La Réunion | 5 ans de prison pour agressions sexuelles et diffusion de pédopornographie

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” Ce n’est pas de l’ordre de l’excitation sexuelle, mais pour faire partie du réseau “
Les faits qui occupaient le tribunal correctionnel ce mercredi avait suscité l’émoi il y a deux ans à La Réunion. En mars 2021, un jeune homme avait été interpellé pour des faits de pédopornographie sur le dark web avant de reconnaître les agressions sexuelles sur ses demi-sœurs âgées de 7 ans.

Il est reproché au prévenu d’avoir agressé sexuellement ses demi-sœurs, d’avoir pris des photos de son sexe en érection devant leurs bouches et d’avoir posté les clichés sur le dark web.

La période de prévention s’étale de 2015 à 2020.

L’enquête révèle aujourd’hui que c’est la police australienne qui a fait une remontée d’information à la police française sur des activités pédopornographiques en France, plus précisément à La Réunion.

” Des images choquantes, dérangeantes et particulièrement abjectes”

Sont les mots forts prononcés par la partie civile devant le tribunal attestant de la gravité des faits commis par Xavier B., 27 ans.

Les victimes, qui avaient 7 ans au moment des faits, sont ses demi-sœurs.

Une autre victime est à déplorer, elle avait 15 ans, c’était sa petite amie.

Il réinitialise son téléphone quand les policiers cognent à la porte

Une enquête démarre et trouve son épilogue le 21 mars 2021 par l’interpellation de Xavier B. à son domicile.

Il est placé en garde à vue où il reconnaît des faits d’agressions sexuelles sur ses demi-sœurs.

Il apparaît que le prévenu, lorsque la police frappe à sa porte à 6h30, met du temps à répondre.

Alors que les forces de l’ordre le somment d’ouvrir, il est en train de réinitialiser son téléphone et détruire le disque dur de son ordinateur.

Le smartphone indique une réinitialisation à 6h33 le 21 mars 2021.

Affûté en informatique, il finira par reconnaître ces destructions volontaires.

Il est fait état d’au moins deux séries de photos postées, probablement issues de captures d’écran venant de vidéos.

Une première de 93 photos avec ses demi-sœurs et une deuxième de neuf images mettant en scène sa petite amie de 15 ans, il en avait 19.

L’affaire débute grâce à l’identification de la jeune fille de 15 ans par les enquêteurs via Facebook.

Peu à peu, ils remontent à lui.

Il aura fallu énormément d’investigations pour parvenir à le mettre en cause.

C’est chose faite le 21 mars 2021 où il reconnaît immédiatement les faits lors de sa garde à vue.

Débute une information judiciaire qui durera presque deux ans et demi.

Alors que certaines photos montrent son érection près de leur bouche et que sur d’autres clichés, le gland n’est plus visible, un doute s’installe sur la pertinence de la criminalisation de l’affaire pour viol.

Lui se défend de n’être ” jamais allé plus loin que les dents ” .

Ce ne sera pas retenu.

Le voilà finalement jugé ce mercredi en audience correctionnelle après 2 ans, 4 mois et 3 semaines de détention provisoire.

” Des fois, on dormait ensemble. Je faisais ça à l’instinct “

À la barre, on le sent agacé par les questions du président.

Il indique, pour les agressions sexuelles, que cela s’est produit deux à trois fois.

” Des fois, on dormait ensemble. Je faisais ça à l’instinct. Elles dormaient, elles ne se sont rendues compte de rien” , explique-t-il au président qui le questionne sur son mode opératoire.

” Ce n’est pas de l’ordre de l’excitation sexuelle, mais pour faire partie du réseau. C’est l’audience qui m’intéressait ” , ajoute le prévenu.

Il apparaît que de 2015 à 2020, il consulte mais aussi alimente les réseaux pédopornographiques – de photos et vidéos – sur lesquels il navigue.

« J’ai une addiction au partage« , indique-t-il au tribunal.

S’il n’a pas de casier judiciaire à ce jour, son dossier fait état d’une admonestation et d’un rappel à la loi pour des faits de diffusion d’image de son ex-petite amie et pour détention d’images à caractère pédopornographique par le tribunal pour enfant.

Le président reprend une déclaration de son audition de 2021 :

” Ça m’intéresse plus parce que c’est des mineurs, parce que c’est interdit, c’est l’interdit qui m’attire “

Il lui demande :

” Comment c’est arrivé ? “

Le prévenu répond :

” Ça c’est passé par étape depuis mon enfance “

Pour expliquer son comportement, il indique qu’à l’âge de 6 ans, il est tombé sur un magazine pornographique appartenant à son beau-père.

