Lillebonne | Un grand-père prédateur sexuel condamné à 6 ans de prison

 

Correctionnelle. « Pédophile incestueux » selon l’expert, le grand-père lillebonnais est condamné à six ans ferme. Il a toujours balayé les accusations multiples.

Les victimes se serrent sur le banc des parties civiles.

Tant elles sont nombreuses.

Certainement aussi pour montrer leur solidarité face au prévenu et ses dénégations.

Devant le tribunal correctionnel du Havre, Jean-Luc R., 63 ans, est accusé d’agressions sexuelles sur cinq de ses petites-filles, ainsi que sur l’une de ses ex-belles-filles.

« Je n’ai pas fauté avec mes petits-enfants »,

promet avec son air bourru le Lillebonnais originaire des Ardennes.

L’expert-psychiatre l’a décrit comme ayant conscience des interdits.

Mais « le sujet reste flou sur le fondement de ces interdits ».

Le médecin a conclu à

« un vrai prédateur sexuel, pédophile incestueux » au « fonctionnement des plus inquiétants ».

En octobre 2013, de premiers membres de la famille poussent la porte du commissariat.

Une petite-fille dénonce les agissements de Jean-Luc R. Un an plus tôt, une rumeur avait déjà pris place dans la famille.

Un fils du grand-père l’avait même mis en garde.

Certains comportements interdits avaient alors pris fin.

D’autres avaient continué.

Des « agressions sexuelles » et des « corruptions de mineur » débutées en 1994.

Jean-Luc R. touche le sexe d’une petite-fille, lui prend la main pour la diriger vers le sien.

Il y a des tentatives de pénétration avec un doigt et avec le sexe.

Il contraint à deux fellations.

L’homme écoute les récits de la présidente du tribunal du Havre, immobile et bras croisés.

Une gamine née en 2005 décrit avoir été poussée sur un canapé, avant une main sous ses sous-vêtements.

Le prévenu montre à sa descendance des vidéos pornographiques.

Puis, l’historique de l’ordinateur est minutieusement effacé pour ne pas laisser de traces.

Les faits se déroulent toujours quand un seul des petits-enfants est présent chez Jean-Luc R.

Il ne faut pas de témoin.

À la femme de l’époque d’un de ses fils, il a également imposé sa main baladeuse.

 

Le grand-père avait crié au « complot »

 

Depuis le box, le prévenu finit par écraser quelques larmes.

« J’étais sous le choc quand j’ai appris qu’on m’accusait, lâche-t-il avec quelques trémolos dans la voix. Je ne comprends pas. Ça a été une déchirure. »

La présidente tente de secouer l’intéressé :

« En dix-huit mois de détention provisoire, vous n’avez pas pris le temps de réfléchir au pourquoi ? »

Jean-Luc R. remue la tête :

« Je ne sais pas. Je suis perdu ».

Il se plaint de ne plus voir la majorité de sa famille, même si certains sont restés à ses côtés.

« Vous aviez une famille très unie. Comment expliquez-vous que ce beau château de cartes s’écroule ? Vous n’avez pas pris le temps de comprendre pourquoi votre descendance vous montre tout à coup du doigt comme un agresseur sexuel ? »,

relance la présidente.

Devant le juge d’instruction, le grand-père a crié au « complot ».

Il ne le répète pas à l’audience.

 

Me Patrick Ben Bouali relève quelques contradictions dans les déclarations des parties civiles.

« À part dire que ce n’est pas vrai, vous pouvez apporter d’autres éléments ? »,

pose une dernière fois la présidente à Jean-Luc R.

« Bah non, je n’ai rien à apporter », souffle-t-il. « Je n’ai rien à ajouter, à part que je les aime. »

Comme requis par le parquet, six ans de prison sont prononcés.

Un suivi socio-judiciaire devra être respecté durant trois ans.

Des dommages-intérêts sont alloués aux parties civiles.

L’une des petites-filles « porte la souffrance de son père », fils du prévenu, comme l’a décrit Me Anne Tugaut.

« Une autre ne voit plus son père »

qui a pris le parti du grand-père.

 

Source: paris-normandie.fr

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