Dieppe | Un récidiviste de 74 ans condamné à quatre ans de prison ferme

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« Je pardonne de tout mon cœur aux enfants ! »
Déjà condamné à dix ans de réclusion criminelle au début du siècle, un retraité du Tréport a été condamné à Dieppe à quatre ans de prison ferme pour avoir agressé sexuellement des enfants de son voisinage

« Je pardonne de tout mon cœur aux enfants ! »

Les paroles de Jean-Claude Yvrard, 74 ans, à la barre du tribunal correctionnel de Dieppe mercredi 13 juillet 2022, en dit beaucoup sur le prévenu, maladroit, fruste, décalé. Petit, trapu, le crâne dégarni, cet habitant du Tréport finit par modifier sa formule :

« Oui c’est ça. Je demande pardon. »

L’homme est jugé pour des agressions sexuelles commises sur des mineurs de moins de 15 ans, entre janvier 2021 et juin 2022. Les enfants sont deux garçons et une petite fille de son voisinage. Ils avaient entre 2 et 11 ans selon la date des attouchements.

Le retraité se trouve en détention provisoire.

 « Un gamin, ce n’est pas une poupée »

« Papy Jean-Claude », comme l’appelaient ses petits voisins, a trahi leur confiance, « à de multiples reprises  », dixit la présidente. « En me grattant les côtes, puis en descendant, il a pincé le bout de mon kiki » a témoigné un garçon, qui a révélé les faits. Il lui arrivait de passer sa main sur le sexe de la fillette. « Il grattait » a déclaré l’enfant.

L’homme s’autoflagelle : « Ce n’est pas bien ce que j’ai fait. C’est grave, c’est sûr. Ça fait du mal aux parents et même aux enfants… J’ai envie de me faire soigner. Un gamin, ce n’est pas une poupée. Ce n’est pas un jouet. »

Une maman s’effondre : « Je n’ai pas su les protéger. » La présidente l’épaule : « Madame, vous les avez protégés dès que vous avez eu connaissance des faits. » 

 « Je n’ai ni tué ni volé »

La procureure doute de sa prise de conscience :

« Vous avez dit « je n’ai ni tué, ni volé ! » Ce que vous avez fait, c’est moins grave qu’un vol ? »

« Si, c’est pire », consent le septuagénaire.

Elle rappelle qu’il a été condamné à dix ans de réclusion au début des années 2000, à la suite de viols sur mineurs  :

« Vous dites : “Ma condamnation aux assises, c’est à cause de ma bonne femme de l’époque. Elle est allée voir ailleurs.” Les enfants, c’est de leur faute aussi ? »

Il répond que non, mais laisse entendre que s’ils n’étaient pas venus chez lui, rien ne se serait passé.

Il encourt « dix années d’emprisonnement . Monsieur terrifie le ministère public. » Elle requiert six ans de prison ferme, avec un suivi sociojudiciaire de cinq ans, plus une série d’injonctions.

 « Addiction au porno »

Me Victoric Bellet n’a pas la tâche facile. Son client dit avoir été violé dans son enfance. Il met en avant « un état de santé fragile. Monsieur a, je pense, une addiction au porno. » Elle aurait contribué à le désinhiber. « On a des traitements qui peuvent canaliser la libido. Monsieur dit qu’il faut le mettre trente ans en prison. Mais aujourd’hui, il faut mettre en place le plus de suivi possible et éviter la prison. »

Le tribunal le condamne à quatre ans de prison ferme, avec maintien en détention.

Parmi les peines complémentaires, il fera l’objet d’un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans, reçoit une injonction de soins, une interdiction de contact avec ses victimes et de paraître dans leur commune. Il a dix jours pour interjeter appel.

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