Draguignan | Le beau-père qui violait sa belle-fille depuis ses 9 ans part en prison

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La mère était poursuivie pour non dénonciation des viols. Elle a néanmoins bénéficié de clémence…
Ce mardi, l’accusé a reconnu devant la cour d’assises du Var une partie des crimes reprochés. Entre 2015 et 2017 au Pradet, il a imposé de multiples fellations à sa belle-fille de 9 ans.

Il passerait presque inaperçu. Un violeur est pourtant assis à moins de deux mètres de Karine (1) dans le box des accusés de la cour d’assises du Var.

Mais c’est son ex-conjointe, poursuivie pour non-dénonciation de crime, agressions sexuelles incestueuses et corruption de mineurs, qui centralise les débats depuis lundi (nos éditions précédentes).

À raison, tant son déni massif interpelle.

Hymen déchiré

Ce mercredi après-midi, lorsque les jurés viendront livrer leur verdict, Simon écopera néanmoins de la peine la plus lourde. Malgré ses aveux partiels et un début de travail sur lui-même.

Car oui, entre janvier 2015 et juin 2017 dans l’appartement familial du Pradet, il a contraint sa belle-fille Mélanie (le prénom a été changé) à des dizaines de fellations et autant d’agressions sexuelles.

Mais à aucun moment, a-t-il pu répéter ce mardi, il n’a introduit son sexe ou ses doigts dans le vagin ou l’anus de la fillette, alors âgée de 9 ans.

L’experte gynécologue. déclara à la barre :

“Lors de mon examen pratiqué en 2020, j’ai pu visualiser que l’hymen de Mélanie était déchiré à deux endroits. Aucune datation n’est possible, mais ces déchirures nettes et anciennes sont classiques d’un rapport sexuel par pénétration d’un pénis, d’un objet ou de plusieurs doigts…”

Il se soulève d’indignation :

“Formellement non” répond dans la foulée l’accusé à la question de savoir s’il est à l’origine de cette défloration.

“Mélanie a menti, elle extrapole. Elle maximise. Au point où j’en suis, je n’ai aucun intérêt à ne pas dire la vérité.”

Me Julie Taxil, en partie civile, rebondit :

“Pour quelles raisons dirait-elle tout ça. Vous croyez qu’il est facile pour une enfant de 12 ans de se faire examiner par un gynécologue dans le cadre d’une enquête pour viol ?

Nous parlons ici d’une enfant dont la sexualité a commencé à 8 ans avec comme partenaire celui qu’elle considérait comme son père…”

Et qui a donné aux enquêteurs des détails difficiles à inventer à cet âge.

D’autant plus qu’au cœur de cette famille dysfonctionnelle où, à en croire la mère de Karine, tout se passait bien mis à part une certaine violence de Simon – “ma fille en avait peur”- Mélanie et son jeune frère étaient livrés à eux-mêmes.

Misère sociale et affective

Cette misère sociale et affective a fini par alerter les services sociaux. Simon, soi-disant rejeté sur le plan sexuel par sa compagne, se serait rabattu sur sa belle-fille pour assouvir ses pulsions les plus basses.

“Son manque d’élaboration mentale, son incapacité à se représenter l’autre ne lui a pas permis de prendre en compte l’âge, le besoin et la singularité de Mélanie, avance l’experte psychologue Sophie Demade.

Ses affects étaient étouffés sauf sur un plan narcissique.”

Subissant un contexte familial incestueux qu’il estime instauré par la mère de famille, Simon aurait pu s’en aller.

“Ou avoir une aventure extraconjugale, imagine la psychologue. Mais il m’a dit qu’il était contre l’adultère.”

À ses yeux, embrumés par une consommation excessive d’alcool et de cannabis, abuser d’un enfant était plus admissible…

“J’ai eu une attirance pour un seul enfant qui n’aurait jamais dû être, concède aujourd’hui le trentenaire. J’ai imposé cet acte.”

À ses côtés dans le box, Karine a forcément entendu cet aveu. À l’époque, dans les 45m² de l’appartement du Pradet, elle n’aurait rien vu.

Présente lors des faits, la mère de l’enfant assure n’avoir rien vu, rien entendu.

Simon a beau emplir le box de ses 105kg de muscles, c’est bien Karine, son ex-compagne, qui prend le plus d’espace à ses côtés.

Par sa colère froide d’être là, accusée devant les assises du Var.

Par ses dénégations fermes et non discutables.

Par son manque de pertinence également face aux questions pourtant simples de la présidente Emmanuelle de Rosa.

La mère de famille doit répondre d’agressions sexuelles incestueuses sur mineurs de 15 ans, non-dénonciation de crime et corruption de mineurs.

Des faits que la trentenaire réfute en bloc:

“Je suis innocente, déclare-t-elle d’une voix aussi sèche que faible. Je n’étais au courant de rien en ce qui concerne Simon et ma fille. Et je n’ai jamais eu de relations sexuelles devant mes enfants.”

“Pas d’autre pénétration que buccale”

À sa gauche, Simon campe lui aussi sur ses positions.

Comme lors de l’instruction, il reconnaît avoir imposé des fellations à Mélanie et être l’auteur de plusieurs “attouchements” sur la fillette alors âgée de 9 ans:

“Mais c’est tout. Il n’y a pas eu d’autres pénétrations que buccale…”

L’enfant avait pourtant prétendu le contraire aux enquêteurs début 2020 après qu’une mesure d’assistance éducative l’eut amenée à se confier à ses éducateurs.

Confession confirmée par le médecin gynécologue qui avait relevé une défloraison ancienne de l’hymen.

