Côte d’Azur | Un niçois est condamné à un an de sursis pour corruption de mineure

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Pédocriminel En liberté

“J’avais besoin de dialogue. Mon couple était en crise”
Le palais de justice de Nice . Photo F. V.
Autrefois, les pédophiles rôdaient en imperméable à la sortie des écoles. Désormais, ils sont sur Internet, jouant en ligne pour entrer en contact avec des enfants. Exemple avec Frédéric, 54 ans.

Frédéric, 54 ans, est marié, père de famille, inséré.

Il n’a jamais fait parler de lui. Jusqu’au jour où, via un jeu de stratégie en ligne, il se met à entrer en relation avec Clara (*) une enfant de dix ans.

Il la complimente. Il lui pose des questions sur sa sexualité. Il lui de demande se déshabiller, de poster des photos de sa poitrine, de ses pieds, de son sexe. Il lui précise de ne pas oublier d’effacer ensuite ces messages compromettants.

Des années ont passé. Le dossier s’est inexplicablement perdu dans les dédales du palais de justice. Frédéric se retrouve vendredi 1er octobre, devant le tribunal correctionnel, tête basse, jugé pour ” corruption de mineur via un réseau de communications électroniques”.

La jeune victime est représentée à l’audience par son père.

“La question que l’on est obligé de se poser est le risque de récidive”

observe la présidente Audrey Albertini qui tente de cerner la personnalité singulière d’un individu à l’apparence si ordinaire..

“C’était, à l’époque, pathologique , affirme le prévenu qui, depuis, est suivi par un psychiatre. Pour moi, c’était virtuel. Quand je prenais conscience de ce que je faisais, c’était trop tard.”

“Pourquoi, à cette période, êtes-vous attiré par les enfants?”, questionne le procureur Christophe Tricoche.

“J’avais besoin de dialogue. Mon couple était en crise”

répond sans plus de précision le prévenu, plutôt mal à l’aise.

Des peluches en arrière-plan

“Les explications de Monsieur me laissent perplexes”

avoue Me France Champoussin, l’avocate de la partie civile.

Clara n’était même pas une pré-ado à l’époque de faits. Quand on regarde les photos, c’était une enfant avec, en arrière-plan, sur les étagères, une collection de peluches!

Me Champoussin parle d’un “prédateur en ligne qui explique avoir été sauvé parce qu’il s’est fait prendre”.

“Mais Clara, elle , n’a pas été sauvée!” La jeune fille est au plus mal, selon son avocate qui décrit une adolescente “détruite”, “repliée sur elle-même” avec des sentiments mêlés de honte et de culpabilité.

“Cette enfant n’aurait jamais dû être confrontée à ces images , souligne le procureur Christophe Tricoche. Ce n’est pas seulement une pulsion chez Monsieur mais il y a une stratégie, un calcul”, pour s’attirer la confiance de l’enfant.

Me Adrien Verrier, en défense, remarque que son client n’a jamais été ni dans le déni ni dans la banalisation.

L’avocat insiste:

“Il n’est quand même pas courant qu’un prévenu organise lui-même son propre contrôle judiciaire en suivant très régulièrement des soins avec le soutien de son épouse.”

Ce délinquant sexuel détone avec les profils habituels selon Me Verrier:

“Les enquêteurs n’ont pas trouvé de fichier pédopornographique dans son ordinateur. Cela fait cinq ans qu’il ne se passe rien parce qu’il a pris conscience de sa maladie.”

Frédéric reste libre en étant condamné à un de prison avec sursis.

Le montant des dommages et intérêts qu’il devra verser à sa jeune victime fera l’objet d’une autre audience en janvier.

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