France | Vente de vidéos pédopornographiques sur Telegram 10 personnes interpellées

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“Au moins 15 000 images illicites ont été découvertes”
Dix personnes, dont la moitié âgés de moins de 20 ans, sont soupçonnées d’avoir participé à une boucle Telegram dans laquelle des vidéos pédopornographiques étaient vendues, ont été déférées jeudi à l’issue de leur garde à vue.

Elles participaient à un groupe Telegram qui proposait la vente de vidéos pédopornographiques.

Dix personnes ont été déférées jeudi à l’issue de leur garde à vue, a appris l’agence Radio France auprès du parquet de Paris ce vendredi. Au moins 15.000 images liées à des sextapes (vidéos privées intimes) d’adolescents, ont été découvertes pendant pratiquement un an d’enquête.

Ces dix personnes seront jugées pour avoir détenu des images pédopornographiques et les avoir diffusées “en utilisant un réseau de communication électronique”, c’est-à-dire via un groupe créé dans Telegram, une application de messagerie cryptée.

Son accès est totalement ouvert : pour s’y abonner, il suffit d’en connaître le nom.

Sur le fil, quelques photos pédocriminelles sont accessibles mais la spécificité est ailleurs : les admin. proposent pour des prix allant de quelques dizaines à une peu plus d’une centaine d’euros des «packs» contenant des dizaines voire des centaines de photos et vidéos pédocriminelles.

«D ’habitude, dans les milieux pédo., les fichiers s’échangent gratuitement, principalement sur le darknet, précise le cap- Julien C., qui a dirigé les investigations. Il y a parfois des fichiers payants ou des “appels aux dons” mais c’est très ponctuel. Là, nous sommes face à des gens qui se sont organisés pour diffuser, à grande échelle, du contenu pédo. »

En plus de ces faits, deux personnes sont aussi poursuivies judiciairement pour avoir été les administrateurs et les gérants de ce groupe Telegram, d’après les preuves récoltées par le parquet de Paris. Le parquet de Paris ne précise pas d’où viennent les dix personnes interpellées.

L’enquête a démarré le 15 mars 2023 après un signalement reçu par les enquêteurs du ComCyberGend.

Le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace commence alors ses recherches :

“Au moins 15 000 images illicites ont été découvertes”, pour un trafic “évalué à plus de 50 000 euros, dont une partie a pu être saisie en cryptomonnaie”.

La procureure Laure Beccuau a souligné dans un communiqué que :

“Cette opération est l’occasion de rappeler que les mineurs sont particulièrement exposés à la diffusion de leur image sur internet”.

“Si l’enregistrement de celles-ci est parfois fait avec leur consentement dans un cadre intime, les phénomènes de ‘revenge porn’ (vengeance pornographique, ndlr) et l’appât du gain entraînent leur revente à des utilisateurs, voire des réseaux de pédocriminels, par des intermédiaires parfois très jeunes”, a-t-elle mis en garde.

Parmi ces fichiers, les enquêteurs ont découvert de nombreuses sextapes d’adolescents.

«Nous essayons encore d’identifier l’origine des fichiers qui s’échangeaient, poursuit le cap. de gendarmerie. Certains circulaient déjà sur le darknet. Le problème, c’est qu’une fois que ces images se retrouvent sur le net, elles rebondissent de site en site, c’est très difficile de les supprimer. »

Pour les tracer, toutes ces images sont comparées à la base de données du centre national d’analyse des images pédopornographiques. La tâche s’annonce fastidieuse : lors des perquisitions, 30 ordinateurs, 27 téléphones et des consoles de jeux qui servaient de moyens de communication via des jeux en ligne ont été saisis.

Il aura fallu près d’un an pour remonter les ramifications du réseau.

Si la chaîne Telegram est consultable par tous, les admin, et gérants sont méfiants et multiplient les stratagèmes pour rester anonymes. Pseudos, msg qui s’effacent au bout de quelques heures, logiciel qui empêchent les captures d’écran ou les enregistrements.

Même la piste de l’argent est compliquée à suivre : une partie des «packs» a été payée en crypto.

Mais à mesure que les investigations avancent, ils découvrent un réseau structuré.

«Ce qui est inhabituel, c’est qu’il est organisé pour faire de l’argent, poursuit le cap. Julien C.. Cela interroge sur la motivation des suspects : est-ce simplement pécuniaire ? Est-ce la transgression d’un interdit ? Certains nourrissent-ils une attirance pour les enfants ? Peut-être un peu de tout cela à la fois.»

De même, le profil des suspects est très inhabituel : la plupart d’entre eux sont très jeunes. Parmi les 10 personnes déférées, seules deux ont + de 30 ans et la moitié a moins de 20 ans.

Ils seront jugés d’ici quelques mois pour détention et diffusion, en bande organisée d’images pédopornographiques et, pour 2 d’entre eux, pour admin. de la chaîne.

Quant aux mineurs interpellés, les soupçons portent principalement sur des faits commis au préjudice de jeunes filles de leur âge ou d’un âge proche.

Toutefois, selon une source judiciaire, certains profils inquiétants se sont révélés, à l’instar de ce jeune garçon qui utilisait des photos ou vidéos de jeunes filles obtenues sur ce réseau pour ensuite piéger ses camarades de classe en les obligeant à se masturber en live.

Reste qu’au-delà des motivations, cette chaîne a permis une diffusion massive des images pédocriminelles.

Un véritable service rendu aux prédateurs, déplore le capitaine Julien C.

«La diffusion d’images de ce type peut faire basculer dans le passage à l’acte des personnes qui s’interrogeaient sur leur attirance pour des mineurs».

Sans parler des répercussions pour les victimes de ces films et vidéos dont le calvaire est sans fin.

 

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