Carentan | Poursuivi pour « agression sexuelle incestueuse », il incrimine sa petite-fille

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Pédocriminel En liberté

La jeune femme évoque également une fellation, soit, un viol
Poursuivi pour agressions sexuelles et inceste, un septuagénaire résidant à Carentan (Manche) a rejeté la faute sur sa petite-fille lors du procès.

Un habitant de Carentan (Manche), âgé de 78 ans, est poursuivi pour « agression sexuelle incestueuse » à l’encontre de sa petite-fille quand elle avait de 10 à 14 ans. Il a fait appel de sa condamnation à trois ans d’emprisonnement ferme, prononcée en première instance en juillet dernier. Son dossier a été examiné ce mercredi par la cour d’appel de Caen.

À l’origine de cette affaire, des informations « préoccupantes » transmises en 2015 au procureur de la République dans le département de l’Yonne, où le mis en cause avait d’abord résidé, concernant une lycéenne qui avait tenu des propos suicidaires auprès de camarades.

Elle avait dénoncé des attouchements subis, étant plus jeune, de la part de son grand-père.

Une enquête préliminaire avait été ouverte mais la jeune fille s’était montrée réticente à évoquer les faits dénoncés. Elle avait expliqué avoir gardé le silence jusqu’ici par peur de la réaction de ses parents. La lycéenne n’avait pas souhaité déposer plainte car elle était persuadée que son grand-père allait la faire passer pour une menteuse.

La petite-fille avait évoqué des attouchements, commis à Carentan et dans l’Yonne, au niveau du sexe, de la poitrine et des fesses, par-dessus ou dessous les vêtements, ainsi qu’un épisode de fellation. La période de prévention s’étendait de janvier 2010 à janvier 2014.

Placé en garde à vue, le grand-père avait contesté toute atteinte sexuelle. Il avait toutefois admis avoir touché la poitrine et le sexe de sa petite-fille mais, selon lui, à son initiative à elle, au point d’estimer s’être :

« Bien fait avoir ».

Il avait par ailleurs indiqué avoir une sexualité réduite avec son épouse, avec qui il était marié depuis plus de 50 ans, en raison d’un traitement perturbant sa libido.

Contrairement à la première audience devant par le tribunal de Coutances, le septuagénaire, dont le casier ne compte aucune mention, ne s’est pas présenté devant les juges caennais ce mercredi. Son avocate a mis en avant des troubles auditifs l’empêchant de prendre part aux débats.

La petite-fille, elle, était bien là. Invitée à prendre la parole à la barre, elle a décrit un « procès éprouvant ».

Elle rapporté :

« Il disait ne pas entendre quand je parlais, alors qu’à chaque fois, il soupirait ou faisait un commentaire. Je tenais à être présente parce que c’est important pour ma reconstruction. »

« Je ne me suis jamais présentée déshabillée devant lui. À aucun moment, je n’ai pu me promener toute nue. »

Aujourd’hui âgée de 22 ans, elle est étudiante en école d’ingénieur. Un parcours salué par l’avocat général selon qui il est :

« Peu fréquent qu’une victime d’agression sexuelle atteigne ne serait-ce que le niveau du baccalauréat ».

Son avocate a fustigé le comportement du grand-père durant la procédure.

« Même devant le tribunal, il a soutenu que les faits avaient été commis à la demande de (sa cliente) avec des propos tout simplement impensables, a qualifié l’avocate. Des propos qui salissent Mademoiselle, la présentant comme une dévergondée. »

Elle a par ailleurs réclamé la confirmation de la décision sur le plan civil, à savoir l’allocation de 3 000 € à chacune des parties civiles, la petite-fille et ses parents.

L’avocate de la partie adverse a enchaîné :

« Il n’a jamais été question de plaider la relaxe. Il a fait appel en raison de la peine ferme. La question est : convient-il de l’incarcérer ? Je considère que non. »

L’avocate a mis en avant l’état de santé « préoccupant » de son client et le fait qu’il n’y ait pas eu d’autres victimes à déplorer depuis cette affaire.

« Et il n’y en aura pas d’autres. »

Elle a terminé en proclamant :

« Il ne s’agit pas de revoir le quantum car il faut qu’il soit sanctionné, mais d’une peine assortie du sursis »

L’avocat général a lui-même requis une peine, encore aménageable, avec sursis probatoire renforcé. La cour d’appel de Caen fera connaître sa décision début mars.

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