Caux | Prison ferme pour le pédocriminel récidiviste qui a fait subir des attouchements sexuels sur un jeune garçon de 13 ans

Bien que le pédocriminel présente une « dangerosité criminologique » avec une « attirance pédophile », il n’écope que d’un an de prison ferme.

© Pierrick DELOBELLE

Le prévenu de 57 ans, poursuivi pour « agression sexuelle imposée à un mineur de 15 ans », a reconnu les faits. Il avait par le passé commis des agressions sexuelles sur sept jeunes garçons âgés de 10 à 12 ans, pour lesquels il avait été condamné.

Un quinquagénaire a été condamné à vingt-quatre mois de prison, dont douze avec sursis, pour avoir agressé sexuellement un garçon de 13 ans dans un village du pays de Caux, fin 2018.

Le gamin voulait juste se faire un « petit billet » en allant aider un voisin à déménager des meubles, à sa demande. Ses parents étaient d’ailleurs d’accord et motivés.

Ça permettait au garçon de 13 ans au profil fragile de sortir de sa « timidité » et de « son enfermement ». Mais cela ne s’est pas du tout passé comme l’adolescent et ses parents l’avaient imaginé.

Le 30 décembre 2018, dans un village du pays de Caux, alors qu’ils étaient tous les deux dans le grenier du prévenu, ce dernier lui a touché la bouche, les cheveux, les bras, le bas du ventre en lui disant des « Je t’aime », rapporte le président.

Juste après les faits, l’enfant est tout de suite reparti au domicile familial. En rentrant, il « a jeté son vélo » et « s’est enfermé dans sa chambre », un « comportement inhabituel », instruit le président.

C’est à son AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap) que le garçon va se confier. Par la suite, l’adulte était retourné au domicile de l’enfant « pour lui demander de nettoyer une armoire qu’il voulait offrir à sa mère », poursuit le juge, estomaqué.

À l’audience correctionnelle, le prévenu de 57 ans, poursuivi pour « agression sexuelle imposée à un mineur de 15 ans », dit « reconnaître les faits ».

Le président relève :

« À l’époque, vous disiez reconnaître avoir touché son corps, mais essentiellement parce qu’il vous aidait à déménager : vous vouliez tester ses capacités physiques, comme ses abdos. »

Et, vous :

« Contestiez avoir regardé le sexe de l’enfant qui a précisé que vous aviez baissé son pantalon et que vous aviez entrouvert son caleçon pour voir son sexe », instruit le juge.

Et aujourd’hui ? « C’est possible, mais je n’en ai pas souvenir à cause de ma consommation de produits stupéfiants », indique Didier, à la barre.

Pendant une dizaine d’années, il a consommé « beaucoup d’éther et de trichlore ».

A décrit Didier :

« On part dans un autre monde, ça donne un effet planant. (…) Je ne pensais plus à rien, tous les matins, je prenais ces produits-là », décrit Didier.

Le président tient à préciser :

« Peu importe que vous soyez sous produit ou pas. Quand vous avez commis des agressions sexuelles sur sept jeunes garçons âgés de 10 à 12 ans, pour lesquels vous avez été condamné dans le passé, vous n’étiez pas sous produit. »

Sur son casier judiciaire, cette peine ancienne a été « réhabilitée ». Aucune autre n’y figure.

Pour l’expert psychiatre, le prévenu n’a ni « trouble psychiatrique » ni « altération du discernement ». Mais, il présente une « dangerosité criminologique » : c’est un « sujet peu rassurant » avec une « attirance pédophile », rapporte le président.

Concernant les faits anciens pour lesquels il a été condamné, l’intéressé balaye :

« J’étais malade. J’avais des pulsions que j’ai soignées à la maison d’arrêt en consultant un psychiatre. Après il y a eu un suivi, mais je n’y allais plus parce que le médecin ne me parlait pas ».

Sur les faits pour lequel il est poursuivi, il ne les « explique pas » : pour lui ce n’était « pas une pulsion » et ce n’était « pas préparé » non plus. D’ailleurs pour lui, il n’a plus d’attirance pour les « jeunes garçons » comme le lui demande le juge :

« Il n’y en a plus, je me suis fait soigner », répète-t-il.

Face aux questions du juge, il parvient à admettre qu’il s’agit de « comportement de nature sexuelle ». Mais il a du mal à répondre à la question de savoir si, pour lui, la victime est un « enfant » ou un « jeune homme ». Me Bastien Suzzi, son avocat, s’interroge d’ailleurs sur la connaissance ou non de son client sur l’âge du plaignant : « Savait-il qu’il avait moins de 15 ans ? » Alors qu’en garde à vue, Didier « estimait qu’il avait 15-16 ans ».

Autre interrogation de la défense : la nature sexuelle des faits. « C’est l’intention et l’état d’esprit qui comptent », estime Me Suzzi. La défense tient à préciser que Didier était dans un « grand tourment », « dans un grand trouble » fin 2018.

« Depuis le décès de son père, il s’est enfermé dans cette spirale de consommation de solvant qui vous retourne le cerveau. Il ne supportait plus sa vie. »

Ce qui explique son hospitalisation sous contrainte pendant plusieurs mois, dès mai 2019 – il est aujourd’hui toujours hospitalisé, à sa demande. Le décès de sa grand-mère a également été un événement « terrible ».

Sans parler « des gestes de nature sexuelle dont il a été victime étant enfant ». Pour le procureur, qui requiert deux ans de prison avec sursis, la détention et l’injonction de soin ne seraient pas une réponse pénale pertinente.

La défense ne peut qu’appuyer en précisant « qu’une rupture de soin est inenvisageable. Il est dans l’intérêt de tout le monde que les soins actuels perdurent ».

Le prévenu a été condamné à vingt-quatre mois de prison, dont douze avec sursis.

Depuis les faits, la victime, qui « s’est sentie trahie par ses parents », « a peur de sortir » de chez elle et « de se retrouver face » à son agresseur, explique l’avocate de la partie civile.

 

Source : paris-normandie.fr

Source(s):