Béziers | Le proxénète et la prostituée obligeaient leurs fillettes à se battre entre elle
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 09/04/2024
- 20:47
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La quadragénaire, qui arbore une main toute tatouée, arrive à l’audience du 20 mars 2024 du tribunal de Béziers menottée, en pleurs.
Elle ne cessera de pleurer tout au long de son jugement.
Mais elle repartira du box des prévenus sans larmes, le visage dur et le regard très froid de la femme condamnée à 3 ans de prison ferme avec maintien en détention.
Et surtout affichant le regard d’une mère qui a perdu l’autorité parentale sur ses 2 filles, aujourd’hui âgées de 17 et 15 ans.
La décision, annoncée par le président Christophe Rolland, est grave, tout comme le sont les faits qui lui sont reprochés : avoir enlevé ses filles, qui avaient été placées par le tribunal sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) dans un foyer à Saint-Pons, en 2018.
Trois mandats d’arrêts avaient été prononcés contre la mère, de janvier 2019 au 28 janvier 2022.
Si les enfants avaient été retirés aux parents et ceux-ci condamnés, c’est entre autres parce que le père, proxénète de femmes bulgares et de la mère de ses enfants, elle aussi condamnée pour proxénétisme, obligeait ses fillettes, 7 et 5 ans à l’époque, à se battre entre elles, avec l’accord de la mère.
Des violences que le père filmait, où on le voyait encourager ses filles.
Pendant six ans, la famille a vécu cachée dans diverses villes, notamment dans le quartier Saint-Jacques, à Perpignan, durant un an.
Les filles étant déscolarisées durant toute la période de cavale.
Elles étaient parfois gardées par le père, cocaïnomane qui, lui, s’était évadé de prison en 2017, détenu pour proxénétisme aggravé.
La mère ayant fini par porter plainte contre lui il y a 2 mois pour violences conjugales (la prévenue ne cessera de dire à l’audience qu’elle était battue), les forces de l’ordre sont alors parvenues à la retrouver.
Elle a été incarcérée le 20 février dernier. Le père également.
Ce 20 mars, il s’agissait pour le tribunal biterrois, d’examiner l’opposition que la prévenue a faite à un jugement du 28 janvier dernier (établi en son absence) qui la condamnait à 3 ans de prison avec retrait total de l’autorité parentale.
Tout au long de l’audience, la prévenue n’a eu de cesse de se présenter en victime de son mari violent.
D’où les larmes. « J’étais sous emprise, il me frappait, il m’enfermait », répétait-elle.
Le procureur René Scognamiglio, ainsi que Maitre Martin-Veleine, l’avocat du Département, partie civile dans cette affaire (les enfants étant sous sa protection) ont insisté sur le fait qu’elle n’a jamais porté plainte, n’a jamais protégé ses filles mais… a protégé le père.
Ils lui ont rappelé très durement, notamment le procureur, qu’elle avait eu maintes fois l’occasion de prendre ses filles avec elle et d’échapper aux griffes de son mari.
Or, elle ne l’a jamais fait.
“Vous racontez n’importe quoi […] À un moment, vous avez fait des choix […]. On vous reproche d’avoir remis en danger vos enfants qui avaient été mises en protection de l’ASE », et qui se reconstruisaient de tout ce que leurs parents leur avaient fait subir”
Ils ont requis, entre autres, le retrait de l’autorité parentale et l’incarcération pendant 3 ans.
L’avocat de la prévenue a, quant à lui, insisté sur « l’emprise », demandant la relaxe ou, si condamnation, de revoir la peine à la baisse, sans retrait de l’autorité parentale.
Il n’a pas été entendu.
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