Hagenau | Un coach de rugby condamné pour agressions sexuelles sur mineures

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C’est comme si mon âme avait quitté mon corps
Un désormais ancien entraîneur de rugby a comparu pour quatre agressions sexuelles lors de soirées barbecue au sein de stages multisports qu’il organisait dans la commune de Haguenau, en 2020 et 2021.La plus jeune des victimes avait 14 ans, l’aînée 22.

Octobre 2021, 3 jeunes filles déposent plainte contre un coach du rugby club d’Haguenau qu’elles accusent d’agressions sexuelles.

Une 4ème plaignante est entendue un peu plus tard.

Toutes ont participé à un stage organisé par ses soins : 3 en tant qu’animatrices et l’une en tant que participante.

Toutes avaient confiance dans leur référant, volontiers tactile.

A chaque fois, les faits se sont déroulés lors de la soirée barbecue pendant laquelle encadrants et enfants passaient la nuit sous tente.

Toutes ayant été amenées à partager l’abri du trentenaire, sans que cela ne soit prévu initialement.

Dans ce huis clos nocturne, elles ont été réveillées par les caresses de l’adulte ou surprises avant l’endormissement.

Mercredi, une après l’autre, les victimes témoignent à la barre de leur vécu, avec émotion, retenu et quelques larmes.

Les propos sont forts, limpides.

Le discours est précis, grave et d’une extrême maturité.

De la main baladeuse qui ne va jamais sous la taille ni sous les vêtements, aux bisous dans le cou, et au sexe en érection qui se frotte contre elle, elles ne cachent rien.

Mis à part la mineure de 17 ans qui lui a opposé un stop, quittant aussitôt la tente, les autres sont restées pétrifiées.

«J’étais paralysée» dit la plus âgée.

«J’étais dans l’impossibilité de bouger, de parler, de sortir. C’est comme si mon âme avait quitté mon corps», confesse celle qui avait 18 ans et 3 semaines lors des faits.

«Il m’a serré très fort, ne m’a plus lâchée. Pour moi ça a duré une éternité», confie la cadette.

Une fois délivrées de leur agresseur, les 4 ont eu le même réflexe : prendre une douche.

Viennent ensuite les questionnements, la honte, la culpabilité et des traumatismes qui impactent encore aujourd’hui leur vie.

Jérôme Nietrzeba plaide «le complot. Mon ex-associé a joué des pieds et des mains pour me sortir du club. Je conteste tout», appuie-t-il nerveusement.

«Je suis au fond du gouffre. J’ai tout perdu. Socialement, je suis perdu».

«Est-ce qu’elles mentent ?», s’enquiert la prés. Valentine Seyfritz.

«Oui. Je n’ai eu de cesse de les protéger. J’étais le 1er au club à combattre le harcèlement.»

Elle le confronte alors aux nombreux messages qu’il a envoyé à l’ado de 14 ans à coup de «love you», «ma chérie», «tu es belle», «j’aime beaucoup ton décolleté».

«Il n’y avait pas d’arrière-pensées malsaines», riposte-t-‘il.

Pour Maitres Laurence Grit et Quentin Albiser, conseils des parties civiles, les victimes n’attendaient qu’une chose du procès :

«Une reconnaissance des faits, un pardon, des regrets», mais, elles se trouvent «face à un homme mutique» qui les a «trahies» et «a abusé de leur confiance».

La procureur Agnès Robine évoque «un abus d’autorité.

Les gestes tactiles étaient déjà des alertes, une approche progressive.

Comment peut-on croire à une cabale organisée par un ex-associé ?»

Maitre Delphine Vial, en défense, l’admet :

«C’est compliqué pour lui de s’expliquer. Foncièrement, il n’a jamais voulu faire du mal ou être malveillant.»

Elle décrypte «un enfermement psychologique. En 3 ans, il n’a pas réussi à exprimer son ressenti.»

Jérôme Nietrzeba a été condamné à 3 ans de prison dont 2 ans avec sursis.

Il a l’obligation de se soigner, d’indemniser les victimes et de rechercher un emploi.

Il lui est interdit d’entrer en contact avec les victimes et leurs parents, d’exercer toute activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs pendant 10 ans et d’exercer toute activité professionnelle ou sociale d’encadrement sportif pendant 5 ans.

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