La Réunion | Mort d’Elianna : Cédric Babas condamné en appel à 20 ans de prison
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 26/03/2022
- 15:35
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Cédric Babas a fait appel de la décision de la cour d’Assises le condamnant à 20 ans de réclusion le 5 mai 2021. À la barre ce jeudi, il s’agace vite. Le ton sur lequel il s’adresse à la cour frise l’insolence.
Interrogé sur les faits qui lui sont reprochés – avoir porté des coups mortels à Elianna – la fille de sa compagne de l’époque – il tente un :
“je me souviens plus”.
Le président de la cour d’assises le recadre sévèrement et lui rappelle qu’il a fait appel donc qu’il est temps de prouver son innocence.
Péniblement, il décrit les faits qui ont précédé la chute d’Elianna au sortir de sa sieste. Celle qu’il nomme “la petite fille”, et jamais Elianna, s’est dirigée vers lui en sortant de sa chambre avant de s’écrouler au sol.
C’est lui aussi qui avait préparé le déjeuner des deux enfants de Pascaline Guilgori et débarrassé la table pendant que la mère de famille s’entretenait avec l’éducatrice spécialisée qui lui avait rendu visite ce matin du 28 mars 2018 pour lui annoncer que ses deux plus jeunes enfants allaient être placés.
Selon lui, c’est sa mère qui était allée la coucher et donc, ce serait donc elle qui aurait porté les coups provoquant plus tard la mort de son enfant. Pour autant, l’accusé affirme n’avoir entendu aucun cri de la part de la mère en colère ou de l’enfant frappé.
“Ça vous parait pas invraisemblable ?” souligne en réponse le président.
“Elianna est votre troisième victime parce que vous êtes impulsif “
Les plaidoiries des parties civiles débutent par le bâtonnier Georges-André Hoarau qui représente la tante d’Elianna :
“Monsieur Babas vous détestez les enfants. Vous avez frappé votre propre fils, celui d’une compagne et vous le reconnaissez. Elianna est votre troisième victime parce que vous êtes impulsif et que vous vous en prenez toujours aux faibles. Vous êtes un lâche”.
Le bâtonnier, fait l’hypothèse que vexé d’avoir essuyé un refus alors qu’il souhaitait une relation sexuelle avec la mère, il a shooté l’enfant.
Me Vanessa Berthollier Lemagnen qui représente les intérêts de la fratrie de la petite victime souligne la personnalité de l’accusé et évoque son profil Facebook où il se met en scène avec des armes. Elle évoque enfin la défaillance de Pascaline Guilgori ainsi que celle de leur père biologique, condamné pour des violences sur ses enfants et décédé subitement en détention.
Me Guillaume Motos représentant la grand-mère paternelle de la défunte rappelle sa mémoire et celle de son père “qui s’est donné la mort” parce que “celle de sa petite fille était insupportable”.
“On est tous un peu les parents d’Elianna. Les Réunionnais ont tous été marqués par sa mort. Monsieur Babas vous lui deviez la vérité” assène Me Motos pour conclure les plaidoiries des parties civiles.
“Le matin du funeste jour, Elianna allait bien”
Pour l’avocate générale, pas de doute : “Le matin du funeste jour, Elianna allait bien. Et ce jusqu’à ce qu’elle aille à la sieste. De nombreux témoignages en attestent. La mort a été causée par un coup “rageur” porté par un tiers provoquant une fracture du foie, un syndrome hémorragique et enfin, un arrêt cardiaque. Aucune possibilité que le décès soit lié à une chute ou une maladie”.
Pour la représentante de la société, le coup a été porté lorsque Pascaline Guilgori est monté au premier étage de son immeuble afin de discuter avec son voisin.
La mère a été décrite comme une mère aimante qui n’a jamais été violente et qui avait une relation fusionnelle avec Elianna. Hors de question de lui faire un procès d’intention. Elle était effondrée en voyant sa fille perdre la vie et c’est elle qui appelle les secours. Pour elle, que Cédric Babas commette des violences sur ses enfants, était inconcevable.
Elle ne connaissait pas son passé judiciaire et voulait le protéger au début de la procédure. Voire même, elle se sentait menacée. Puis au fur et à mesure des auditions et des confrontations, elle a compris que c’était lui et indiqué qu’en redescendant de chez son voisin elle l’avait vu sortir de la chambre d’Elianna.
Quant à l’accusé, ses déclarations ont été très fluctuantes quant au déroulé des faits et à ses agissements.
“J’aurai préféré qu’il reconnaisse enfin sa responsabilité” regrette Cécile Henoux.
Pour toutes ces raisons, conjuguées à la personnalité psychopathique de Cédric Babas, son impulsivité, sa violence vis à vis d’autrui sans empathie et son passé judiciaire, elle requiert 20 années de réclusion criminelle assorties d’une peine de sûreté de dix ans, d’un suivi socio judiciaire de 5 ans avec une obligation de soins et la révocation d’un sursis à hauteur d’un an.
“Il faut absolument un coupable pour la société”
L’avocat de la défense dénonce la pression sociale de ce procès: “Il faut absolument un coupable pour la société et je vous demande de réfléchir à qui il s’agit. On a enlevé la possibilité de condamner Madame Guilgori et donc si ce n’est pas elle, c’est l’autre”.
Or, Me Fabian Gorce est persuadé de l’innocence de son client. Il écarte désormais la piste de la chute mortelle et accidentelle sur un galet. Il reste donc le scénario appuyé par les déclarations de Pascaline Guilgori.
“Mais si elle avait menti ?” suggère le conseil.
Ce dernier plaide ensuite la poursuite pour violences volontaires par une personne ayant autorité comme circonstance aggravante. “Cédric Babas ne vivait là que depuis un mois”, rappelle la robe noire, un détail important qui permettrait à son client d’encourir une peine bien moins lourde.
Enfin, Me Fabian Gorce enjoint le jury à rester “lui même” et à ne pas tomber dans un piège puisque madame Guilgori ne comparaît pas à nouveau alors qu’elle le devrait afin que les jurés puisse faire un choix. Il demande le bénéfice du doute pour son client et plaide l’acquittement.
Cédric Babas, qui a la parole en dernier, s’adresse à la famille d’Elianna et dit :
))))))))”je suis innocent”.
Après délibération, la cour d’Assises de la Réunion condamne en appel Cedric babas à 20 années de réclusion criminelle assorties d’une peine de sureté des 2/3 ainsi qu’un suivi socio-judiciaire de 7 ans.
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