Chartres | Correctionnalisation de viol sur mineure. Le pédocriminel récidiviste en prison

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« Elle me harcelait. Je n’ai fait que ce qu’elle me demandait »
Au tribunal de Chartres, un quinquagénaire condamné pour agression sexuelle sur sa jeune voisine.

Jugé pour agression sexuelle sur sa voisine de 13 ans, un quinquagénaire se défend maladroitement.

Il soutient :

« Elle me harcelait. Je n’ai fait que ce qu’elle me demandait ».

Petit, enrobé, l’homme de 55 ans aux cheveux grisonnants triture nerveusement ses doigts croisés sur son ventre, au tribunal de Chartres. Il sait qu’il risque gros. Il est en récidive d’agression sexuelle sur mineure. La peine encourue est de 14 ans de prison ferme.

La jeune victime, son ancienne voisine âgée de 13 ans en 2020, est absente au procès. Originaire de l’agglomération de Chartres, elle vit, aujourd’hui, dans une autre région, avec sa mère, après le décès de son père.

En mars 2020, l’adolescente se serait confiée à un autre de ses voisins, qui l’aidait souvent à faire ses devoirs :

« [Il] me montre des films pornos, et il me touche. »

Le voisin en parle au père de la jeune fille qui décide de porter plainte contre le voisin, alors âgé de 53 ans.

Entendue par la brigade des mineurs, l’adolescente raconte son histoire :

« La première fois, j’étais dehors. Il m’a appelée pour l’aider à monter un meuble. J’ai accepté. »

Ce jour-là, il ne se serait rien passé. Mais l’homme lui aurait demandé son numéro de téléphone. Elle aurait refusé, dans un premier temps, avant de finir par accepter.

Selon les éléments déclinés à l’audience, il l’aurait ensuite souvent appelée pour lui demander de passer chez lui, sous divers prétextes.

« Il m’a demandé si je voulais coucher avec lui. Il m’a montré des films pornos sur son téléphone. Il m’a touchée et il s’est déshabillé. »

Elle décrit, également, une pénétration « avec ses doigts ».

La psychologue qui l’a expertisée décrit une fille « totalement ignorante des choses sexuelles ». En revanche, le syndrome post-traumatique est bien présent.

À son procès, le prévenu endosse le rôle de la victime :

« Je n’ai fait qu’accepter ce qu’elle me demandait. Elle me harcelait. Elle a gâché ma vie. »

Une position qui fait réagir Rémi Coutin, le procureur de la République :

« C’est une pitoyable tentative d’inverser les rôles. C’est une inversion perverse des responsabilités. C’est un véritable pédophile. »

« C’est étrange », remarque le président de l’audience du tribunal, en s’adressant au prévenu :

« Vous avez déjà été condamné en 2015 pour agression sexuelle sur une petite fille. Et, à votre procès, vous avez prétendu que c’était elle qui vous avait demandé de jouer à papa-maman. Vous étiez déjà la victime de la petite fille ? De plus, je vous rappelle qu’il vous était interdit d’entrer de nouveau en contact avec des mineurs. »

L’homme est décrit par le psychiatre comme ayant « un léger retard mental ». Cependant, le médecin exclut toute forme d’altération du discernement.

« Vous avez pris un diamant et vous l’avez brisé », regrette Me Vianney Plainguet, l’avocat de l’adolescente.

« Vous avez brisé cette jeune fille. »

En défense, Me Guillaume Fallourd a la difficile tâche de défendre ce que Rémi Coutin qualifie d’« indéfendable ».

« C’est un dossier difficile », remarque l’avocat.

« Il a l’impression de ne pas être compris. Mais lorsqu’on le bouscule un peu, il reconnaît que c’est lui le problème. »

L’avocat se retourne vers son client :

« Vous êtes à moitié débile, monsieur ! »

Pour Me Fallourd, « même s’il ne présente pas tous les éléments de l’altération du discernement », le prévenu « en coche plusieurs cases ».

L’homme est condamné à sept ans de prison ferme (*). Il est maintenu en détention. À sa sortie de prison, il devra s’astreindre à un suivi sociojudiciaire avec obligation de soins pendant dix ans.

Il est de nouveau inscrit sur le fichier des délinquants sexuels.

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