Congo | Le chirurgien Denis Mukwege s’alarme d’une augmentation du nombre de viols d’enfants

Denis Mukwege déplore une agmentation des violences sexuelles contre les enfants, un “phénomène très inquiétant” selon le chirurgien.

illustration-le-point

Le célèbre chirurgien congolais Denis Mukwege s’est inquiété mercredi d’une augmentation des violences sexuelles contre les enfants, certains en bas âge, en République démocratique du Congo (RDC), y compris hors des zones de conflit.

« À l’hôpital, nous soignons de plus en plus d’enfants, même des bébés », a déclaré à l’Agence France-Presse « l’homme qui répare les femmes » (titre d’un documentaire qui lui a été consacré) dans l’hôpital de Panzi qu’il a fondé en 1999 dans la province du Sud-Kivu (est de la RDC).

« J’ai quand même plus de 30 ans derrière moi comme obstétricien, gynécologue, chirurgien, mais voir les bébés de douze mois, même de six mois, avec des périnées complètement détruits, c’est un phénomène nouveau et très inquiétant » s’est-il alarmé en marge de l’Oslo Freedom Forum, rassemblement annuel de militants de la paix dans la capitale norvégienne.

Depuis sa création, l’hôpital de Panzi a accueilli quelque 45 000 femmes et fillettes victimes de viols accompagnés de violences sauvages, commis à grande échelle dans l’est de la RDC depuis une quinzaine d’années, pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), puis au cours des différents conflits armés qui se poursuivent dans la région.

Un regain des tueries

« C’est juste le sommet de l’iceberg », selon le médecin de 61 ans.

« Ça, c’est un seul hôpital. Et ce sont des femmes qui n’ont pas caché, mais combien cachent, combien meurent dans l’anonymat total, combien ont peur d’être stigmatisées et ne disent pas ? » a-t-il lancé.

« Ce qui nous inquiète, c’est le nombre d’enfants (victimes) qui augmente.
Et là, ça traduit tout simplement que le mal est en train de s’étendre dans la société. Ce n’est plus seulement dans les zones de conflit mais au-delà des zones de conflit », a-t-il ajouté.

Lundi, l’ONU s’est inquiétée du regain des “tueries” dans la région de Beni (Nord-Kivu, province voisine du Sud-Kivu), où les Casques bleus appuient une offensive de l’armée congolaise destinée à ramener la paix dans cette zone.

Depuis octobre 2014, la ville et le territoire de Beni ont été endeuillés par une série de massacres ayant coûté la vie à plus de 600 civils.

Lauréat du prix Sakharov des droits de l’homme décerné par le Parlement européen, du prix Nobel alternatif et du prix de l’ONU pour les droits humains, Denis Mukwege a aussi été proposé à de multiples reprises pour le prix Nobel de la paix attribué à Oslo.

Source: http://www.lepoint.fr/

Source(s):