Haute-Corse | La Cour d’Appel condamne Michel Jegat à 12 ans pour les viols sur sa fille
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 20/01/2025
- 13:53
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Michel Jegat comparaît en appel devant les assises de Haute-Corse pour viol incestueux, viol et agression sexuelle sur mineur.
Invité à s’exprimer, ce 15 janvier, l’homme nie les faits. Mais pour les conseils des parties civiles, le doute ne doit pas profiter à l’accusé, dans un dossier où sa culpabilité est “évidente”.
“Il faut arrêter ces conneries. Cela fait cinq ans que je démontre mon innocence.”
Polo noir à manches longues et barbe grise, Michel Jegat a la voix claire mais le ton parfois irrité, lorsqu’il prend la parole depuis le box des accusés.
Ex-cadre commercial, père de quatre enfants et âgé de 56 ans, l’homme suit avec attention le premier jour de son procès en appel devant la cour d’assises de Haute-Corse.
“J’ai fait appel parce que depuis le début, je suis innocent. Et je veux enfin être entendu.”
Accusé, notamment, de viol sur mineure de moins de 15 ans, viol, corruption de mineurs, violences sans ITT, et agressions sexuelles sur mineure, Michel Jegat reconnaît des relations sexuelles consenties avec une jeune femme, mais nie farouchement les faits qui lui sont reprochés.
Dans ce dossier, le quinquagénaire fait face à sa fille, une amie de cette dernière, et une ancienne belle-fille. Toutes trois, ainsi que la mère de la première, se sont constituées partie civile.
Jeu, pénétrations digitales et fellations
Aux prémices de cette affaire : le dépôt d’une plainte, le 31 juillet 2017, par l’ex-compagne de Michel Jegat pour viol sur leur fille.
Cette dernière était alors âgée de 14 ans. Les faits se seraient produits alors que la jeune fille vivait chez son père, en Corse, de décembre 2016 à juillet 2017.
Devant les enquêteurs, l’adolescente fait état de viols, de violences, et d’incitation à consommer et transporter des produits stupéfiants de la part de son père.
La jeune fille raconte notamment des pénétrations digitales survenues à plusieurs reprises lors d’une partie d’”action, chiche ou vérité”. Un jeu proposé par son père, et auquel a également participé l’une de ses amies, avec laquelle il entretenait une relation.
Âgée de 16 ans, cette seconde jeune fille confirme, face aux enquêteurs, avoir été en couple avec Michel Jegat – 48 ans à l’époque -.
Elle témoigne de violences commises par ce dernier à l’encontre de sa fille. De fellations, réalisées par son amie et elle-même, dans le cadre du jeu “action, chiche ou vérité” au quinquagénaire.
L’adolescente parle aussi d’encouragements à fumer du cannabis à chaque fois qu’il souhaite avoir une relation sexuelle, et de la découverte de stupéfiants dans son bagage au retour d’un voyage à deux.
Auditionné, Michel Jegat reconnaît avoir donné “quelques gifles”, et “peut-être” un coup de pied dans le postérieur de sa fille.
Concernant l’amie de celle-ci, il parle d’une relation consentie, s’étant déroulée avec l’assentiment des parents de l’adolescente dont il était “amoureux”.
“On ne se contrôle pas des fois” explique-t-il alors, rapporte la directrice d’enquête. Quant à son usage de stupéfiants, il est purement récréatif, assure-t-il aux enquêteurs.
Pour le reste, il nie toute relation incestueuse avec sa fille ou abus sexuel sur son amie, et toute volonté de corruption.
Michel Jegat l’assure : sa fille, et l’amie de sa fille – avec laquelle il entretenait, selon lui, une relation sentimentale – inventent, depuis le premier jour, les accusations portées à son encontre.
La première, estime-t-il, par jalousie, agacée de voir son père porter plus d’attention à son amie. Et la seconde pour “lui faire payer” une affaire de stupéfiants dans laquelle il l’avait impliquée.
