Castelnau-d’Auzan Labarrere | Un grand-père relaxé pour des accusations d’attouchements sexuels sur ses deux petites-filles de 8 et 12 ans

La relaxe pour le papi accusé d’attouchements sur mineures

grosses piles de dossiers en justice

 Deux de ses petites-filles déclaraient que leur papi s’était livré sur elles à des attouchements. À l’exercice du «parole contre parole», c’est le doute qui l’a emporté en faveur du prévenu.

Enis* ne sait pas trop où se tenir, dans le tribunal. A 62 ans, cet ancien ouvrier agricole prend sa retraite le lendemain de l’audience, et c’est la première fois qu’il se présente à la barre. Il est né en Albanie, et comprend le français aussi mal qu’il le parle.

Quand la présidente lui lit les chefs d’accusation et le récit tiré des procès-verbaux, il acquiesce, interrompt, se récrie. On l’accuse d’avoir pratiqué, de décembre 2015 à juillet 2016, des attouchements sur ses deux petites-filles, âgées alors de 8 et 12 ans, tandis qu’il les gardait le week-end, à Castelnau-d’Auzan Labarrere.

La plainte cependant n’est pas partie de la famille, mais du collège de la plus âgée, où son récit avait fini par alarmer des adultes. Ni les enfants ni leurs parents n’étaient présents à l’audience de cette affaire passablement embrouillée.

Car si le grand-père garde les fillettes et leur frère, ce n’est pas vraiment par amour familial. L’homme, gros parieur du tiercé, a fait appel à son fils pour remplir son dossier de surendettement. Le prix à payer : garder les enfants tous les week-ends. Car le couple de son rejeton aime sortir.

Le grand-père, avec une diction difficile à suivre, raconte sans cesse deux anecdotes : une chute où il a en effet rattrapé la plus grande par la poitrine, et une histoire de vers dans la culotte de la petite. Mais il nie avec force tout le reste.

Les mots complexes de la justice et la simplicité du langage de l’ancien ouvrier agricole s’accommodent mal de la barrière de la langue, mais il n’y a pas d’interprète pour fluidifier le dialogue. La présidente peine à lui tirer des explications sur ses relations avec les deux enfants. On comprend qu’elles n’appréciaient guère d’être gardées par leur papi, qu’elles auraient préféré passer leur week-end avec leurs parents, et que le papi trouve qu’elles mentaient beaucoup.

L’avocat des deux enfants et de leur mère avance la spontanéité des déclarations – répétées – des petites filles. Il appuie également sur le témoignage de deux proches de la mère : la grand-mère maternelle et une amie. Les enfants leur ont tout raconté. Un point que souligne également le Parquet.

«Elles ont parlé à de nombreuses personnes sans varier d’un iota en un an et demi de procédure.»

Me Planterose, l’avocat d’Enis s’engouffre dans un problème de date. Les deux adultes confidentes racontent ces faits aux gendarmes vers Noël 2016. Entendues 15 jours plus tard, malgré l’insistance de l’enquêtrice, les enfants ne disent pas en avoir parler à quiconque. «Quelqu’un ment.» Or, ce croisement des témoignages est l’un des seuls faits objectifs du dossier, où les attouchements décrits ne sont jamais datés.

Il revient sur le «prix» à payer par son client. La crise éclate le jour où Enis décide de rompre le marché, pour récupérer ses week-ends : il avait pris une licence de pétanque ! Et la femme du fils d’Enis, même les enfants le disent, menace de le quitter si elle ne peut plus sortir. À la faveur du témoignage de l’ancienne maîtresse de celle-ci, Me Planterose évoque une femme manipulatrice, volage, un ménage «à la vie dissolue», peu soucieux de ses enfants…

«Les parents ne sont pas à l’audience. La plainte ne vient même pas d’eux. Et trois procès-verbaux attestent de la difficulté à faire venir leur mère pour une audition. Cela a pris plus de 3 mois !»

Le doute profite à l’accusé : Enis a été relaxé.

*Le prénom a été modifié

Source : ladepeche

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