France | La justice face aux victimes d’une « génération sacrifiée »

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Pédocriminel En liberté

Nous estimons être face à une génération sacrifiée, celle des 5-15 ans
L’exposition de plus en plus jeunes, des mineurs aux contenus pornographiques.
“Nous estimons que, parfois, la réponse pénale est trop faible en matière de consultation d’images pédopornographiques ” Le Parquet de Paris

Les dossiers de viols et d’agressions sexuelles, entre mineurs, qui n’épargnent pas les beaux quartiers de Paris, ont augmenté de 300% depuis la crise sanitaire.

Pour la magistrate Lisa-lou Wipf, la massification de ce contentieux a une cause : l’exposition de plus en plus jeunes, des mineurs aux contenus pornographiques.

Elle concerne aussi les moins de 10 ans.

«De quoi ancrer une représentation de la sexualité dévoyée.

Ce qu’ils visionnent trop jeunes s’impose à eux comme la norme : violences, culte de la performance sexuelle pour les très jeunes garçons, violation du consentement, diffusion sur les réseaux sociaux.

Ils reproduisent un modèle qu’ils incarnent physiquement et à distance. »

La situation est si inquiétante que le pôle consacré aux mineurs s’attend à une déferlante pour les 10 ans à venir.

« En fait, nous estimons être face à une génération sacrifiée, celle des 5-15 ans.

Il s’agit maintenant de sauver les plus petits, c’est-à-dire les moins de 5 ans. »

Un vertige.

Le 5 Septembre 2023, avec Laure Beccuau, procureur de Paris, Mme Wipf est allée défendre devant Commission supérieure du Numérique et des Postes (CSNP), ses préconisations d’urgence :

1) Obligation d’une microtransaction pour accéder aux sites porno, avec un contrôle par SMS pour pouvoir repérer les cartes bancaires des plus jeunes et avertir les parents en direct.

2) Que les réseaux sociaux, et surtout Meta (Facebook, Instagram), crée un système de détection des contenus mettant en scène des mineurs, qu’ils puissent flouter les images à l’aide de l’IA, et qu’ils envoient des messages de repérage aux expéditeurs

« Le but est de faire entrer les mineurs le plus tard possible dans la sexualité»

S’ajoute à ça la lutte contre la pédopornographie en direct en ligne (live streaming) pour laquelle la juridiction parisienne détient une compétence nationale concurrente.

« Cette criminalité a toujours existé, mais la veille policière montre que toute la France clignote désormais.

Cette démultiplication vient de la puissance des serveurs et de l’impact de la crise sanitaire.

Ne pouvant plus se déplacer, les pédocriminels ont consommé massivement en ligne des viols d’enfants en direct, parfois pour seulement 10 $ sur des victimes plus jeunes que celles qu’ils peuvent obtenir sur place»,

analyse Lisa-lou Wipf.

Ce «sur place», ce sont les Philippines, et plus globalement l’Asie du Sud-est, des pays d’Europe de l’Est ou d’Amérique du Sud.

Dans ces régions, notre justice est confrontée aux importants moyens de la justice US.

«Nous estimons que parfois la réponse pénale est trop faible en matière de consultation d’images pédopornographiques en raison d’une tendance, pour les tribunaux à estimer que ces victimes sont virtuelles »,

insiste le parquet de Paris, qui se bat pour identifier les victimes.

Les plus accrocs se déplacent autant qu’ils consomment en ligne.

L’un d’eux, trahi par ses flux financiers et ses billets d’avion, a été arrêté début septembre à l’aéroport de Marseille.

Mais le recueil des preuves est ardu quand les images ne sont pas stockées sur son téléphone ou ordinateur.

Le Covid a aussi fait sortir de détention provisoire des pervers qui seront jugés tard,

«quand ils ne sont pas morts avant»,

déplore Mme Wipf.

À la section P20 du parquet de Paris, chargée des atteintes aux majeurs, Valérie Cadignan traque la pornographie du quotidien:

« J’arrive en creux, car ce n’est pas une infraction. Mais nous soulevons des qualifications de proxénétisme, de viols, d’agressions sexuelles aggravées, de séquestration, de traite d’êtres humains en bande organisée, d’harcèlement, d’extorsion et même de travail dissimulé.»(..)

Mme Cadignan évoque une affaire de porno amateur aux ramifications tentaculaires

« Le porno amateur, cela n’existe pas ».

Elle évoque « de vrais pros cachés derrière». (..) Son pôle compte de plus en plus de dossiers de victimes abusées dans leur sommeil.
(..)

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