Dreux | Procès d’un homme de 40 accusé d’avoir agressé sexuellement une adolescente de 15 ans

Un Drouais, âgé de 40 ans, purge huit ans de prison pour importation de drogue. Mais il est aussi accusé d’agression sexuelle par une adolescente. « Je suis un bandit à l’ancienne. Je ne touche pas aux mineures », assure-t-il.

 © Richard BRUNEL

Dans le box des prévenus du tribunal de Chartres, l’homme a une carrure impressionnante. Et, visiblement, il ne s’en laisse pas compter. Mais il reste calme lorsque le président de l’audience retrace ce qui lui est reproché.

« Êtes-vous bien allé, le 16 mai 2011, chez la compagne de l’un de vos amis pour lui rendre des clés ? »

Le Drouais de 40 ans acquiesce.

« Il n’y avait que ses enfants.

C’est sa fille qui m’a ouvert la porte. »

Aux policiers auprès desquels elle a porté plainte, l’adolescente, âgée de 15 ans, a affirmé :

« Je l’ai accueilli sur le palier.

Il m’a dit qu’il voulait discuter avec moi.

Il m’a entraînée deux étages plus hauts.

Là, il m’a embrassée de force.

Il a mis sa main dans ma culotte et il m’a pénétrée avec ses doigts.

Il s’est arrêté lorsque mon ex-beau-père est arrivé et l’a surpris. »

L’ancien compagnon de la mère de l’adolescente avance :

« Quand j’ai vu sa voiture au bas de l’immeuble, je me suis inquiété.

J’avais remarqué qu’il tournait autour de ma belle-fille. »

Il assure qu’après les avoir cherchés partout au rez-de-chaussée, il est monté dans les étages :

« Je les ai vus l’un contre l’autre.

Ils paraissaient gênés tous les deux. »

« C’est elle qui m’a proposé de monter »

Le prévenu livre une autre explication :

« C’est elle qui m’a proposé de monter pour fumer une cigarette.

Elle s’inquiétait, car j’avais dit que j’allais quitter Dreux.

Ça l’a rendue triste.

Je l’ai enlacée pour la rassurer. »

Il suspecte, dit-il, une « vengeance » de l’ex-beau-père de l’adolescente :

« On n’était plus amis.

Il pensait que j’avais une relation avec son ex-compagne. »

Pour les juges, la tâche semble délicate.

Qui des deux dit vrai ?

Le Drouais, qui se décrit « comme un bandit à l’ancienne qui ne toucherait jamais à une jeune fille » ?

Ou l’adolescente, qui a déjà été violée l’année précédente et dont les agresseurs ont été condamnés ?

« Un faisceau d’indices qui tendent vers sa culpabilité »

Depuis cette époque, elle aurait été considérée dans le quartier de Dreux où elle vit, comme une fille facile.

« Il était au courant de cette réputation », assure Me Magali Vertel, qui défend les intérêts de la jeune fille, absente au procès.

« Il a voulu en profiter », estime-t-elle.

Élément qui ne pèse pas en faveur du Drouais : il a disparu dans la nature après la plainte.

Il n’a été interpellé, en Espagne, qu’au mois d’août 2018, après un mandat d’arrêt européen, dans le cadre d’un dossier d’importation de stupéfiants.

Affaire pour laquelle il a été condamné à huit ans de prison, en octobre 2018.

Une attitude qui pose question au procureur de la République :

« Dans ce dossier, il y a un faisceau d’indices qui tendent vers sa culpabilité. »

Il réclame deux ans de prison ferme contre le Drouais qui, de toute façon, est détenu jusqu’en 2026.

En défense, Me Florence Moreau, du barreau de Paris, plaide la relaxe, estimant que rien, dans le dossier, ne prouve la culpabilité de son client :

« Il a fait une erreur en fuyant, mais ça ne veut pas dire qu’il est coupable. »

Le tribunal a mis sa décision en délibéré.

Il la rendra lundi 9 décembre.

Source : L’écho Républicain

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