Liévin | La communauté de prêtres de Riaumont au cœur d’une enquête pour agressions sexuelles et violences sur mineurs
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 02/11/2025
- 16:00
Actu du 2/11/2025
Comme tous les dimanches, ils assistent à la messe qu’il célèbre à Espiet, une petite commune rurale du sud Gironde.
Les offices sont célébrés en latin, selon le rite tridentin, dans une simple grange.
En secret.
“Cela n’est pas votre problème”, nous expliquera plus tard Philippe Peignot. “Ce n’est pas interdit”.
Messes secrètes dans une grange
Les voitures, garées devant une des maisons du village, ne viennent pas uniquement de Gironde.
Finistère, Ile-et-Vilaine, Indre, Manche ou encore Pyrénées-Atlantiques, leurs passagers ont fait plusieurs heures de route.
À notre arrivée, la messe est en cours. Un jeune homme vient à notre rencontre.
Nous demandons à rencontrer Philippe Peignot.
Très vite, d’autres fidèles nous mettent dehors.
Nous ne sommes visiblement pas les bienvenus et proposons d’attendre dehors sur la route.
Là, un homme et deux jeunes, dont un qui semble clairement mineur, nous prennent à partie.
“Vous dégagez tout de suite, allez vous faire voir (…), partez loin, très loin, dans votre pays de merde”, hurle un des fidèles.
Les mots interrogent.
Plaintes pour viol classées pour prescription
Philippe Peignot a été accusé à plusieurs reprises d’agression sexuelle et de viol sur des enfants.
Bruno Raout est l’une de ses victimes présumées.
Leurs chemins se sont croisés dans les années 1970 au pensionnat traditionaliste de Riaumont dans le Pas-de-Calais.
“Quand on partait en camp, il se mettait nu, avec des érections, devant tout le monde”, se souvient-il.
C’est dans la grange de Riaumont que, selon Bruno Raout, “il en profitait”.
“C’étaient d’abord des jeux où il m’embrassait dans le cou. Je devais ensuite le fouetter pour qu’il se fasse pardonner. Cela a duré plus d’un an jusqu’à l’acte final où il m’a violé”.
Savoir que Philippe Peignot célèbre toujours la messe, entouré d’enfants de chœur, glace cet homme aujourd’hui âgé de 62 ans.
“En ce qui me concerne, ce qui est fait est fait”, dit-il.
Bruno Raout a mis plusieurs décennies à déposer plainte.
C’était en 2022. Sa plainte a été classée sans suite pour prescription.
“Ce que je regrette, c’est d’avoir parlé si tardivement. Mais c’est difficile de parler”.
L’affaire Vincent Lambert en filigrane
Le prêtre aurait fait d’autres victimes.
Bruno Raout dans le nord, mais aussi Vincent Lambert dans l’est.
Dans un état végétatif après un accident de voiture en 2008, son sort avait fait la une de l’actualité tant sa famille traditionaliste s’était déchirée autour de son droit à mourir.
Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que Vincent Lambert aurait été agressé sexuellement par Philippe Peignot, qui aurait également tenté d’agresser son frère.
Deux affaires sur lesquelles la journaliste Ixchel Delaporte a enquêté.
La mère de Vincent Lambert ne va pas déposer plainte, mais elle aurait dénoncé cet homme auprès de sa hiérarchie à Reims, ainsi qu’au niveau national.
“Et la Fraternité Saint Pie X, elle reconnaît en quelque sorte ce qui s’est passé puisqu’il va être envoyé un an en pénitence à Lourdes”, relate Ixchel Delaporte.
“Il accepte d’aller en pénitence, il reconnaît”.
L’alerte au Vatican
Quelques années après la mère de Vincent Lambert, une nouvelle victime présumée, Simon (*), alerte.
“Me concernant, il a toujours nié”, explique aujourd’hui le quadragénaire.
Victime présumée d’agression sexuelle de la part de Philippe Peignot lors d’un camp scout en Vendée, Simon a écrit au Vatican.
Un courrier suivi d’effet.
“Il a eu un stop de la justice canonique”, explique Ixchel Delaporte.
“C’est après cette enquête canonique par le Vatican que Philippe Peignot va être exclu de la Fraternité Saint-Pie-X.
C’est-à-dire que la Fraternité va mettre des années, alors qu’ils savent et qu’ils ont des plaintes, avant de le mettre à l’écart”.
Sollicitée, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X n’a pas répondu à notre demande d’interview.