C’est à partir de là qu’il aurait ensuite développé une préférence pour les jeunes mineures.

” Je suis content qu’on ait retrouvé celui qui a fait ça : moi. Je voulais que ça s’arrête, c’est bien qu’il y est une justice. Je regrette beaucoup ce qu’il s’est passé ” , dira le prévenu après son interpellation.

Pour les experts psychiatres et psychologues, il est immature mais sait que c’est interdit.

Il ne présente pas d’anomalie mentale mais apparaît égocentré.

Il développe une pédophilie fantasmagorique obsessionnelle.

Ils préconisent une injonction de soins.

” Ça vous a excité de faire ça ? “

La procureure ne cache pas son inquiétude par le manque de prise de conscience du prévenu à l’audience.

Malmené par les questions du parquet sur son avenir et ses futures relations avec les mineurs, il lance :

« Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? »

Le prévenu est sur la défensive et répond aux questions avec arrogance :

” C’est pas moi qui suit à l’origine de toutes les victimes ”

” Rien ne vous aurait arrêté ? ” insiste la magistrate

” Si puisque je suis là ” , répond Xavier B.

” Ça vous a excité de faire ça ? ” poursuit la procureure

” Au moment des faits, oui ” , avoue le prévenu.

Repris par le président sur sa façon de répondre à la procureure, il assume :

” Je trouve ça lourd comme questions “

Xavier B. évoque ensuite les agressions qu’il a subi lors de la détention, notamment des blessures par eau bouillante et une agression d’ordre sexuel.

Pour autant, il n’aura pas un mot pour les victimes, pas une excuse de toute l’audience.

” C’est un dossier qui est en correctionnelle mais qui aurait pu passer aux assises ” , tance la partie civile qui défend les intérêts des victimes

« Fort heureusement, les deux petites filles ne sont pas en âge de comprendre ce qu’il s’est passé. Fort heureusement, elles dormaient. Des images choquantes, dérangeantes et particulièrement abjectes. Tout ça, pour se faire bien voir par ce réseau de prédateurs sexuels. Les atteintes sont irréversibles car ces photos sont mises à disposition sur ce réseau de manière permanente. Aujourd’hui, son comportement est inquiétant. Il a une maladie qui entraîne une certaine dangerosité », plaide la robe noire pour les victimes.

” Lui, il y participe, il en est le complice “

« Il n’y a pas de débat sur sa culpabilité. Ce qui interpelle, c’est sa personnalité et la gravité des faits« , rebondit le Parquet

« En France, ce sont 100.000 pédophiles par an qui regardent des enfants sur la toile. Il y a des victimes derrière ces consultations, il ne faut pas l’oublier. Lui, il y participe, il en est le complice. Toutes ces infractions sont liées et le risque est de 5 ans pour la consultation de photos à caractère pédopornographiques, 7 ans pour la diffusion et 10 ans pour agression sexuelle. C’est exactement comme cela qu’il a évolué ! Il maîtrise parfaitement l’informatique et a cherché à dissimuler les preuves. Son positionnement aujourd’hui est inquiétant. Il se victimise et se déresponsabilise« , fustige la procureure qui requiert 5 ans de prison avec maintien en détention et un suivi socio-judiciaire de 3 ans.

 

« Ce ne sont pas des faits criminels, il n’y a pas de débat là-dessus aujourd’hui. Il faut en tenir compte« , répond la défense

« Xavier B. est aussi la personne gentille qui a été décrite par sa mère. Il y a eu 2 ans et 4 mois d’enquête et pourtant il manque des éléments dans ce dossier. Personne ne conteste qu’il s’agit d’images écœurantes et abjectes, mais il reconnaît sa culpabilité, sa responsabilité et a conscience que c’est une maladie chez lui. Il est suivi depuis qu’il est en détention provisoire. L’enjeu est de savoir pourquoi il est arrivé à ce stade. Il n’a pas eu conscience du mal qu’il a fait aux victimes mais il ne doit pas payer pour tous les pédophiles du monde entier« , plaide la robe noire.

Le tribunal prononce une « relaxe technique » pour les faits sur la petite amie de 15 ans, estimant que le caractère pornographique des photos n’est pas avéré.

Sa mère, présente à l’audience, est déboutée de sa demande de partie civile.

Pour le reste, Xavier B. est condamné à 5 ans de prison avec maintien en détention.

Il devra suivre un suivi socio-judiciaire pendant 3 ans, est interdit définitivement de travailler avec des mineurs et sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.

La mère des jumelles obtient 500 euros pour elle et 1.500 euros pour chaque enfant au titre du préjudice.

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