Digne-Les-Bains | Du sursis pour corruption de mineur !
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 11/06/2017
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«Je suis désolé. Je regrette ce qui s’est passé. J’espère qu’elle est repartie sur de bonnes bases. »
D’une voix monocorde, Mikaël essaye de se dédouaner en affrontant le regard d’un père et de sa fille aînée mais aussi le tribunal correctionnel de Digne qui, en cette fin d’après-midi, est réduit à sa seule expression judiciaire, à savoir la présidente Géraldine Frizzi, ses assesseurs Karine Aniort et Michel Billaud, le procureur de la République Stéphane Kellenberger et Corinne Héraud, la greffière.
L’affaire qui clôture l’audience correctionnelle réclame un minimum d’intimité.
Le 15 avril 2016, vers 16h30, une patrouille de police dignoise surprend dans une voiture stationnée, feux de position allumés, sur le parking du complexe nautique Les Eaux chaudes, un couple en pleins ébats.
La jeune fille tarde à dévoiler son identité. Et pour cause : les policiers vont constater qu’elle vient de fêter son quatorzième anniversaire.
L’homme, un intérimaire marseillais, en a plus du double.
« J’étais consentante », affirme aux policiers celle qui se fait appeler Ella sur les réseaux sociaux et qui dit avoir eu une première expérience sexuelle deux ans auparavant.
Tout commence le 6 avril quand l’adolescente, élevée par des parents unis mais qui néglige ses études, poste sur une plateforme internet une demande de rencontre.
À l’autre bout de l’écran, Mikaël, un jeune homme frustré et tourmenté, mord à l’hameçon.
Mieux, il promet le grand amour à la collégienne dignoise.
« Son passage à l’acte est inquiétant »
“Mon jeune âge ne te dérange pas ?” lance Ella, qui affirme à son correspondant qu’elle a 15 ans.
“L’amour n’a pas d’âge” répond Mikaël.
Échanges de SMS, puis de téléphones, envoi de photos suggestives.
Rendez-vous est pris le 15 avril.
« Vous avez été déjà condamné pour les mêmes faits, interroge Géraldine Frizzi, faisant référence à un jugement de 2008. Comment se fait-il que l’on vous retrouve aujourd’hui ? »
« J’ai mal vécu un conflit social, je me suis enfermé sur moi-même. J’étais immature, à côté de la plaque », plaide le trentenaire.
« Je n’ai jamais ressenti de mal-être. C’est dur. Je ne comprends pas », témoignera le père d’Ella.
« Ce n’est pas un mauvais bougre, dit Me Aurélie Discazaux, plaidant pour la famille de la collégienne. Mais quand elle lui a dit qu’elle était collégienne, il aurait dû s’alarmer. On a peur pour la suite de sa vie affective et sexuelle. »
« On n’a pas retrouvé sur son ordinateur d’inclination pédopornographique », indique le procureur de la République, évoquant la souffrance des deux familles.
« Comme un papillon, l’adolescente était attirée par la lumière. Il a usé de sa gentillesse pour l’attirer. Or l’adulte, c’est lui. Son passage à l’acte est inquiétant »
Et de réclamer 30 mois de prison avec sursis, une mise à l’épreuve de trois ans et une obligation de soins.
« La corruption de mineur est caractérisée, pour Me Discazaux. Le prévenu évoque une mauvaise période, mais il a déjà été condamné pour les mêmes faits. Cette déviance est plus ancrée en lui qu’il ne veut bien l’avouer. »
L’avocat du trentenaire, Me Sandrine Guarise, n’est pas d’accord.
« Il n’y a pas de perversité dans son attitude. Il pensait qu’elle avait plus de 15 ans comme elle le lui avait affirmé. Ce n’est pas un prédateur. »
Le tribunal correctionnel condamne Mikaël à 24 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans, obligation de se soigner et interdiction de contacter les victimes.
Depuis les faits, Ella a retrouvé sa vie de collégienne et ne souhaite pas être assistée par un psychologue.
Source : Le Dauphine
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