Mulhouse | Prison avec sursis pour corruption de mineure

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Le prévenu avait écopé de 15 mois en 2020
Au tribunal de Mulhouse, un homme, 28 ans, a été “condamné” à du sursis ce 13 mars pour corruption de mineure.

Il lui était reproché d’avoir échangé en ligne avec une personne qu’il pensait être une enfant de 11 ans en lui posant de nombreuses questions à caractère sexuel.

Voici quelques questions que cet habitant d’une commune voisine de Mulhouse on l’appellera Hugo – posait, via les réseaux sociaux, à une certaine «Lucie» qui lui avait indiqué avoir 11 ans :

«T’es vierge ?» ; «Tu aimes le sexe ?» ; «T’es ouverte d’esprit ?» ; «Tu as des photos sexy de toi ?»…

Les faits remontent au printemps 2017.

Les gendarmes enquêteurs avaient d’abord débusqué l’adulte qui se cachait en réalité derrière le profil de «Lucie» (un homme qui a été jugé par ailleurs).

Ils se sont ensuite intéressés aux interlocuteurs qui avaient eu des discussions en ligne à caractère sexuel avec lui en pensant avoir affaire à une enfant.

Et Hugo, identifié par l’adresse IP de l’ordinateur qu’il utilisait, en faisait donc partie.

Il avait 22 ans à l’époque. Il en a aujourd’hui 28.

Hugo, qui vit toujours chez ses parents, avait déjà eu affaire au tribunal correctionnel de Mulhouse : en 2020, il a été condamné à 15 mois de prison assortis d’un sursis et 10 ans d’interdiction d’activités en contact avec des mineurs pour consultation habituelle et détention de pédopornographie, entre 2013 et 2018.

Quand Christine Stengel, la présidente, lui demande des explications sur son attirance pour les mineurs, Hugo élude :

«Aujourd’hui, c’est derrière moi […] J’essaie d’oublier toutes ces histoires et de refaire ma vie»

«Avant d’oublier, il faudrait trouver l’origine de cette attirance», souligne la présidente, qui rappelle au prévenu qu’il a consulté un psychiatre pendant 3 ans dans le cadre de son sursis probatoire de 2020.

Et elle réitère sa demande d’explication.

«On n’a pas trouvé l’origine», répond Hugo

Le «on» désignant lui et son psy.

« Monsieur, vous avez consulté des images à caractère pédopornographique pendant 5 ans, il faut quand même vous expliquer », insiste Christine Stengel.

«J’étais perdu, j’ai été dans un engrenage dont je ne pouvais plus sortir et je regrette ce que j’ai fait […] J’ai changé, je ne suis plus la même personne. J’ai trouvé un travail stable», répond Hugo, employé en CDI comme chauffeur livreur.

Le procureur adjoint Jean-François Assal s’inquiète du peu d’explications :

«Tout ça, ce sont des mots un peu convenus», commente-t-il

Et craint qu’Hugo n’ait guère cheminé.

«Je pense que vous devez avoir honte», adresse-t-il à Hugo qui garde la tête baissée tout au long de son procès.

L’intéressé acquiesce.

Le représentant du parquet estime que les échanges que le prévenu a eus avec «Lucie» en pensant être réellement en contact avec une fillette de 11 ans sont, en termes de gravité, encore «un étage au-dessus» des faits jugés en 2020.

Il requiert 30 mois de prison assortis d’un sursis probatoire.

Avocate de la défense, Me Aurélie Genot estime de son côté que le délit de corruption de mineur n’est pas constitué et plaide donc la relaxe.

«L’infraction suppose la réalité d’une victime mineure. Or ici, on n’a pas de victime mineure, même si monsieur pensait qu’il échangeait avec une mineure», observe-t-elle notamment.

Le tribunal n’a pas partagé l’analyse : il l’a déclaré coupable et condamné à 21 mois de prison assortis d’un sursis probatoire d’une durée de 2 ans, avec une nouvelle fois l’obligation de justifier de soins à caractère psychologique ou psychiatrique, et une obligation de travail.

Se déduiront des 21 mois les 15 mois dont le prévenu avait écopé en 2020, les juges ayant accordé une confusion de peines.

Ce qui signifie que si le jeune homme – qui sera inscrit au fichier des auteurs d’infractions à caractère sexuel – ne respecte pas les obligations de son sursis probatoire, il n’encourra pas 21 mois de détention mais six, lui explique la présidente.

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