France | On a infiltré ce jeu en ligne populaire chez les enfants

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La quasi-totalité des messages reçus ont une tonalité sexuelle
On s’est glissé dans la peau d’une collégienne sur le jeu MovieStarPlanet. Une immersion édifiante, illustrant les dangers d’Internet pour les jeunes.

Derrière ces personnages aux traits juvéniles évoluant dans un univers virtuel pailleté, où enfants et ados se laissent aller à des rêves de célébrité, se cache une réalité bien sombre.

MovieStarPlanet, plateforme dédiée aux 8-15 ans à mi-chemin entre le jeu de rôle et le réseau social, est peuplé de prédateurs sexuels.

Nous l’avons constaté par nous-mêmes, glissés dans la peau d’Emma, une collégienne créée de toutes pièces.

Durant plusieurs mois, à travers cet alias, Enquêtes d’actu a été témoin aux premières loges des graves dérives d’hommes majeurs, pour qui « l’âge n’est pas important ».

Des dizaines d’entre eux, persuadés de tchatter avec une ado de 12 à 14 ans, nous ont approchés sans masquer leurs intentions, afin de nous rabattre vers une messagerie bien connue, Snapchat.

Là, sans aucune retenue, ils se sont livrés à une drague immonde, à des demandes de photos intimes ou même des propositions de rendez-vous.

Et ce, sans que notre personnage de jeune fille innocente n’ait tenté de les approcher de quelque manière que ce soit.

MovieStarPlanet, accessible via ordinateurs et mobiles, se présente sous la forme d’une ville virtuelle nichée sur une île où les utilisateurs baladent leur personnage de service en service (chat, jeux, création de mini-films, ou encore partage de photos en public comme sur un réseau social traditionnel), pour gagner des points et le rendre célèbre.

À la manière de la simulation Les Sims, on peut aussi changer de style vestimentaire, décorer sa maison, adopter des animaux…

Un petit monde virtuel, ludique, et à première vue totalement inoffensif…

Jusqu’à ce qu’on pénètre dans les salles de discussions, face très glauque de ce monde tout en couleur.

Sur cette application pour enfants, nous avons reçu de nombreuses demandes d’amis avec des pseudos très évocateurs.

Les premières demandes d’amis donnent le ton.

Dans les pseudos, il est question de « grosse b… », de « nude », de « cam payante », de « soumise », d’« esclave » et de tas d’autres surnoms plus évocateurs les uns que les autres.

Pour tromper l’algorithme censé filtrer les vulgarités, ces petits malins remplacent par exemple certaines lettres par des chiffres.

Les premières sollicitations affluent très vite dans la messagerie.

Certains de nos interlocuteurs ne s’embarrassent d’aucune formule de politesse.

« Tu nudes ? », néologisme signifiant échanger des photos intimes abrégé parfois en « tu n ? », surgit souvent de manière abrupte en préambule de toute discussion.

La quasi-totalité des messages reçus ont une tonalité sexuelle.

Le reste s’apparente à de la drague.

Systématiquement, nous demandons l’âge de nos interlocuteurs, pour ne parler qu’aux majeurs.

Bien que, selon plusieurs sources, des « pédocriminels » se muent parfois en adolescents pour arriver plus facilement à leurs fins (…).

La loi est claire sur le sujet.

Le simple fait pour un majeur de solliciter ce genre d’image auprès d’un mineur lui fait encourir de sept à dix ans de prison maximum, selon si la victime a plus ou moins de quinze ans.”

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