“Tout ce qu’on veut, c’est faire de moi le coupable idéal”
Les lésions repérées lors de l’examen gynécologique de sa fille, et qui pourraient correspondre, selon les experts médicaux, aux pénétrations digitales lors d’un jeu “action, chiche ou vérité” dénoncées par celle-ci ?
“Pourquoi ce serait forcément moi, et pas un de ses petits copains ? Et pourquoi ce ne serait pas dû à des tampons, ou autre chose ?”, se défend-il.
L’enquête se poursuit, et l’entourage des jeunes filles est auditionné. Plusieurs personnes indiquent aux forces de l’ordre avoir été informées des abus sexuels en question.
Une jeune fille – camarade de classe des adolescentes – transmet même aux enquêteurs des messages échangés avec Michel Jegat, dans lesquels ce dernier lui avoue ses sentiments, expliquant s’obliger “à les cacher à cause de [son] âge”
“Il se masturbait devant elle”
Parallèlement, les ex-compagnes de Michel Jegat sont contactées. C’est en 2020, soit trois ans après l’ouverture du dossier, que les investigations prennent un nouveau tournant, avec le témoignage d’une des ex-femmes de Michel Jegat, qui l’a fréquenté de 1988 à 2000.
Celle-ci rapporte aux enquêteurs les accusations de sa fille : celui qui a été son beau-père pendant douze ans se serait “servi d’elle” à “moins deux reprises”, à ses dix et treize ans.
Ceci, notamment, en se masturbant devant elle, ou en lui demandant de le masturber.
Interrogée en visio devant la cour d’assises de Haute-Corse, cette mère revient sur ces révélations “chocs”, intervenues quelques mois après sa séparation avec Michel Jegat.
“Ça a été la douche froide. J’avais l’impression qu’ils avaient une bonne relation, que tout se passait bien. Je n’ai rien vu, malheureusement, de tout ce qui pouvait se passer.”
Celle-ci explique à la cour avoir à l’époque choisi la voie judiciaire, en contactant son avocate qui s’occupait déjà de sa procédure de divorce.
“Elle m’a dit qu’on gérerait ça après le divorce”.
Aucune plainte ne sera finalement déposée :
“Ma fille m’a dit qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec ça, qu’elle ne voulait plus le voir et que c’était trop difficile pour elle”.
Jusqu’à ce que le dossier ne refasse surface, des années plus tard, par le biais des accusations de la fille de Michel Jegat.
L’accusé réfute la moindre agression sexuelle sur celle qui fut sa belle-fille, et qu’il a rencontrée alors qu’elle n’avait que deux ans. Mais sa mère l’affirme :
“Elle n’a jamais été une menteuse. Je l’ai toujours crue et je la soutiendrai toujours.”
Pas de “déviance de type pédophilique”
Désormais trentenaire, la jeune femme en question s’est constituée partie civile dans ce dossier. Elle est attendue pour témoigner demain, mardi 14 janvier, face à la cour.
La jeune fille avec laquelle Michel Jegat a entretenu une relation en 2017 doit également être entendue. La fille du quinquagénaire est, elle, absente du procès pour raisons médicales.
Michel Jegat continue de l’affirmer : il est innocent dans ce dossier.
“Je n’ai eu des relations sexuelles qu’avec deux jeunes filles [une relation extraconjugale en 2000, et l’amie de sa fille en 2017], et à chaque fois c’étaient des relations consenties. Il faut arrêter toute cette mascarade qui dure depuis cinq ans.”
Pour le docteur Roger Franc, qui s’est chargé de son expertise psychiatrique, tout “montre qu’il était lucide, cohérent, adapté. Son mode de fonctionnement ne lui permet pas de s’inscrire dans un sentiment de culpabilité”.
Dans le cadre de la relation qu’il a entretenu avec l’amie de sa fille, “il pense que ce qu’il a fait était raisonnable, et permettait de répondre aux attentes de l’adolescente”.
