Centrafrique | L’ex-secrétaire national de Caritas en Centrafrique au cœur d’une enquête pour pédophilie

Un prêtre déjà condamné en Belgique, et interdit d’exercer auprès de mineurs, est accusé d’abus sexuels en Centrafrique où il a assuré une mission de six années.

Camp de déplacés de Kaga Bandoro. FLORENT VERGNES / AFP

L’ONG catholique Caritas au cœur de la tourmente en Centrafrique. A la suite du dépôt d’une plainte le 7 octobre à l’encontre de l’ancien secrétaire national de l’organisation pour la Centrafrique, pour des abus sexuels présumés sur mineur, dans les villes de Kaga Bandoro (au nord du pays) et dans la capitale, Bangui, le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a décidé, « à titre conservatoire, de suspendre toute collaboration avec Caritas, jusqu’à ce que les enquêtes qui sont en cours aboutissent », précise son bureau de communication.

« Au sein de l’équipe humanitaire pays, organe de gestion stratégique pour toutes les actions humanitaires, qui regroupe l’ensemble des organisations onusiennes, nationales et internationales, la politique pour les abus et l’exploitation sexuels, c’est la tolérance zéro envers les personnels qui travaillent ici, mais aussi avec les partenaires, qui sont là pour aider les personnes en détresse comme Caritas », ajoute l’Agence.

L’affaire concerne un prêtre de la congrégation des Salésiens arrivé en Centrafrique en 2015 pour coordonner les activités de Caritas dans la ville de Kaga Bandoro avant d’être plébiscité au poste de secrétaire national de l’organisation humanitaire.

L’organisation catholique Caritas, liée au Vatican, effectue en effet de nombreuses missions de développement et d’assistance aux victimes du conflit entre groupes armés et gouvernement qui sévit depuis 2013 dans ce pays d’Afrique centrale.

Elle apporte également un soutien aux jeunes vulnérables, parmi lesquels de nombreux enfants issus des groupes armés.

Pour cela, elle peut s’appuyer sur des organisations catholiques comme la congrégation des Salésiens fondée au XIXe siècle par Don Bosco, basée en Belgique mais présente sur les cinq continents, et notamment dans cet État d’Afrique centrale, pour une mission d’éducation et plus largement d’aide aux jeunes les plus vulnérables.

Selon la presse belge, le prêtre en question a déjà été poursuivi en Belgique pour des faits d’attouchements sur mineurs remontant à 2001, alors qu’il était éducateur au pensionnat de l’école Don Bosco de Gand.

En 2009, il avait également été arrêté avec des vidéos pédopornographiques.

Condamné en 2012 à dix-huit mois de prison avec sursis, cinq ans de privation de droits civiques et l’obligation de suivre un traitement psychologique.

La Cour criminelle de Gand avait assorti sa peine de dix ans d’interdiction d’exercer un travail au contact de mineurs.

Pourtant, un an plus tard, en 2013, l’homme prend le poste de chef de mission à Kaga Bandoro, où Caritas vient en aide aux nombreuses familles de déplacés.

Et selon une source proche de ce prêtre, lorsqu’il passait à Bangui, ce dernier était hébergé au centre Don Bosco, un centre éducatif qui travaille lui aussi avec des enfants vulnérables.

Une mission qui n’aurait pas dû avoir lieu

A l’heure où ce prêtre quittait la Centrafrique, fin juin, la fondation belge catholique Dignity, qui lutte contre les abus sexuels au sein de l’Église, avait déjà déclaré à La libre Belgique que la mission que venait d’assurer cet homme durant deux ans n’aurait jamais dû avoir lieu.

Une source interne à l’église catholique centrafricaine rappelle par ailleurs au Monde Afrique que « le prêtre a commencé sa mission à Kaga-Bandoro alors que l’évêque de ce diocèse, Albert Vanbuel, était lui aussi un Salésien d’origine belge et que deux ans plus tard, en 2015, l’évêque Vanbuel, âgé de 75 ans, a démissionné de son poste, devenant évêque émérite ».

L’enquête judiciaire a été confiée à la section de recherche et d’investigation de la gendarmerie de Bangui.

Source : Le Monde

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