Carcassonne | Quinze ans de réclusion requis pour un quinquagénaire accusé de viols de sa belle-fille mineure

“Les viols incestueux sont suffisamment caractérisés. Après avoir déclaré Serge Roualdès coupable, je vous demanderai de le condamner à la peine de 15 ans de réclusion criminelle, ainsi qu’à un suivi sociojudiciaire de 10 ans à sa sortie de prison, et de l’inscrire au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS)”. C’est la peine requise par l’avocat général Éric Lapeyre, à l’encontre de Serge Roualdès, ce quinquagénaire accusé d’avoir commis des viols incestueux sur sa belle-fille, de mars 2012 à décembre 2014, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans.

L’avocat général, Eric Lapeyre. Photo Ch.B

Tout au long des deux jours de débats, les avocats des trois parties civiles, représentant Julie (1), la victime, sa mère Simone (1), et son père, ainsi que les différents témoins et experts, se sont attachés à faire la lumière sur les faits.

Hier, durant la dernière journée du procès, Julie est venue à la barre pour s’exprimer :

«Il y a une chose vraiment importante pour moi, c’est que la justice reconnaisse ce que j’ai vécu.

Qu’il avoue, pour m’aider à avancer», a-t-elle expliqué à la cour et aux jurés.

Mais Serge Roualdès n’a pas avoué.

Tout au long de l’audience, et alors qu’il avait reconnu les faits durant l’instruction, avant de se rétracter, l’accusé a soutenu n’avoir jamais violé sa belle-fille.

Une position qui lui a valu d’être qualifié de «pervers, menteur, manipulateur et narcissique», tant par Gérard Bouissinet, avocat de Julie, et Frédéric de Rinaldo, celui de la mère de la victime, qui s’est notamment appuyé sur des rapports d’experts psychologues et psychiatres.

«Cette page est importante pour Julie et sa mère aussi.

Quand la page judiciaire sera tournée, la page de la reconstruction pourra s’ouvrir», a également plaidé ce dernier.

«Serge Roualdès est un menteur.

Il reconnaît les faits, mais a minima.

Il parle des mêmes lieux que ceux décrits par Julie, pourtant il n’a pas accès au dossier.

Ensuite, il va tenter de se victimiser, disant, «Si j’ai reconnu, c’est parce que j’avais peur qu’elle se suicide».

C’est un violeur.

Ce qu’il a fait, ce sont des actes de viols.

Elle était son objet sexuel, sa chose, sa propriété.

Pourquoi aurait-elle inventé ?

Sa parole est constante, limpide, elle décrit les faits précisément», a soutenu Me Bouissinet pour les intérêts de la victime.

Pour la défense, Me Sébastien Leguay a d’abord demandé aux jurés de «ne pas faire le procès de toute une vie», revenant sur l’enfance et le début de vie difficile de Serge Roualdès.

Il a également expliqué :

«Quand on a deux déclarations qui s’opposent, on se rapporte à des éléments matériels et objectifs.

Ici, il s’agit de deux expertises gynécologiques».

Dans le premier, le médecin soulignait que l’aspect de l’hymen n’était pas compatible avec les faits rapportés par la victime.

Le second, notait un hymen complaisant (qui peut laisser passer une pénétration sans défloration), qui n’infirmait ni n’affirmait les dires de la jeune fille.

«Ce 2e rapport dit «ça n’exclut pas».

Mais ne pas exclure, ce n’est pas démontrer», a plaidé Me Leguay.

Les derniers mots de l’audience ont été de l’accusé, pour sa belle-fille et sa femme :

«Julie, Simone, vous savez que mon idéal c’est la famille.

Il y avait des vides que j’ai essayé de combler.

Ce que j’ai entendu, tout au long de l’instruction et ces derniers jours, ça ne me plaît pas.

Je ne suis pas comme ça.

Je n’ai jamais manipulé consciemment, et je regrette d’avoir fait du mal, c’était involontaire».

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Source : La Dépêche

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