Pour autant, précise le spécialiste, les deux filles n’ayant plus, alors, un corps pré-pubère, “nous ne sommes pas sur un sujet qui a une déviance de type pédophilique.
” Reste néanmoins l’hypothèse, là encore soumise par le médecin, d’un “défaut de sens moral”, relatif à la consommation – voire le trafic – de stupéfiants dans laquelle il a pu entraîner les adolescentes.
Michel Jegat encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. En première instance, il avait écopé de 12 ans de prison.
“J’étais un mauvais père, mais certainement pas violeur”, au procès pour viol incestueux devant les assises de Haute-Corse, la parole à l’accusé
Michel Jegat comparaît en appel devant les assises de Haute-Corse pour viol incestueux, viol et agression sexuelle sur mineur. Invité à s’exprimer, ce 15 janvier, l’homme nie les faits. Mais pour les conseils des parties civiles, le doute ne doit pas profiter à l’accusé, dans un dossier où sa culpabilité est “évidente”.
“Ça fait cinq ans que je dis la même chose. Tout ce qu’elles disent, ce sont des mensonges.”
Barbe grise et posture légèrement voûtée, Michel Jegat déplore “de ne pas être écouté”.
Depuis trois jours, ce quinquagénaire suit attentivement les débats dans son procès en appel devant la cour d’assises de Haute-Corse.
Accusé du viol de sa fille et d’une amie de sa fille, alors toutes deux mineures, en 2017, et d’agressions sexuelles sur son ancienne belle-fille, également mineure, dans les années 1990, il nie farouchement les faits.
Michel Jegat l’assure :
sa fille, et l’amie de sa fille – avec laquelle il entretenait, selon lui, une relation sentimentale – inventent, depuis le premier jour, les accusations portées à son encontre. La première, estime-t-il, par jalousie, agacée de voir son père porter plus d’attention à son amie. Et la seconde pour “lui faire payer” une affaire de stupéfiants dans laquelle il l’avait impliquée.
“Tout ce qu’on veut, c’est faire de moi le coupable idéal”
Les lésions repérées lors de l’examen gynécologique de sa fille, et qui pourraient correspondre, selon les experts médicaux, aux pénétrations digitales lors d’un jeu “action, chiche ou vérité” dénoncées par celle-ci ?
“Pourquoi ce serait forcément moi, et pas un de ses petits copains ? Et pourquoi ce ne serait pas dû à des tampons, ou autre chose ?”, se défend-il.
“Je vois les jurés qui dorment et qui rigolent. Alors à quoi ça sert ?”
Lui qui a adopté une attitude fermée et un ton souvent irrité tout au long du procès, poursuit, en sanglot :
“Tout ce qu’on veut, c’est faire de moi le coupable idéal. Cela fait cinq ans que je me bats et que j’entends les mêmes choses. J’en ai marre, je suis fatigué, j’entends des trucs qui me donnent envie de vomir, mais qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je vois les jurés qui dorment et qui rigolent. Alors à quoi ça sert ?”
Dégoûté d’un procès qu’il estime désormais presque joué d’avance, il insiste :
“Moi, j’ai reconnu mes conneries. J’ai reconnu que de me mettre en couple avec une gamine de 16 ans, que de les avoir fait fumer [du cannabis], c’était n’importe quoi. J’ai reconnu que j’étais un mauvais père, mais certainement pas violent, et certainement pas violeur.”
Un “pervers et un prédateur” pour les parties civiles
Une argumentation catégoriquement rejetée par les conseils des parties civiles. Appelés à plaider, au terme d’une instruction éprouvante – et aux horaires allongés -, ces derniers l’ont tous affirmé aux jurés : Michel Jegat est coupable, et sa condamnation doit être prononcée.