Philippe Peignot décide en 2014 de rejoindre un mouvement encore plus traditionaliste appelé “La Résistance”, à l’époque dirigé par le négationniste Richard Williamson.
Une mouvance dont les contours sont néanmoins assez poreux avec la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X.
Rapidement, Philippe Peignot, croise la route de fidèles traditionalistes pour lesquels il va célébrer la messe.
À Espiet, en Gironde, une famille traditionaliste du village va mettre à disposition sa grange pour les jours des offices.
Clés de l’église confisquées
Difficile de savoir si ces fidèles sont des membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X ou de la Résistance.
Les frontières sont ténues.
Et dans la campagne girondine, la petite communauté a même réussi à obtenir les clefs de l’église du village pour y célébrer, un temps, mariages et baptêmes.
Jusqu’à ce que les clefs leur soient confisquées, il y a près d’un an.
“L’archevêché de Bordeaux m’a interdit d’ouvrir l’église”, explique le maire d’Espiet, Didier Cazenave.
“Ça a marqué. Ça a marqué le coup. Il a fallu que je donne une explication”.
Contacté, le diocèse de Bordeaux a refusé de répondre à nos questions, disant ne pas avoir connaissance de cette affaire.
Les fidèles de Philippe Peignot connaissent-ils les accusations qui pèsent sur leur mentor dont ils se font le garde du corps ?
“Il doit être dans la toute-puissance”, se résigne Simon dont la plainte a été, elle aussi, classée sans suite pour prescription.
L’instruction lui a permis d’avoir accès à son dossier, et d’y découvrir que huit personnes au moins seraient les victimes présumées de Philippe Peignot.
Sur ces huit victimes, seulement deux auraient porté plainte.
“Il pense qu’il ne peut rien lui arriver, il est grillé partout, mais il a son petit fan-club à Espiet et dans son petit univers, il jouit de l’impunité”, s’indigne-t-il.
“C’est dommage, il y a des mineurs qui sont en danger. On est dans quelque chose d’extrême par rapport à l’isolement.
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X est en marge de l’église. Et quand on est enfermé là-dedans, le mot secte devient pertinent”.
Craintes de dérives sectaires
Quel est le mode de vie de ces personnes se rendant à Espiet, dans cette grange, toutes les semaines.
Ceux-là mêmes qui nous demandent de “partir loin dans notre pays” ?
“Les membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X et encore plus La Résistance, vivent dans une bulle”, explique Benjamin Effa, porte-parole de l’association de victimes de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X.
“Leur sociabilisation ne se fait que dans le cadre de la pratique religieuse. Ils pensent que le monde décadent les déteste. Et quand un élément extérieur vient vers eux avec une dénonciation, cela leur prouve que le monde extérieur les déteste et les conforte dans le fait qu’ils sont dans le droit chemin”.
L’association de Benjamin Effa existe depuis trois ans.
Il affirme avoir été très étonné de recevoir autant de signalements concernant les dérives sectaires.
“C’est la moitié des personnes qui viennent vers nous, les autres sont là pour des agressions sexuelles ou des viols présumés”.
La plupart des personnes contacte l’association au moins vingt ans après les faits présumés, et seulement 10 % à 15 % d’entre eux déposeraient plainte.
Contactée, la Miviludes explique n’avoir reçu aucun signalement concernant Philippe Peignot ni sur la branche “La Résistance”.
Elle a en revanche déjà été saisie à plusieurs reprises concernant des dérives dans l’Église catholique et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X.
Des signalements qui ont, dans certains cas, donné suite à des enquêtes.
Concernant la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires dénombrerait une trentaine d’écoles privées hors contrat et d’établissements secondaires en France.
Selon la Miviludes, la Fraternité disposerait même de sa propre maison d’édition “qui publie notamment des manuels scolaires”.
Les signalements reçus à la Miviludes font état d’un “isolement progressif” de membres puis d’une “rupture avec l’environnement familial et social lorsqu’il est extérieur à la communauté”, d’”un rejet de l’extérieur”, et de “pressions exercées sur les membres qui souhaitent prendre leurs distances avec le mouvement”.
À la rencontre de Philippe Peignot
Pour entrer en contact avec Philippe Peignot, nous nous sommes donc rendus chez lui, à trois heures de route de la Gironde, loin de sa communauté de fidèles.
L’homme, âgé de 71 ans, semble mener une vie discrète.
