Foix | Six mois de sursis pour avoir agressé sexuellement une fillette de 6 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 19/04/2023
- 02:19
C’est d’une voix quasi inaudible que Paolo*, 26 ans, s’exprime à la barre du tribunal judiciaire de Foix, en Ariège, mardi 11 avril 2023.
“À l’époque, j’avais une mentalité d’enfant.
On jouait à touche-touche, je ne sais pas comment expliquer ce qu’il s’est passé.”
Ce Brésilien, manteau kaki et qui bénéficie d’une traductrice en portugais, est poursuivi pour atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans.
En l’occurrence, Gaïa*, 6 ans au moment des faits présumés.
L’affaire éclate en 2021, lorsque la mère de Gaïa porte plainte parce que sa fille lui raconte avoir été victime d’une agression sexuelle en Guyane, où elle habite à l’époque, alors qu’elle était en CP, en 2014.
Le prévenu reconnaît les faits et explique plutôt qu’il y aurait eu cinq ou six faits alors qu’il avait 16 ans, donc un peu plus tôt, pointe la présidente du tribunal.
À chaque fois, il lui caresse le sexe ou les fesses, sans pénétration.
L’une des agressions se serait produite dans le dos du frère de la victime, alors que celui-ci joue à la console.
Une névrose infantile du prévenu altérant son discernement
“Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça.
Je suis repenti, je promets que ça n’arrivera plus, tente le mis en cause, qui comparaît libre à l’audience.
Je ne savais pas discerner le bien du mal.”
Une explication qui ne convainc pas la juge.
“C’est une chose de se sentir enfant, ç’en est une autre d’avoir une attirance sexuelle pour une enfant !”
le recadre-t-elle.
“Je n’avais pas notion des choses”
insiste Paolo.
“Mais pourquoi arrêter ?”
creuse Pauline Chaulet.
“J’ai réfléchi sur mes actes et je me suis dit que ce n’était pas bien.”
Le profil du mis en cause est singulier.
“Il n’y a pas d’anomalie mentale,
Mais il a des troubles névrotiques de la personnalité, causant une névrose infantile avec une non-intégration des interdictions et de l’interdit.”
formalise l’expert psychiatre qui a examiné Paolo.
Le médecin estime Paolo “curable et réadaptable” et relève “une altération de son discernement”.
“Une partie de son intimité a été volée”
Une hypothèse en laquelle ne croit pas du tout l’avocate de la partie civile.
“Il sait faire la différence entre le bien et le mal.
Ma cliente ne comprenait pas ce qui se passait, elle est aujourd’hui très renfermée.
Elle explique qu’elle pensait que c’était un rêve, qu’elle n’avait pas vraiment vécu ces agressions.
Mais aujourd’hui, une partie de son intimité a été volée, il y a un traumatisme et peut-être d’autres préjudices aggravants dans les années à venir”
assure-t-elle, réclamant 1500 euros de préjudice moral et 800 euros de frais d’avocat.
Pour le parquet :
“Il a eu l’honnêteté intellectuelle de reconnaître les faits. Mais il connaissait l’interdit lorsqu’il dit qu’il ne pouvait pas la pénétrer.
Les conséquences sont dramatiques pour la victime.
L’expert indique qu’elle a mis une grande distance, une dissociation de ce qu’elle a vécu, ce qui peut s’apparenter à un déni pour se protéger à mon sens.”
Prenant en compte l’altération du discernement du prévenu, la substitut du procureur requiert six mois de prison avec sursis et une interdiction de territoire français pendant trois ans ou, s’il n’y avait pas d’interdiction de territoire, une peine de six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, une obligation de soin et une interdiction d’entrer en contact avec la victime.
“Il a conscience du mal qu’il a fait”
La défense s’appuie sur le comportement succédant les faits du mis en cause.
“Il se dénonce alors qu’il discute avec le cousin de Gaïa.
Il dit la vérité comme s’il avait besoin de libérer sa conscience.
Personne ne l’aurait jamais su sinon. Il faut souligner le comportement remarquable de sa mère, qui le conduit au commissariat, où mon client reconnaît les faits.
Il a fait du chemin depuis les faits. Il a fait un réel travail et a conscience du mal qu’il a fait.”
assure l’avocat.
Le tribunal va plus loin que les réquisitions du parquet, condamnant Paolo, en situation irrégulière en France, à six mois de prison avec sursis, une interdiction du territoire pendant deux ans, une interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs pendant cinq ans, une inéligibilité pendant cinq ans, une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), à régler 1500 euros de préjudice moral et 800 euros.
Les prénoms ont été modifiés.
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