Dans les 45m² de l’appartement familial au Pradet, entre 2015 et 2017, Simon forçait donc Mélanie à des rapports sexuels non consentis.

Régulièrement, les faits se déroulaient le plus souvent dans la chambre parentale, “la porte entrouverte”.

Karine, elle, affirme qu’elle dormait sur le canapé.

Et n’a donc rien vu, rien entendu.

Pas même la respiration “forte” de son conjoint lors des viols.

“J’ai appris tout ça par la brigade des mineurs, assure-t-elle sans convaincre. Si je l’avais su, j’aurais porté plainte.”

Pour les policiers, Karine savait.

Ils en ont trouvé la trace dans un SMS envoyé à son conjoint courant 2019, juste avant la révélation des faits par Mélanie :

“Je sais que tu me trompes. Ne reviens plus, dégage.”

La directrice d’enquête pointe :

“Quand on lui a demandé avec qui Simon la trompait, elle nous a répondu ’’ma fille’’.

Avant de dire qu’elle n’avait pas compris la question…”

Un soutien familial encombrant

Accusée par Mélanie d’avoir su et rien fait, mais aussi d’avoir joué à “des jeux bizarres” avec son petit frère de 5 ans, Karine peut compter sur le soutien, pour le moins encombrant, de ses parents.

“Je suis défendue, c’est normal, je suis innocente.”

Sa mère a ainsi prétendu avoir en sa possession un courrier dans lequel la désormais adolescente disculpait sa mère, avant d’avouer que cette “attestation” n’existait pas.

Pour sa part, fin mars, son père aurait agressé verbalement sa petite-fille devant l’entrée de son collège, lui enjoignant avec forces insultes de revenir sur ses déclarations.

Une plainte a été déposée et une enquête ouverte.

“Ce n’est pas vrai, certifie Karine. Je connais mon père et jamais il ne ferait ça.”

Début 2020, quand Mélanie avait raconté les viols dont elle avait été victime, elle avait eu le même réflexe de défense.

“S’il l’a violée, c’est qu’il n’a pas fait exprès” avait avancé l’accusée devant les enquêteurs, traitant sa fille de “menteuse”.

Avant de s’effondrer en pleurs à l’annonce que son enfant n’était plus vierge.

Ce mercredi 5 juillet, la cour d’assises du Var a condamné la mère des victimes à cinq ans d’emprisonnement pour non-dénonciation de crime et corruption de mineurs.

Retrait de l’autorité parentale

Le père de famille, accusé de viols et agressions sexuelles incestueuses sur mineur de 15 ans, corruption de mineurs, provocation à l’usage de stupéfiants sur mineur de 15 ans et usage de stupéfiants a été reconnu coupable de l’ensemble des chefs de prévention et condamné à quinze ans de réclusion criminelle.

Avant la clôture des débats, il avait proclamé :

“J’ai commis des atrocités impardonnables. Je demande pardon. Je mérite une peine forte et juste.”

À l’issue de sa peine, il devra s’astreindre à un suivi socio-judiciaire de dix ans comprenant une injonction de soins et une interdiction de contact avec les victimes.

À ses côtés dans le box, son ex-conjointe Karine a été acquittée au bénéfice du doute des faits d’agressions sexuelles sur son fils, mais reconnue coupable de non-dénonciation de crime et de corruption de mineurs.

La cour a également prononcé le retrait de l’autorité parentale des deux parents – Karine avait eu une fille, Mélanie (les prénoms des victimes ont été changés), en 2007 et un fils, Antoine, était né en 2012 de son union avec Simon – et une interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en relation avec des mineurs.

“Huis clos familial perverti par l’inceste”

La parole de Mélanie, “toujours honnête” selon l’avocate générale Hortense Pain et en tout cas “bien plus crédible que celle de sa maman”, a pesé dans la décision des jurés.

Au grand dam des avocats de la défense qui regrettaient une instruction “parcellaire”.

“Pour condamner, il faut un élément matériel et moral, soutient Me Grégory Naillot en défense de Karine. Le droit ne se base pas sur des ouï-dire et des hypothèses.”

Aucune conjecture néanmoins face au constat gynécologique de l’hymen déchiré chez la fillette de 12 ans en 2019 au moment de la révélation des faits de viols qui avaient eu lieu trois ans auparavant dans l’appartement familial du Pradet.

Seul un placement judiciaire de la fratrie pour carences éducatives et affectives avait mis fin à ce “huis clos familial perverti par l’inceste”.

“Il y a eu une banalisation à l’extrême de l’inceste, poursuit Hortense Pain.

Mélanie a décrit avec force détails ces relations sexuelles. Si elle a été déflorée, c’est qu’il y est allé.

Mais il est plus facile de se contenter de reconnaître des pénétrations buccales qu’anales ou vaginales…”

La parole de l’enfant, preuve irréfragable ?

En défense de Simon, Me Mathieu Nadal a tout autant regretté le caractère de “preuve irréfragable” de la parole de l’enfant, pas suffisamment étayé selon lui par des éléments matériels concernant les faits de corruption de mineurs ou de provocation à l’usage de stupéfiants que le “parcours de vie cabossé” de l’accusé, abandonné par sa mère et contraint dès son adolescence à subvenir aux besoins de ses frères et sœurs.

Même constat chez Me Naillot:

“Mélanie a seulement dit une fois, devant des éducateurs et non des enquêteurs, que sa mère savait ce que Simon lui faisait.

Devant les policiers puis le juge d’instruction, elle a affirmé que Karine avait peur de son beau-père et qu’elle a donc préféré ne pas voir.

Ce n’est pas la même chose que savoir.”

Les jurés ont estimé le contraire.

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