Il sort peu et ne semble pas faire partie de la clientèle régulière des quelques commerces du village.
Nous toquons à sa porte en fin d’après-midi. Il ouvre et nous lui demandons de pouvoir nous entretenir avec lui pour évoquer les messes célébrées à Espiet en Gironde.
Concernant les accusations qui pèsent sur lui, Philippe Peignot rétorque n’avoir “rien à nous dire”.
“C’est très loin tout cela (…). Je me méfie des médias, je n’ai rien à vous dire de ce côté-là. Je ne veux pas discuter. Tout cela, c’est derrière et c’est fini depuis très longtemps alors, foutez-moi la paix”.
Au sujet de Vincent Lambert, Philippe Peignot tranche d’une phrase.
“Je n’ai rien à vous dire, la justice n’a rien fait et n’a rien entrepris”.
L’échange s’arrêtera là. Ce que dit Philippe Peignot est vrai.
Jamais la justice française ne l’a condamné.
Elle ne lui a non plus jamais interdit d’être au contact d’enfants.
(*) le prénom a été modifié.
Actu du 11/03/2025
L’ancien prieur de 61 ans a été jugé ce mardi pour consultation de contenus pédopornographiques. Un délibéré sera rendu le 6 mai.
Deux ans de prison, dont un ferme, ont été requis ce mardi 11 mars contre un ancien responsable de la communauté catholique traditionaliste de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais) jugé pour consultation de pédopornographie, le premier procès autour de cet ancien “village d’enfants”, au coeur de plusieurs enquêtes. Le jugement a été mis en délibéré au 6 mai.
A l’audience devant le tribunal correctionnel de Béthune, Alain H., l’ancien prieur de 61 ans, vêtu d’une soutane beige recouverte d’un épais manteau bleu marine, a nié une grande partie des faits qui lui sont reprochés, s’étalant de 2012 à 2017.
Alain H. a contesté le fait que la majorité de ces images mettaient en scène des mineurs, jeunes garçons ou adolescents, comme le nombre de fichiers illicites retrouvés sur ses ordinateurs – environ 2.000 selon les enquêteurs.
La procureure a estimé que le prévenu avait la volonté de “manipuler” ses interlocuteurs en faisant croire qu’il y avait une quelconque “dimension scientifique à tout ça”.
Le parquet a requis un an ferme “aménageable”, c’est-à-dire sous bracelet électronique, et un an avec sursis, en plus d’une injonction de soins et une interdiction d’exercer une activité en contact habituel avec des mineurs.
Un premier procès attendu
Ce procès était très attendu car il est le premier à concerner un religieux de Riaumont. D’anciens pensionnaires de l’institution, qui affirment avoir été victimes de violences sexuelles ou physiques dans les années 1970 et 1990, ainsi qu’une enseignante qui avait fait un signalement au parquet de Béthune dès la fin des années 1970, ont assisté mardi au procès, tout comme l’actuel prieur de la communauté.
Alain H. est aussi mis en examen dans deux autres affaires: l’une concerne des faits de maltraitance d’enfants pensionnaires de Riaumont, et l’autre un viol au sein de l’institution, une affaire dans laquelle il est poursuivi pour “non dénonciation de crime”.
Concernant le volet des violences sur mineurs, le parquet de Béthune a récemment requis la tenue d’un procès contre l’ancien prieur et cinq autres religieux de Riaumont.
Ces cas de maltraitance, des “violences sans incapacité” selon une avocate de la défense, se sont étalés de 2007 à 2019, les périodes variant d’un mis en cause à l’autre. Il s’agit de “gifles, coups, punitions dégradantes” envers “plusieurs dizaines” d’enfants au total, a précisé à l’AFP le procureur de Béthune, Etienne Thieffry.
Deux autres encadrants de Riaumont sont mis en examen pour agressions sexuelles. Une information judiciaire sur ce volet est en cours, comme pour l’affaire de viol, dans laquelle l’auteur présumé était mineur.
Des sévices au sein de l’institution
Selon des témoins et anciens pensionnaires interrogés par l’AFP, d’autres faits graves se sont produits derrière les murs d’inspiration médiévale de Riaumont, qui se présente sur son site comme une “citadelle de l’espérance”. Mais ces faits sont désormais prescrits.
“En France, on est spécialiste du ‘Grâce à Dieu les faits sont prescrits’”, dénonce Arnaud Gallais, président de Mouv’Enfants, association de défense des droits de l’enfant.