“[Sa fille] est profondément marquée par ce qu’elle a subi, déplore l’avocate de la jeune femme, Me Mélanie Ricci. C’est compliqué de représenter quelqu’un qui est absent. Mais elle est aujourd’hui incapable d’assister aux débats”, trop traumatisée par les faits, trop choquée pour revoir son père “après tout ce qu’il lui a fait”.
“Est-ce qu’il est crédible, Monsieur Jegat, quand il dit à cette barre “je ne suis pas attiré par les adolescentes” ? Non, pas du tout”, poursuit Me Mélanie Ricci. Pas crédible sur ce point, et même pas crédible du tout, tranche-t-elle, lui “qui a voulu décrédibiliser tout le monde en criant au complot, alors qu’au fond de lui, il sait ce qu’il a fait”.
Conseil de l’ancienne belle-fille de l’accusé – qui dénonce des agressions sexuelles quand elle avait 10 et 13 ans -, Me Philippe Gatti, voit dans Michel Jegat un homme narcissique, capable “de se regarder nu dans le miroir pendant qu’il se fait branler par une gamine de dix ans.”
“Alors on se demande comment des êtres normaux peuvent en arriver là ? Comment un homme peut-il se faire branler par quelqu’un qui l’appelle papa ?”, poursuit l’avocat. “On pourra penser qu’il est fou. Mais non.”
“Comment un homme peut-il se faire branler par quelqu’un qui l’appelle papa ?”
“Vous avez d’un côté des personnes très jeunes, et de l’autre un homme plus vieux. On passe de 14, 16 ans, à 48 ans. On a d’un côté la naïveté, et de l’autre quelqu’un de très mature”, rappelle Me Marylène Cammilli-Bucquet.
Elle qui représente la jeune fille avec laquelle Michel Jegat se disait en couple – ce que réfute la jeune femme en question – décrit un homme “qui ne sait pas faire la différence en le bien et le mal”, qui ne s’est jamais remis en question. Un “pervers et un prédateur”.
Enfin, avocate de la mère de la fille de Michel Jegat, Me Lydie Vilain-Elgart salue, dans cette affaire, le “courage des victimes”, leur force d’avoir “osé parler”. Et insiste, aussi, sur “l’importance de la reconnaissance de leur statut de victime” pour leur permettre d’avancer dans leur travail de reconstruction.
Le procès se poursuit ce jeudi 16 janvier, avec les réquisitions de l’avocate générale et la plaidoirie de la défense.
Le verdict est attendu dans la journée. Michel Jegat encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
15 ans de prison requis contre un homme accusé du viol de mineures, dont sa propre fille
Au terme de quatre jours d’audience, le verdict du procès en appel de Michel Jegat devant la cour d’assises de Haute-Corse est attendu dans la journée de ce 16 janvier.
En première instance, l’homme avait été condamné à 12 ans de réclusion criminelle. L’avocate générale a requis une peine plus sévère.
“Le dossier de Michel Jegat est celui d’un homme pervers, de la déviance”.
Debout à la tribune du ministère public, le ton acerbe à l’égard de l’accusé, Dominique Sauves déroule les différents chefs d’accusation qui lui sont imputés.
Un viol sur sa fille, en lui imposant des pénétrations digitales et une fellation. Des violences, aussi. Elle avait 14 ans.
Un viol sur une amie de sa fille, avec laquelle il affirmait entretenir une relation sentimentale, ce que réfute cette dernière. Elle avait 16 ans.
D’avoir fait fumer du cannabis aux deux adolescentes, favorisant leur corruption.
Des agressions sexuelles, enfin, sur celle qui fût sa belle-fille, en exigeant qu’elle le masturbe, notamment. Elle avait 10 ans.
Certes, Michel Jegat, depuis le premier dépôt de plainte, en 2017, nie tout, à l’exception de la consommation de stupéfiants avec les deux jeunes filles. Mais l’avocate générale n’en croit rien. Et s’appuie pour ce fait sur les déclarations des plaignantes, “cohérentes” et crédibilisées par divers rapports d’experts.
