Foix | 8 ans de prison pour le pédocriminel qui a fait 4victimes connues

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“Huit ans c’est pas assez. Il a déjà été condamné par le passé. Je m’attendais à 15 ans”
Ce troisième et dernier jour du procès d’Assises de Serge E. qui se tenait depuis lundi au tribunal de Foix, touche à sa fin. Les plaidoiries des avocats des parties civiles et de la Défense ainsi que les réquisitions de l’avocat général ont eu lieu hier matin

Personne à la barre ce jour.

L’émotion et la peine ont laissé place à la raison et à l’objectivité. Aux plaidoiries et aux réquisitions. A la Justice. Celle du Président de la cour, des deux magistrates et des six jurés. Mais aussi et surtout, celle de quatre victimes qui tentent aujourd’hui d’avancer, de se construire pour certaines et se reconstruire pour d’autres.

Serge s’est présenté au tribunal ce matin avec un grand sac de voyage, comportant sûrement ses propres vêtements, sachant qu’il ne rentrerait pas chez lui ce soir après le délibéré de la Cours.

Me Boucharinc, avocat des parties civiles, intervient le premier, lui qui d’ordinaire “préfère plaider en dernier”. Mais peu importe, puisque comme l’amène Me Boucharinc,

“A quoi cela peut servir que je prenne la parole pour ces quatre victimes que nous avons tous entendues. Est-ce que cela a encore une utilité ? Ce n’est pas leur procès et leur fonction n’est pas d’accuser (…) Certes, un adulte peut se faire agresser, mais un adulte est en capacité, ou presque, de se défendre. Un enfant en revanche n’en a aucune. Un enfant est ignorant. Un enfant ‘c’est beau’, pour reprendre les propos de M. Serge E. Mais cette beauté, c’est celle de l’innocence. Un enfant est sain et spontané. Il n’a pas à avoir de pudeur. L’enfant, c’est tout cela à la fois”.

C’est dans un élan d’éloquence que Me Boucharinc plaide, sans note, pour les quatre victimes.

Des victimes aujourd’hui parties civiles qui s’inscrivent :

“Dans une société qui ne peut entendre les mots ‘agressions’, ‘viols’ et ‘atteintes’. Car toucher un enfant, c’est enregistrer en lui une sensation définitive qu’il porte sans savoir jusqu’à sa mort. C’est une piste magnétique invisible que l’on grave”, interpelle Me Bouhcarinc, avant de clamer “une profonde admiration pour ceux qui sont derrière moi (lui)”.

Dans un registre plus pragmatique, l’avocat général précise de son côté que :

“Enfin, le procès peut se tenir jusqu’à son terme (le procès avait été reporté deux fois). Qu’enfin, aujourd’hui, la Cour d’Assises de l’Ariège va pouvoir rendre justice”, reconnaissant également du travail effectué par la directrice d’enquête de la Gendarmerie, sans qui “on n’en serait pas là aujourd’hui” et relevant le courage des victimes.

“Je les en félicite et leur rends hommage. Ils vont pouvoir continuer leur vie quand justice sera rendue.”

Prônant haut et fort le droit à la réparation, l’avocat général fait ses réquisitions. Quinze ans de réclusion criminelle, 6 ans de suivi sociojudiciaire assorti d’une peine de 5 ans si le suivi n’était pas assuré.

La parole est à présent à la Défense. Me Andrieu s’avance, rappelant aux jurés leur :

“Lourde tâche. Celle de juger cet homme”.

Si les faits exposés sont d’une extrême gravité, si les crimes et les délits de Serge sont d’une atrocité telle qu’il est impossible qu’il ne parte en prison à la fin de la séance, Me Andrieu tient à rappeler l’évolution de l’accusé dans ce procès déjà reporté deux fois, en mettant en avant le fait qu’il ait, hier, reconnu les faits d’agressions sexuelles sur son plus jeune fils, Raphaël, 21 ans, qui se sont d’ailleurs révélés être un viol.

La question est donc la suivante :

“Quelle est la peine que l’on peut appliquer à Serge E. ?”

“Aujourd’hui, il a peur. Il a honte. Il a essayé de faire quelque chose pour contrer ça (pulsions pédophiles).”

Relatant les multiples problèmes de santé de l’accusé (problèmes cardiaques notamment) pour qu’ils soient pris en compte par les jurés, Me Andrieu conclut :

“Serge E a fait un premier pas dans la réparation (aveux), je vous demanderai d’en faire un deuxième.”

A 14 h 30, la séance reprend pour le délibéré. Le Président de la Cours annonce que la Cours et le jury répondent par l’affirmative aux quatre chefs d’accusation.

De ce fait, Serge E. est condamné à 8 ans de prison en peine principale, accompagnée d’un suivi sociojudiciaire de 5 ans assorti d’une peine de 3 ans en cas de refus de cette injonction.

Après l’annonce du délibéré, les victimes ont toutes nommé leur étonnement sur la peine prononcée.

Jeanne, 41 ans et Thierry, 39 ans, les deux enfants les plus âgés de l’accusé, expriment :

“C’est léger. On s’attendait à 10 ans. Est-ce que son état de santé a joué ? Est-ce que c’est un argument qui pèse plus que ce que l’on a subi ? On se sent un peu lésés”

Leïla, 23 ans, voisine de Serge au moment des faits, encaisse difficilement.

“Huit ans c’est pas assez. Il a déjà été condamné par le passé. Je m’attendais à 15 ans.”

La jeune femme se satisfait quand même d’une affaire qui touche à sa fin.

“Ca m’a permis de me libérer, d’évacuer. C’est comme si on perdait du poids. C’est une nouvelle vie qui commence pour moi maintenant.”

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