M. Gallais réclame la dissolution de Riaumont et une loi pour allonger “à au moins 30 ans” le délai de prescription pour non dénonciation de crimes et agressions sexuelles sur mineurs.
Juchée sur une vaste colline boisée près de Lens, Riaumont a démarré dans les années 1960 comme foyer d’accueil pour enfants placés par les services sociaux, aux côtés d’enfants envoyés par des familles traditionalistes.
Les premiers étaient des “esclaves” tandis que les seconds étaient “bien vus” par l’encadrement, affirme Charline Delporte, présidente de l’association Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), qui suit Riaumont depuis 30 ans.
Après de premières remontées de sévices, Riaumont a perdu en 1982 son agrément pour enfants placés. La communauté a ensuite lancé une école privée hors contrat, qui n’a fermé qu’en 2019 sur décision administrative, après la révélation des mises en examen.
La préfecture a aussi interdit à la communauté d’accueillir des séjours de scouts cette année.
La communauté de prêtres de Riaumont, à Liévin, est au coeur d’une enquête ouverte il y a plusieurs années pour des faits d’agressions sexuelles et de violences sur mineurs. L’ancien prieur de Riaumont, Alain Hocquemiller, a été mis en examen l’an dernier et l’enquête se poursuit.

C’est un dossier épineux, une enquête sur laquelle la Police Judiciaire de Lille est saisie “depuis deux petites années”. Tout commence au sein de la communauté de prêtres de Riaumont, à Liévin, dans les années 90. Là-bas, se trouvent à la fois un monastère et un village d’enfants, collège avec internat pour les enfants en difficulté. Les scouts côtoient les encadrants religieux dans un environnement rigoriste.
C’est cette période-là en particulier qui intéresse les enquêteurs.
D’anciens élèves témoignent en effet aujourd’hui des violences qu’ils disent avoir subies au milieu des années 90.
Julien* est entré au village des enfants à l’âge de 11 ans.
Il y est resté presque 4 ans et en garde un souvenir terrible.
“Les moines avaient des clés avec des gros nœuds de capucins.
Ils s’en servaient pour nous fouetter dans les jambes, ou bien avec une chaîne en fer”, explique l’ancien élève, qui dit avoir gardé des séquelles physiques de ces violences.
Lui raconte comment “les moines qui géraient ça n’avaient pas de scrupules à foutre une bonne baffe”.
“J’avais une règle carrée en fer.
Par moment, ils me l’empruntaient pour mettre un autre élève à genoux dessus”, poursuit Julien.
“Les plus virulents étaient privés de permissions.
Elle étaient déjà rares : on n’avait le droit de rentrer qu’un week-end sur trois, et parfois pas du tout.”
Comme tous les anciens élèves de cette période, il a été entendu en fin d’année dernière par les enquêteurs de la PJ.
A qui il a raconté, en détails, sa scolarité à Riaumont.
“J’ai fait un déni il y a 4 ou 5 ans.
Tous ceux qui étaient passés par là, je les ai supprimés de ma vie.
J’ai tout mis de côté.
Jusqu’à ce que cet officier de police judiciaire me contacte”, poursuit Julien*.
“Je voulais porter plainte il y a quelques années mais je n’ai pas pu à cause de la prescription.
Aujourd’hui je compte sur d’autres personnes.
Mais il faut qu’il y ait un procès.”
Lui n’a pas été témoin d’agressions sexuelles mais a entendu parler de rumeurs.
“La seule chose, une fois, j’ai vu des camarades nus sous une table.”
Un autre ancien élève, resté plusieurs années à Riaumont, parle lui d’une “omerta” sur ce qui s’est passé là-bas, dans les années 90.
Mise en examen pour “agression sexuelle”
Depuis deux ans, les enquêteurs ont entendu près de deux cents personnes, notamment les élèves qui se trouvaient à Riaumont à l’époque.
Des témoignages comme celui de Julien* et des perquisitions qui ont permis, en 2017, la mise en examen du père Alain Hocquemiller, alors prieur de la communauté.
“Ça date de 1995.
Les enfants qui étaient là à cette période sont entendus mais je n’en sais pas plus”, indique de son côté Jean-Paul Argouarc’h, directeur du village d’enfants de Riaumont et ancien prieur.
Le Parquet de Béthune, qui supervise l’enquête, ne communique pas mais confirme que le religieux a été mis en examen l’an dernier pour “agression sexuelle sur mineur”, dans un dossier “transmis à l’enquête le 21 février 2018”.
