La Roche-sur-Yon | 10 ans de prison pour le père qui filmait et violait sa fille de 12 ans

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« Et puis un jour, j’ai vu des photos de moi, nue, sur sa tablette »
Aux Assises, un homme de 40 ans a été condamné à dix ans de prison pour agressions sexuelles sur sa fille mineure et enregistrement d’images à caractère pornographique.

Vanessa* était une petite fille de 12 ans, quand elle a demandé à aller vivre chez son père début 2013.

« Ma mère avait un nouveau conjoint. C’était très tendu à la maison et j’avais beaucoup de mal à supporter cela »

L’accusé, lui, était récemment séparé de sa dernière compagne.

Le duo père fille s’est donc retrouvé seul à la maison.

Elle raconte:

« Les premiers gestes déplacés ont commencé quelques mois après mon arrivée »

D’une petite voix émue, souvent à la limite des pleurs, Vanessa a raconté à la barre des Assises d’octobre, à La Roche-sur-Yon (Vendée), les caresses par-dessus les vêtements, puis en dessous, les pénétrations digitales.

Le père qui venait la nuit, les sous-vêtements qu’elle a commencé à mettre sous son pyjama.

Une caméra dans la salle de bains

Des faits qui se sont répétés pendant trois à quatre ans.

Elle révèlera:

« Et puis un jour, j’ai vu des photos de moi, nue, sur sa tablette. Je me suis alors rendu compte qu’il avait caché une caméra dans la salle de bains. Je lui ai demandé d’arrêter de me filmer, mais il a continué.  »

C’est à l’âge de 17 ans, en septembre 2019, que Vanessa ose révéler les comportements de son père.

En garde à vue, celui-ci reconnait aussitôt les faits.

Dans la foulée, il est envoyé en détention provisoire à la prison de Fontenay-le-Comte, où il se trouve depuis maintenant deux ans.

Chaos de l’enfance

Invité par la présidente du tribunal à se présenter, l’accusé évoque son enfance difficile.

Un père alcoolique qui a quitté le domicile quand il avait 5 ans, un beau-père, policier le jour, qui distribuait les coups et les claques dès qu’il rentrait à la maison, une mère indifférente, une scolarité chaotique, des placements en foyer, un viol dans la famille d’accueil, sans que sa mère et son beau-père avertis ne portent plainte.

La violence qui s’installe en lui et ne le quitte plus:

« jusqu’à ce qu’il décide un jour de l’éradiquer, mais sans doute trop tardivement » .

« Sa mère n’en avait rien à foutre »

À la barre, les témoins défilent.

La psychologue qui a recueilli le témoignage de Vanessa, les ex-compagnes, l’ami de longue date qui décrit:

« Romain comme un ange à l’intérieur, un diable à l’extérieur »

Le beau-père qui se défausse sur sa conjointe pour justifier sa violence envers l’accusé, alors qu’il était enfant déclare:

« Sa mère n’en avait rien à foutre, à part dépenser le pognon. Elle me poussait tout le temps à les punir. Les coups que je lui ai portés à lui et ses frères, c’est tristement vrai.  »

La mère de Vanessa relate l’emprise qu’elle subissait de la part de l’accusé, sa violence, ses besoins sexuels, la plainte déposée pour laquelle il a subi une peine d’emprisonnement.

Une peine venue s’inscrire dans un casier judiciaire déjà chargé de faits de violence en réunion et d’usage de stupéfiants.

Vanessa ne dépasse pas le portail

A son tour, le psychiatre expert témoigne.

Il décrit:

« Un sujet marqué par son passé, avec une personnalité assez mal structurée, des émotions non canalisées, voire disproportionnées, mais possédant son libre arbitre. Le sujet reconnait les faits sans en donner d’explications, mais présente du remords et de la culpabilité « .

Puis, la grand-mère maternelle s’avance et raconte la jeune fille, qu’elle a récupérée chez elle après les révélations :

« Une ado mal dans sa peau, perturbée, avec des épisodes de boulimie ou d’anorexie. Aujourd’hui encore, Vanessa ne dépasse pas le portail de la maison. Elle reste cloitrée. Avant, elle venait passer toutes les vacances chez moi et je n’avais jamais rien remarqué. Avec du recul, j’aurais dû voir qu’elle n’était pas très épanouie.  »

Pardon

A l’issue des différents témoignages, l’avocat général a prononcé son réquisitoire:

« L’accusé mérite une peine suffisamment longue pour réfléchir à ses actes. C’est pourquoi je  réclame une peine de dix années de réclusion criminelle, assortie d’un suivi socio-judiciaire, le retrait de l’autorité parentale et l’inscription au fichier des délinquants sexuels. «

Par l’intermédiaire de son avocat, l’accusé a demandé pardon à sa fille, en disant combien il se détestait et qu’il savait que ses explications ne seraient jamais suffisantes.

La défense a rappelé son enfance marquée par la violence familiale et institutionnelle:

« Le plus destructeur pour un être humain, c’est quand on ne vous aime pas, qu’on ne compte pour personne, ni pour sa famille, ni pour la justice et qu’on est abandonné à son sort. »

Sans exonérer l’accusé de sa responsabilité, elle a demandé une peine qui n’excède pas cinq ans.

Après presque quatre heures de délibération, la présidente du tribunal a rendu le jugement.

A la majorité absolue, le jury a déclaré l’accusé coupable de tous les faits et suivi le réquisitoire de l’avocat général, dont la réclusion criminelle de dix ans avec injonction de soins et un suivi socio-judiciaire de sept ans.

*Les prénoms ont été modifiés.

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