Chancenay | Agression sexuelle : huit ans de prison ferme

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« On arrive à filmer des attaques au couteau et moi, on ne filme pas ! »
La réaction de la victime et la courageuse intervention de cinq collégiennes et collégiens a permis de mettre l’agresseur en fuite, jeudi 8 juin 2023, à Chancenay. Un homme au lourd passé judiciaire. Un délinquant sexuel récidiviste condamné à huit ans de prison ferme.

Le chant des oiseaux s’échappe d’une fenêtre, place aux cris étouffés d’une enfant de 12 ans.

La victime a fêté son anniversaire le 3 juin 2023.

Ses parents ont décidé de lui autoriser, « pour la première fois », à rentrer du collège en trottinette.

Le 8 juin, aux environs de 15 h 15, cette mineure emprunte une piste cyclable bordant le canal.

Un parcours sécurisé, sécurisant pour enfant et parents.

La victime croise un groupe d’adolescents.

Quelques secondes plus tard, ces collégiens voient un homme arriver à vélo.

Elvis F. leur demande des feuilles à rouler avant de reprendre sa route. Un des adolescents a un mauvais pressentiment.

Elvis F. arrive à hauteur de la collégienne, l’homme pose des questions à l’enfant, cette dernière fait mine de ne pas entendre.

Soudain, Elvis F. saisit la trottinette avant de prendre la victime par le bras et de la conduire sur un banc.

La suite fut racontée par l’enfant.

Elvis F. baisse pantalon et short puis saisit un des bras de l’enfant pour le diriger vers sa verge.

La victime tente de crier, son agresseur lui place une de ses mains sur la bouche.

La collégienne se débat, dans le même temps, cinq adolescents arrivent sur les lieux.

Selon leurs déclarations, Elvis F. leur explique être le père de la victime avant de les menacer.

Ces mineurs furent entendus.

« Il avait le pantalon baissé », dit le premier témoin.

« Il avait le pantalon baissé, j’ai vu son sexe », dit le second témoin.

« Il avait le pantalon descendu à mi-cuisses, j’ai vu ses fesses », dit le troisième témoin.

« Il avait le pantalon aux genoux », dit le quatrième témoin.

« On voyait son caleçon »dit le cinquième témoin.

« Des mensonges ! »

Présenté, lundi 12 juin 2023, en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel, le prévenu, condamné par le passé pour agression sexuelle, aura assuré avoir agi par méprise. Il est défendu par Me Tribolet.

« J’ai été menacé de mort par une femme sur les réseaux sociaux, j’ai cru que c’était sa fille, elle lui ressemble, je lui ai dit de venir, je lui ai mis une main sur sa bouche quand elle a commencé à crier et lui ai dit que si sa mère continuait, j’allais la défoncer ».

Véhément, rappelé à l’ordre par Madame le président Charef, le prévenu réfuta avoir baissé son pantalon et avoir eu le moindre comportement à connotation sexuelle.

Les déclarations de victime et témoins ?

« Des mensonges ! »

« Cette jeune fille a indiqué à monsieur comment elle s’appelait », évacua le procureur.

Le prévenu aurait décidé d’entraîner l’enfant sur un banc « situé dans un endroit peu visible, au creux d’un renfoncement ».

Il s’agit aux yeux de l’accusation d’une agression sexuelle et non d’une tentative.

« Il y a eu un commencement d’exécution et un désistement non volontaire. (…)Il s’agit de l’acte d’un prédateur sexuel à la recherche d’une victime vulnérable, d’une proie »

poursuivit le procureur avant d’appeler le tribunal, « pour protéger la société », à condamner le récidiviste à dix ans de prison ferme.

Décision ? Huit ans de prison ferme.

Une peine complétée d’un suivi socio-judiciaire d’une durée de dix ans comprenant une injonction de soins.

« Dix-huit ans et six mois en prison »

Condamné à huit ans de prison ferme, maintenu en détention et par ailleurs visé par une révocation à hauteur de cinq mois d’une précédente peine partiellement assortie d’un sursis, Elvis F. a passé « 18 ans et six mois » entre quatre murs.

Agé de 44 ans, le Haut-Marnais, un temps établi à Metz, a été condamné à deux reprises pour agression sexuelle.

Comptant 18 mentions à son casier, autant que d’années passées en détention, sous le coup d’un suivi socio-judiciaire et d’un sursis probatoire, inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijaisv), père d’une enfant qu’il ne veut pas voir, « ma fille, je m’en fous », Elvis F. était sorti de détention en juillet 2022.
Une expertise psychiatrique excluant la moindre altération ou abolition du discernement pointe des « tendances transgressives » et des « comportements dyssociaux » favorisés par des « troubles addictifs apparus dès l’âge de 11 ans ».

Un homme aux réactions particulières à l’image d’une réponse lourde de sens lancée au tribunal.

« On arrive à filmer des attaques au couteau et moi, on ne filme pas ! »

Quelques minutes plus tôt, l’avocat des parties civiles avait, dans l’attente d’une expertise psychologique d’une victime « en état de choc à l’arrivée des policiers », souligné le trouble à l’ordre public généré par cette agression.

« Au regard de cette affaire, des parents vont naturellement se dire que leurs enfants ne peuvent pas faire de la trottinette sans craindre de se faire agresser par un pointeur ».

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