“Le Père Hocquemiller a été éloigné, après sa mise en examen, pour qu’il ne soit plus en contact avec les enfants”, précise le Père Hervé Tabourin, interrogé à ce sujet.
Nous n’avons pas réussi à joindre Alain Hocquemiller.
D’après nos confrères du Point, l’ancien prieur se serait retiré dans l’abbaye du Barroux, située près de Carpentras.
D’autres mis en cause ?
L’enquête ne s’est pas arrêtée après cette première mise en examen, bien que les faits, anciens, soient “difficiles et loin d’être prouvés”, indiquent les enquêteurs, prudents et “sceptiques”.
D’autres témoignages incriminants auraient été reçus.
D’après l’association “La parole libérée”, à l’origine des révélations d’actes pédophiles en France depuis 2015, “plusieurs témoignages”, impliquant “plusieurs prêtres”, ont été reçus.
Le réseau d’investigation Interpol serait d’ailleurs impliqué dans l’enquête, pour des faits ou des victimes se trouvant dans d’autres pays que la France.
En France, un ancien membre de la communauté de Riaumont, l’Abbé Régis Spinoza, a par ailleurs été placé en garde à vue l’an dernier pour “une dizaine de chefs de prévention, dont violence, agression sexuelle, travail dissimulé, escroquerie…”, indiquait alors le Procureur de Bourges à nos confrères du Berry.
En tout cas, aujourd’hui, la communauté de Riaumont se défend d’infliger à ses élèves de quelconques sévices.
Et quant à ce qui a pu se passer avant, tous prennent des pincettes.
“J’ai été convoqué par la police pour être entendu sur des histoires d’agressions sexuelles et de violences.
Il n’y a pas eu d’agressions à ma connaissance mais si c’est arrivé c’est très grave”, avance le Père Hervé Tabourin.
“Avec le nombre de chefs qui sont passés, on ne peut pas être au courant de tout.
S’il a eu des abus sexuels c’est beaucoup plus grave.
On fait très attention”, poursuit le religieux.
“Cette histoire atteint beaucoup la communauté.
Je dors très mal.
Mais ce n’est pas la communauté qui compte, c’est de protéger les enfants.”
Aujourd’hui, une petite trentaine d’enfants sont scolarisés au village des enfants.
“Si 30 ans après, des anciens ont besoin de s’exprimer c’est important qu’ils puissent le faire.”
En 2001, le suicide d’un élève
La communauté de Riaumont avait déjà été passée au crible de la justice en 2001, suite au suicide d’un élève de 14 ans.
L’enfant avait été retrouvé pendu dans l’enceinte du village d’enfants, à l’heure du déjeuner.
A l’époque, la justice est saisie de l’affaire et le Parquet de Béthune ouvre une information judiciaire pour rechercher les causes de la mort.
Quelques jours plus tôt, l’adolescent avait pourtant tiré la sonnette d’alarme sur le règlement strict de l’établissement.
Sa tante, qui l’avait écouté, avait accepté de l’accompagner dans une démarche juridique.
A sa mort, la grand-mère de l’adolescent expliquait que les prêtres avaient fait “pression” sur son petit-fils pour qu’il fasse annuler la procédure.
Une école hors-contrat
Le village d’enfants de Riaumont est hors-contrat et ne reçoit aucune subvention de l’État.
“On est une école hors-contrat, mais la seule chose particulière c’est le scoutisme, où on permet aux enfants d’avoir un accès direct à la nature, de les responsabiliser en petits groupes”, précise le père Hervé Tabourin.
Il décrit le fonctionnement d’une école assez classique, tant sur le programme que sur les méthodes d’enseignement.
“Nos punitions sont assez classiques : des colles, des copies…
Autrefois, s’il y en a un qui cassait le carreau, on le virait par le carreau.
Mais aujourd’hui ça ne se fait plus.
On cherche à ce que l’enfant comprenne”, poursuit-il évoquant les méthodes utilisées dans les années 60.
La communauté de Riaumont appartient au mouvement catholique traditionaliste qui se rattache à l’Ecclesia Dei, réponse du pape Jean-Paul II au schisme de la Fraternité Saint-Pie-X, traditionnaliste.
Une Fraternité elle aussi visée par de nombreux témoignages de victimes supposées d’agressions sexuelles sur mineurs, comme l’a déjà souligné l’AVREF (Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles), dans son livre noir.
Source : France 3 Régions
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