Liban | La communauté “Mission de vie” accusée de trafic d’enfants

Une association basée à Antélias accusée de trafic d’enfants

Photo de couverture de la page Facebook de la communauté “Mission de vie”, basée à Antélias. Photo Facebook/@missiondevieliban

La communauté religieuse “Mission de vie” a été accusée de vendre des enfants dont elle s’occupe et de couvrir des accusations de harcèlement et de violences sexuelles envers ces enfants.

Une polémique a éclaté vendredi 6 décembre au Liban avec l’arrestation de deux religieuses en charge de la communauté “Mission de vie”, sur fond d’accusations de trafic d’enfants et d’agressions sexuelles sur mineurs.

Cette affaire a fait grand bruit, notamment dans les milieux judiciaires, où différentes figures semblent se faire face dans ce dossier, les uns estimant que l’arrestation des deux bonnes sœurs n’était pas justifiée, les autres dénonçant une “mafia de trafic de mineurs” et étant convaincus de l’importance de rendre justice.

Tout a commencé avec la diffusion sur Internet d’informations accusant la communauté, basée à Antélias dans le Metn, de vendre des enfants dont elle s’occupe et de couvrir des accusations de harcèlement et de violences sexuelles envers ces enfants.

Suivant ce dossier, une décision a été prise par la juge en charge des délits de mineurs de Baabda, Joëlle Abou Haïdar, qui réclamait le transfert de 12 jeunes “dont la vie est en danger” vers une autre association, via une intervention des forces de sécurité.

Dix d’entre eux ont été remis aux autorités mais les deux enfants restants, des nourrissons, ne se trouvaient pas dans l’établissement. L’avocate générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Nazek Khatib, a alors émis un mandat d’arrêt contre la présidente de l’association et une autre religieuse, pour avoir enfreint la décision de justice de remettre tous les enfants aux autorités. Les deux femmes ont ensuite été libérées samedi matin.

Certaines voix se sont élevées sur les réseaux sociaux pour dénoncer l’arrestation des deux religieuses. L’acteur Wissam Hanna a notamment dénoncé, sur son compte Twitter, une volonté de porter atteinte à l’association et de “faire taire” les religieuses. Il a annoncé que celles-ci ont été libérées suite à une intervention de la procureure Ghada Aoun.

Selon des informations rapportées par des sources judiciaires, si les nourrissons n’ont pas été remis aux forces de l’ordre vendredi, c’est parce qu’ils ne se trouvaient pas au sein de la communauté mais auprès de familles tutrices, qui avaient été choisies sur ordre de tribunaux religieux.

Dans cette situation, une source judiciaire contactée par notre journaliste Claude Assaf réfute l’existence de réelle infraction à la décision de justice de remettre les enfants aux forces de l’ordre, soulignant encore qu’aucune preuve suffisante ne vient étayer l’accusation que les enfants ont subi des maltraitances, ce qui ne justifie donc pas la possibilité de casser la décision de ces tribunaux religieux.

Une autre source judiciaire déplore, elle, à L’Orient-Le Jour la relaxe des deux religieuses, dénonçant “une véritable mafia de trafic d’enfants” au sein de la communauté.

Cette source souligne que c’est le procureur général près la cour de Cassation, Ghassan Oueidate, qui a soutenu l’ouverture de ce dossier, malgré de nombreuses tentatives d’ingérence.

Elle affirme que le juge Oueidate pousse à ce que justice soit faite concernant cette affaire. Il a ainsi convoqué les deux religieuses libérées devant la justice lundi, afin de les interroger.

Réagissant à cette affaire, le patriarche maronite, Béchara Raï, a affirmé samedi soir que :

” Tout ce qui est dit sur les réseaux sociaux se résume à des informations fabriquées qui sont le résultat de disputes entre juges civils “.

Il a insisté que “toutes les adoptions au sein de la mission se font en vertu des lois de l’église “.

” Sans le sit-in qui a eu lieu, les deux religieuses seraient encore en détention”, a estimé le prélat maronite.

Il a ajouté que ” ce qui s’est passé s’inscrit dans le cadre d’une campagne orchestrée contre l’église, à travers une personne payée pour cela “.

” L’église vit aujourd’hui une persécution, parfois de la part de son peuple et ses enfants. Il est inacceptable que la justice civile s’attaque aux prérogatives de la justice religieuse reconnue par l’état “, a conclu Mgr Raï.

Pour sa part, le bureau de l’Unicef au Liban a affirmé sur les réseaux sociaux que “le trafic d’enfants est inacceptable”.

” Nous suivons avec inquiétude les informations faisant état de maltraitance et de trafic d’enfants au Liban et appelons toutes les organisations locales et autorités nationales à protéger tous les enfants, tout le temps “, a-t-il ajouté.

La responsable de la communication de Mission de Vie, sœur Joya Sawma, a annoncé que la communauté tiendra une conférence de presse lundi 9 décembre à 11h ” pour tout clarifier et annoncer sa position officielle concernant l’affaire “, dénonçant par là une ” campagne de diffamation “.

 

Source : lorientlejour.com

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