Lescar | Un an de prison ferme pour le prêtre accusé d’agression sexuelle sur 2 mineurs

non

Prison ferme aménageable avec bracelet électronique
L’abbé Gilles Bonnin a été condamné ce lundi par le tribunal de Pau. Le septuagénaire était jugé pour des agressions sexuelles sur des enfants, entre 2000 et 2008, quand il était prêtre à la paroisse de Lescar. Il a présenté ses excuses à une des victimes et a contesté une partie des faits.

Un prêtre de l’agglomération paloise a été condamné par le tribunal de Pau à un an de prison ferme et trois ans avec sursis simple pendant deux ans.

Gilles Bonnin a été condamné pour des faits d’agressions sexuelles sur deux garçons de moins de 15 ans, entre 2000 et 2008, dans l’agglomération de Pau.

Les faits se sont déroulés à Lescar, dans un presbytère de la paroisse où exerçait ce curé.

Ce prêtre aura 77 ans dans quelques mois, il n’officie plus depuis sa mise en examen en 2018 mais est toujours hébergé par le diocèse dans un appartement à Bayonne.

“Des pulsions et du désir” pour un garçon qu’il connaissait bien

Gilles Bonnin a dit au tribunal qu’il avait des pulsions pédophiles pour un garçon dont la famille était très investie dans la paroisse et pour lequel il avait eu “un faible”.

“Je regrette profondément, je demande pardon même si je sais que je ne le mérite pas”

a déclaré le prêtre qui a officié toute sa vie en Béarn, côtoyé des jeunes dans des aumôneries, animé des camps en montagne dans les Pyrénées.

Devant le tribunal ce lundi, Gilles Bonnin a reconnu “des pulsions” et “du désir” pour un garçon auprès duquel il s’est masturbé lorsqu’il l’invitait au presbytère pour l’emmener le lendemain à la pêche :

“Pour l’aérer parce que je savais qu’il avait des difficultés avec son père”.

“La grosse erreur que j’ai faite c’est de l’emmener chez moi. Le soir je le serrais contre moi, comme le fils que je n’ai jamais eu” a ajouté le prévenu.

Un homme pédophile selon l’expertise psychiatrique

“Vous êtes adulte, vous connaissez la loi. Vous saviez que vous aviez franchi une limite ?” a demandé la présidente du tribunal de Pau.

Le curé a répondu :

“J’y ai pensé mais comme ce garçon n’a jamais eu de réaction…”

La présidente s’est agacée :

“Il avait 10 ans et vous, une cinquantaine d’années. Selon vous, est-ce qu’il pouvait s’opposer ?”

“Non” a concédé l’homme d’église.

Devant les juges, le septuagénaire ne reconnaît les agressions sexuelles que sur un enfant.

“Pourquoi lui et pas d’autres, quand on est pédophile, on a une attirance pour les enfants ?” a relevé un juge.

“C’est celui que je connaissais le mieux, celui que je voyais le plus souvent dans mon réseau.”

Le tribunal lui a fait remarqué qu’il ciblait souvent les familles où il n’y avait pas de figure paternelle présente et où il s’imposait comme “un sauveur”.

L’avocate d’une des victimes, Me Michèle Karoubi, a rappelé que la famille de son client avait fait “une mauvaise rencontre, l’abbé Bonnin investi comme un père de substitution”, chez une famille “très croyante, très pratiquante”.

Prêtre depuis l’âge de 28 ans

À la question d’une frustration sexuelle, Gilles Bonnin est resté évasif :

“On sent quand on est tout seul, ce n’était pas facile à vivre”.

“Quand il dit qu’il est un homme seul, c’est une donnée que vous devez prendre en compte, a plaidé son avocat, Me Thierry Sagardoytho. […]

C’était un homme au-dessus de tout soupçon, de toute tentation. […] La vie d’homme d’église, c’est d’avoir ouvert les yeux de garçons, d’adolescents sur un monde qui n’était pas le leur. […] Il se sentait très à l’aise avec cette famille et il a eu un faible pour ce garçon.”

Le tribunal de Pau a prononcé une peine d’un an de prison ferme aménageable avec bracelet électronique et trois ans avec sursis, ainsi qu’une obligation de soins, une interdiction d’entrer en contact avec les victimes, une interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs, une obligation d’indemniser les victimes.

La défense envisage de faire appel

“Gilles Bonnin a pu exprimer sa demande de pardon et la prise de conscience qui fut la sienne.

J’ai l’impression d’un tribunal qui a voulu plaire aux victimes alors que la justice a mis cinq années à présenter ce dossier […].

Bref, j’ai le pénible sentiment d’une décision par l’exemple. Lorsque je constate que le tribunal opine et acquiesce aux arguments de la partie civile, je crains qu’il ait manqué d’indépendance, d’impartialité. Tout cela peut justifier à mon sens une décision d’appel” a réagi Me Thierry Sagardoytho à la fin du procès.

Le curé a été relaxé pour les faits sur une des trois victimes du dossier, une jeune fille, “parce que les éléments étaient trop limités”.

Dans la salle, deux victimes, deux hommes ont assisté à l’audience et ont noté “la mémoire sélective” de leur agresseur.

Me Karoubi a relayé le souhait de son client, “que cette affaire permette à d’autres victimes d’avoir le courage de témoigner”.

 

Marion Aquilina – France Bleu Béarn Bigorre, France Bleu

Source(s):