il n’existait aucune preuve des accusations de trafic de stupéfiants ou des orgies parfois évoquées par le prévenu :

« Sa vie dépravée, c’est la rumeur. »

La représentante du ministère public Lucie Pascault a dénoncé « la tentative de diabolisation de la victime », tout en mettant en avant « les explications farfelues » de l’homme à la barre. Cinq ans ferme, assortis d’un sursis probatoire d’un an durant vingt-quatre mois, sont requis.

En défense, Me Damien Vinet a affirmé, rapports psychologiques à l’appui, que son client :

« N’était pas un pervers, pas un manipulateur, pas un déviant », qu’il avait de l’affection pour cette jeune fille « qu’il essayait de mettre dans le droit chemin » et qu’il était « impossible qu’il lui fasse du mal ».

Il a également rappelé que beaucoup d’éléments « posaient question » notamment autour de la date des faits.

« C’est une jeune fille perturbée, enfermée dans ses démons. Toutes les personnes entendues le disent », martèle-t-il. Une relaxe est plaidée.

Finalement, après une heure de délibération, le tribunal correctionnel a condamné l’homme à quatre ans de prison, dont deux ans de sursis probatoire pendant vingt-quatre mois, et 3.000 € pour le préjudice subi. Il a également l’interdiction de rentrer en contact avec la jeune femme ou de se rendre devant son domicile.

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