Sainte-Geneviève-des-Bois | Les souvenirs troublants d’ex-élèves du prof incarcéré pour pédophilie

Les souvenirs troublants d’ex-élèves du prof
incarcéré pour pédophilie

Entre eux, ils lui avaient trouvé un surnom.
« On l’appelait tous le pédophile. »
Ces anciens élèves du collège Jules-Ferry de Sainte-Geneviève-des-Bois n’ont pas été surpris de l’interpellation d’un prof de maths de Villemoisson juste avant les vacances pour agressions sexuelles sur mineurs et détention d’images pédopornographiques, dont certaines le mettent en scène.
Incarcéré depuis le 18 février, l’enseignant de 55 ans, père de famille, vivait à Sainte-Geneviève et avait exercé auprès d’eux dans ce précédent établissement.

Sainte-Genevieve-des-BoisLes faits qui lui sont aujourd’hui reprochés (lire ci-dessous) ne concernent pas la sphère professionnelle. Selon les premiers éléments de l’enquête, aucun élève du collège de Villemoisson n’aurait été victime.

Mais celui qui travaillait déjà pour l’académie de Versailles au moment d’une première condamnation en Angleterre en 2006 avait, pour certains de ses ex-élèves, un comportement « dérangeant » qui avait été signalé.

« On devait se laisser toucher la vessie si on demandait à sortir pour aller aux toilettes pendant ses cours de maths, relate Damien qui l’avait eu à Sainte-Geneviève en 5e à la fin des années 1990 et qui travaille aujourd’hui dans le sport.
Je ne vais pas faire un cours d’anatomie, mais le pubis et la vessie c’est kif-kif. »

D’autres de ses camarades confirment également que cette manie était connue de tous :

« Il passait sa main sur les vêtements au niveau de la vessie pour regarder si c’était gonflé et si on avait vraiment envie. On n’était pas en primaire, on n’était plus des enfants, il y en a que ça gênait et ça a été rapporté à d’autres profs. »

« Il prenait ses douches avec nous »

« Nous avions signalé son comportement dérangeant à des pions et aux CPE (conseillers principaux d’éducation, NDLR) », affirme même Greg, qui l’avait côtoyé une autre année et dans une autre classe que Damien, au début des années 2000.

« Cela n’avait rien donné parce que ses gestes étaient limites, dérangeants, mais pas forcément répréhensibles, c’est ce qu’on nous avait répondu à l’époque en tout cas, se souvient-il. Mais maintenant que l’on sait qu’il a déjà été condamné (NDLR : 15 mois de prison par un tribunal britannique en 2006), je ne comprends pas que rien n’ait été fait à un moment donné. »

« C’était un bon prof, il était sympa, très proche de ses élèves, il écrivait des chansons comme le rap des mathématiques pour apprendre les formules aux élèves, témoigne pour sa part Vladimir, 28 ans aujourd’hui. Je l’ai côtoyé en sport où il s’occupait de l’AS foot à l’heure du midi. Il n’a jamais eu de gestes déplacés. Mais c’est vrai qu’il prenait ses douches avec nous. Ce qu’aucun autre prof n’a jamais fait. »

« Les autres profs à peine ils passaient la tête dans les vestiaires pour nous demander de nous rhabiller plus vite, appuie Ahmed. Lui, il venait avec nous prendre sa douche. »

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si Damien se rappelle de ce professeur des années plus tard.

« Chaque fois qu’il se passe un truc de pédophilie, on rigolait entre nous en disant que c’était lui. Maintenant, notre blague n’est plus marrante du tout… »


Rappel des faits

L’affaire du professeur de mathématiques de Villemoisson a démarré à Corbeil le 10 février.

Ce jour-là, un jeune homme arrêté par la police « pour des faits distincts » confie à un policier qu’un groupe de jeunes a fait appel à lui « pour organiser une expédition punitive à l’encontre d’un individu susceptible d’avoir commis des faits d’agressions sexuelles », a relaté le parquet d’Evry.

Ces jeunes avaient récupéré un téléphone portable dissimulé dans un buisson à proximité d’un centre commercial. À l’intérieur : des photos et des vidéos pédopornographiques. Certaines images montrent le propriétaire du portable avec un mineur.

En voyant quelques jours plus tard un automobiliste en train de chercher son téléphone sur place, ils avaient décidé de mener une opération contre lui.
La police enquête, exploite les caméras de vidéosurveillance de la ville de Corbeil, identifie le conducteur du véhicule venu rôder près du buisson et l’interpelle chez lui le 17 février.

En garde à vue, l’enseignant de 55 ans confie avoir été abordé près du centre commercial Marques Avenue par un jeune garçon mendiant un euro.

« Il lui a demandé de monter dans la voiture pour avoir l’argent, puis a conduit l’enfant dans un endroit plus tranquille », indique le procureur.

Le prof reconnaît avoir touché le sexe de l’enfant et avoir filmé la scène avant de lui donner 4 €. Quelques jours plus tard, l’homme a emmené le jeune garçon chez lui pour le prendre en photo.

Le prof est placé en détention le 18 février au soir. Le lendemain, la polémique devient nationale lorsque la ministre Najat Vallaud-Belkacem révèle que l’homme « était connu par l’Education nationale pour des actes de même nature. Il avait déjà été condamné en 2006 par un tribunal britannique pour relations sexuelles avec un enfant à partir d’une position de confiance et voyeurisme ».

A son retour, une commission administrative paritaire académique avait estimé que
« la matérialité des faits reprochés était sujette à caution et que le doute devait lui profiter » Najat Vallaud-Belkacem a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative et qu’elle n’hésiterait pas à prendre « les sanctions qui s’imposent ».

Source: http://m.leparisien.fr/

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