Nantes | Un sexagénaire rattrapé par son passé et accusé d’agressions sexuelles sur trois petites filles à l’époque des faits

Un homme de 66 ans a été jugé, à Nantes, pour des agressions sexuelles commises en 1994 sur trois mineures, dont sa fille, alors âgées de 8 ans.

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Les faits avaient été révélés 16 ans plus tard, à la suite d’un accident de bateau ayant provoqué, chez sa fille, une « réminiscence » de souvenirs enfouis. (©Illustration/Pixabay)

Un conférencier de 66 ans a été condamné mercredi 16 octobre 2019 par le tribunal correctionnel de Nantes (Loire-Atlantique) à un an de prison ferme et deux autres avec sursis, pour des agressions sexuelles commises sur sa fille et sur une amie d’enfance de celle-ci, à Nantes en 1994, il y a vingt-cinq ans de cela, quand elles avaient 8 ans.

Le prévenu – qui intervient dans les écoles maternelles et primaires pour parler de ses voyages autour du monde, comme ceux qu’il a faits au Chili, en Equateur ou en Thaïlande – a aussi été reconnu coupable de faits similaires sur la belle-fille d’un neveu. Eux avaient été commis en 2003 lors d’une fête de famille à Thouaré-sur-Loire (Loire-Atlantique).

L’homme devra aussi se plier à une mise à l’épreuve de deux ans : cela l’obligera à entamer des soins psychiatriques et à indemniser ses trois victimes. Il devra leur verser au total près de 20 000 € de dommages et intérêts et frais de justice.

Le sexagénaire aura aussi interdiction de recontacter les trois parties civiles, et d’exercer toute activité en lien avec des mineurs. Son nom sera enfin inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS) : cela l’obligera à pointer tous les six mois à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police le plus proche de chez lui.

 

Les faits avaient été révélés en 2010, après le grave accident de bateau qu’avait subi sa fille : cela avait provoqué une « réminiscence » de souvenirs enfouis chez cette infirmière.

La victime, âgée aujourd’hui de 34 ans et qui avait failli perdre la vie dans cet accident de bateau, avait alors porté plainte auprès des gendarmes réunionnais contre son père – avec qui elle a coupé les ponts depuis.

Elle avait aussi porté plainte contre sa mère pour « non-assistance à personne en danger » : cette auxiliaire de puériculture « très religieuse », selon son mari, avait « toutes les cartes en main » pour faire cesser la situation, estime la plaignante. Mais cette seconde plainte a été classée sans suite, les faits de « non-assistance » étant prescrits lors de leur dénonciation.

La fille du conférencier avait également repris contact avec son ancienne copine de CE2, qu’elle avait perdue de vue entre-temps, pour la prévenir qu’elle serait certainement appelée à témoigner dans son affaire… Mais, contre toute attente, cette dernière lui avait alors révélé avoir été elle-même victime d’agressions similaires de la part de son père.

Ce Nantais de 66 ans, père de deux enfants, s’est défendu en disant que la copine de sa fille ne venait que « s’exhiber » sous ses yeux « par provocation » : elle lui avait fait « un strip-tease intégral », alors qu’elle était en train d’enfiler son pyjama.

En garde à vue, il avait reconnu avoir été « émoustillé » : il était entré dans sa chambre en pleine nuit et l’avait « caressée » alors qu’il la croyait endormie.

Résultat : cette deuxième victime a suivi « deux psychothérapies« , a eu des relations sexuelles « compliquées » avec ses petits amis pendant des années, et a « dormi jusqu’à 23 ans avec une veilleuse ».

 

Concernant la belle-fille de son neveu, il a admis tout au plus des « gestes déplacés », mais « uniquement par-dessus les vêtements ».

Juste après les faits, la mère de l’enfant avait pourtant rapporté que sa fille de 8 ans lui avait dit qu’il lui avait :

« fait mal au sexe » et « mis un doigt dans l’anus » après lui avoir « demandé d’enlever sa culotte ».

Cette affaire avait en fait été « étouffée » par le beau-père de la fillette, neveu du prévenu : des années plus tard, il avait assuré à sa belle-fille que l’enquête avait été classée sans suites « par manque de preuves » et que cela « ne servait à rien de se battre ».

Elle a confié :

« J’étais très énervée, je me demandais comment la justice avait pu classer une telle affaire. »

C’est finalement un message Facebook, envoyé vendredi dernier par la fille du conférencier, qui lui a permis de venir témoigner in extremis à la barre du tribunal mercredi : son statut de victime était toujours consigné à la procédure.

Il a expliqué :

« On m’accuse de choses monstrueuses, ignobles et abjectes, que je n’ai pas commises… Vous savez, madame la présidente, moi je n’aime pas les agressions : je suis issu d’une génération « Peace, love and music ». »

Il a aussi longtemps été « naturiste » – a-t-il cru bon de préciser à l’audience.

Ancien « stewart pour milliardaires sur des yachts », il a ensuite monté sa propre société pour donner des conférences sur ses voyages « dans les écoles », relève la présidente. « Et les maisons de retraite », complète-t-il. « Ma clientèle va de 4 à 104 ans. »

Au final, il a mis les accusations de sa fille sur un possible « souvenir reconstruit », qui n’aurait pas de base réelle.

Cet individu « égocentrique » et « au sens moral peu affirmé » a tendance à « chercher les plaisirs de la vie sans tenir compte des autres », résume pour sa part le psychiatre qui l’a examiné dans le cadre de l’instruction.

La procureure de la République avait requis à son encontre deux ans de prison ferme et deux autres avec sursis.

Source : actu.fr

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