France | Le hashtag #metooinceste cartonne sur les réseaux

Après l’affaire Duhamel, la parole se libère avec #Metooinceste…

Le livre de Camille Kouchner « La grande familia » a provoqué une déflagration. Il a contribué à libérer la parole.

À l’instar du mouvement Metoo, il y a trois ans, les témoignages affluent via les réseaux sociaux avec un nouvel hashtag, #Meetooinceste dénonçant l’inceste.

Le livre de Camille Kouchner, « La familia grande » (Seuil), sorti le 7 janvier n’en finit plus de provoquer des déflagrations. Dans son livre, elle accuse son beau-père Olivier Duhamel d’avoir violé son frère jumeau quand ils étaient adolescents à la fin des années 1980.

Le parquet de Paris a depuis ouvert une enquête préliminaire le 5 janvier pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans ».

Proche de la famille Duhamel, l’ancienne ministre socialiste, Élisabeth Guigou a indiqué, mercredi 13 janvier, à l’Agence France Presse, qu’elle renonçait à sa mission sur l’inceste. De nombreuses personnalités s’interrogent, s’avouent sidérées, choquées par le silence autour de cette affaire depuis toutes ces années alors que beaucoup semblaient savoir…

Dimanche 17 janvier, comme on pouvait s’y attendre vu l’explosion des ventes en librairie du livre de Camille Kouchner, c’est sur les réseaux sociaux que des centaines d’internautes prennent la parole en lançant un nouveau mouvement #MeTooInceste. Plus de 80 000 tweets avaient été postés avec ce mot-clé.

Sur le modèle du mouvement « Me Too », né en 2017 à la suite des révélations sur le producteur américain Harvey Weinstein, où des millions de femmes partout dans le monde racontaient les violences sexistes et sexuelles dont elles avaient été victimes, ces internautes français racontent les abus dont ils ont été victimes enfants, dans la sphère familiale.

Dans un poignant plaidoyer, Muriel Salmona, présidente de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie s’adresse directement aux victimes et futures victimes d’inceste:

« À toi future victime d’inceste, je suis désolée car tu vas subir un viol commis par l’un des membres de ta famille. C’est intolérable. »

La présidente de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie rappelle qu’aujourd’hui :

« on sait qu’une fille sur 5, un garçon sur 13 subissent des violences sexuelles dont la moitié est incestueuse et qu’il y a 50 % de risque de faire des tentatives de suicide, des dépressions à répétition, d’avoir des troubles alimentaires, des troubles du sommeil, des conduites addictives ».

Une situation insupportable, qui ne peut évidemment plus durer.

En 2020, selon un sondage Ipsos, au minimum 6,7 millions de Français affirment avoir été victimes d’inceste.

Les chiffres de l’inceste en France ont triplé depuis 2009, pointe l’association Face à l’inceste. En 2009, le nombre de victimes déclarées s’élevait à 2 millions, selon un premier sondage d’Ipsos.

Le rapport d’Ipsos estime quant à lui que cette augmentation est en corrélation directe avec la libération de la parole, rendue possible avec le mouvement #MeToo. Mais le silence est train de se rompre. Le tabou est en train de voler en éclats.

Alors que le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs a été allongé à 30 ans en 2018, des voix s’élèvent pour demander leur imprescriptibilité, en particulier pour l’inceste, depuis que l’affaire Olivier Duhamel a éclaté.

Le collectif “Nous toutes” apporte également son soutien aux personnes qui témoignent avec ce hashtag.

Il déclare :

« Vous n’y êtes pour rien, nous vous croyons, vous pouvez compter sur nous ».