“Il n’est même pas capable de reconnaître sa propre déviance”
Assis dans le box des accusés, Michel Jegat écoute, tantôt immobile, tantôt prostré sur lui-même, la main lui masquant le visage, et tantôt roulant des yeux ou secouant la tête pour signifier son désaccord.
“Ce dossier, poursuit l’avocate générale, c’est celui d’un crime, en l’espèce plusieurs crimes. Celui d’un viol par un père dont le statut est censé imposer respect et autorité, quand lui incarne tout l’inverse, tranche la représentante du ministère public. Il n’est pas capable de reconnaître sa propre déviance, dont il n’a même pas conscience.”
Au quatrième jour d’un procès éprouvant pour les jurés, contraints de rester jusqu’à tard, chaque soir, pour assister aux débats, “vous allez devoir faire un choix”, leur rappelle Dominique Sauves.
Un choix qui représentera celui de la société, et un choix qui devra prendre en compte les victimes : trois jeunes femmes, toutes mineures au moment des faits.
Pour elles, argue la représentante du ministère public, une absence de condamnation ou une peine “insuffisante” ne permettrait pas “de réparer leurs blessures”, ni de “restaurer leur confiance en la société”.
“Pour lui, 12 ans, c’est trop. Pour le parquet que je représente, ce n’est pas assez”
En première instance, la cour criminelle de Corse-du-Sud l’avait condamné à 12 ans de réclusion criminelle.
“Michel Jegat a fait appel. C’est son droit. Pour lui, 12 ans, c’est trop. Pour le parquet que je représente, ce n’est pas assez.”
Dans ce cadre, l’avocate générale requiert une peine “qui ne soit pas inférieure à 15 années” de prison, dont 10 ans incompressibles.
“Les choses qu’on vous a expliquées ne sont pas forcément la vérité de ce dossier”
Tout au long du procès, durant lequel les passes d’arme ont été nombreuses entre la défense et la représentante du ministère public, Me Jean-François Casalta a travaillé à faire valoir une autre image de son client que celle présentée par les plaignantes, leurs conseils, et l’avocate générale.
“Moi, j’ai une petite flamme qui me permet de vous dire que les choses qu’on vous a expliquées ne sont pas forcément la vérité de ce dossier”, entame-t-il.
Depuis le début de l’audience, “il y a deux choses qu’on ne vous a jamais dites, et qui sont pourtant des principes fondamentaux, reproche l’avocat. La première, c’est que la charge de la preuve pèse sur les épaules du ministère public. C’est-à-dire que c’est à l’avocate générale de la preuve de la culpabilité de l’accusé. Est-ce que vous l’avez déjà entendu le faire dans cette audience ? Jamais.”
Le second principe : celui du doute, qui doit profiter à l’accusé, insiste Me Jean-François Casalta. “Cela veut dire que si vous avez un doute, le bénéficiaire dans la décision que vous allez prendre, ce sera Michel Jegat et personne d’autre.”
“On ne juge pas la morale, on juge le droit”
Michel Jegat conteste avoir violé sa fille et agressé son ex-belle-fille. Parle d’une relation sentimentale avec l’amie de sa fille, et donc de relations sexuelles consenties.
L’idée d’un homme de 48 ans en couple avec une adolescente de 16 ans perturbe sans doute la majorité. Mais dans ce procès, “on ne juge pas la morale, on juge le droit”, rappelle l’avocat. Et cette différence d’âge, aussi dérangeante puisse-t-elle être, n’est pas pénalement condamnable.
Pour Me Jean-François Casalta, les discours et les présentations qui ont été faites des plaignantes ne tiennent pas. Ou du moins pas entièrement. L’emprise qu’aurait eu Michel Jegat sur la fille de son amie, avec qui il se disait en couple ?
Pourquoi, alors, questionne-t-il, n’a-t-elle pas fui, trouvé refuge chez elle, auprès de ses parents ? Pourquoi avoir accepté de partir en vacances dans les Antilles avec lui ? “Elle n’a jamais été violée, soutient-il. Jamais. C’est un mensonge.”
Difficile de croire, aussi, l’ensemble des déclarations de la fille de Michel Jegat, estime-t-il, notamment au vu de l’attitude qui pouvait sembler par moments décontractée de l’adolescente, lors de ses dépositions.
L’incitation par Michel Jegat à prendre des stupéfiants pour favoriser des actes sexuels avec les adolescentes ?
Pour l’avocat, l’état d’inconscience et de flottement total dans lequel se décrivent les deux jeunes femmes, et qui aurait permis à l’homme de les violer, ne correspond pas aux effets du cannabis sur l’immense majorité des consommateurs.
“Moi, je ne sais pas ce qui s’est passé. Mais le discours de ces jeunes filles me semble bien contradictoire”, continue l’avocat.
Le doute réside également dans les déclarations et l’identité de l’auteur des agressions sexuelles que dénonce l’ancienne belle-fille de son client, poursuit-il. En insistant : des erreurs peuvent arriver en justice, des injustices.
Invité à prendre la parole en dernier, Michel Jegat le répète, la voix étreinte par l’émotion :
“Cela fait cinq ans que je clame mon innocence. Et cela fait trois jours que j’ai l’impression de ne pas avoir été écouté. J’ai fait des erreurs, oui, je suis condamnable pour ça, je l’admets. Mais en aucun cas, je ne suis un violeur. Mon seul souhait, c’est de pouvoir retrouver mes fils et ma compagne. On me dit que ces jeunes filles sont démolies, mais moi, ça fait cinq ans que je suis démoli, et personne ne m’écoute.”
La cour s’est désormais retirée pour délibérer. Le verdict est attendu en fin de journée. La peine maximale qui peut être prononcée pour un viol aggravé est de 20 ans de réclusion criminelle.
Après plus de 5 heures de délibération, la cour d’assises de Haute-Corse a tranché.
Reconnu coupable du viol de sa fille mineure, de violence et d’incitation à consommer des stupéfiants sur cette dernière, et de l’agression sexuelle de son ancienne belle-fille, Michel Jegat est condamné à 12 années de réclusion criminelle, et contraint, en fin de peine, à un suivi médico-judiciaire de 5 ans, ainsi qu’une interdiction de contact des quatre parties civiles.
En 1ère Instance, il avait écopé de la même peine.
L’homme est en revanche acquitté sur trois chefs d’accusation, dont notamment celui de viol à l’égard d’une troisième plaignante. Cette dernière âgée de 16 ans au moment des faits, décrivait à la barre un couple contraint et des abus sexuels, quand lui parlait d’un couple et de relations consenties.
Droit, le visage fermé avant l’annonce du verdict, Michel Jegat s’est effondré aussitôt la peine prononcée, se masquant le visage des mains, avant d’être escorté en pleurs par les forces de l’ordre.
Dans la matinée, l’avocate générale, Dominique Sauves, avait requis 15 ans de prison dont 10 incompressibles à son encontre.
La cour a finalement choisi de lui infliger une peine équivalente à celle prononcée en première instance. Une différence notable néanmoins : le quinquagénaire avait alors été reconnu coupable par la cour criminelle de Corse-du-Sud pour l’ensemble des chefs d’accusation.
Pour rappel, Michel Jegat niait depuis le dépôt de la première plainte le viol de sa fille et de l’amie de sa fille en 2017, ainsi que l’agression sexuelle de son ancienne belle-fille dans les années 1990.
L’homme réfutait également des violences à l’égard de sa fille, mais avait reconnu avoir consommé des stupéfiants avec les deux adolescentes, dans un objectif, justifiait-il, de “protection” pour leur éviter de le faire dans un autre cadre.
Des arguments qui n’auront ainsi qu’en partie convaincu la cour. Michel Jegat dispose de dix jours, s’il le souhaite, pour effectuer un pourvoi en cassation.
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