Canada | Contacts sexuels: l’ex-maire de Montréal-Nord écope de six mois de prison

La victime de ses attouchements sexuels est marquée à vie, a-t-elle dit à la cour

Les avocats de Gilles Deguire ont demandé aux agents correctionnels de veiller à assurer sa protection en prison, car l’ex-maire de Montréal-Nord est un ancien policier.

PHOTO PIERRE-PAUL POULIN

L’ex-maire de Montréal-Nord et ancien policier Gilles Deguire a écopé de six mois de prison pour avoir fait des attouchements sur une mineure qui se dit traumatisée à vie.

«Cet homme m’a carrément détruite, il m’a volé mon adolescence et ma future vie», a déclaré la victime de Deguire vendredi au palais de justice de Montréal.

L’adolescente de 16 ans, dont on ne peut révéler l’identité, a livré un émouvant témoignage où elle a affirmé qu’elle ne pourra tourner la page sur les agressions qu’elle a subies entre 2013 et 2015.

«On me dit que je dois apprendre à vivre avec ça, mais c’est plus facile à dire qu’à faire, a-t-elle dit alors que Deguire gardait la tête basse. À cause d’un homme, j’ai peur d’à peu près tout. J’ai peur pour mon avenir. Le désespoir, c’est un des pires sentiments au monde.»

Depuis les attouchements, la victime est traumatisée et entretient des idées suicidaires, a-t-elle ajouté. Elle est d’ailleurs sous médication pour soigner une dépression.

Ex-policier

La mère de la victime a également témoigné en disant que sa fille était «une battante» malgré le traumatisme de l’agression.

La mère a décrit les dommages que les contacts sexuels ont causés à sa famille, et particulièrement à sa fille, qui a vu ses résultats scolaires chuter.

«Ma fille est brisée à l’intérieur», a déploré la femme.

Deguire, qui a eu une longue carrière de policier, s’est pour sa part confondu en excuses vendredi.

«Mille excuses, que le Seigneur me pardonne», a dit l’accusé de 67 ans. Il a également dit espérer pouvoir faire un jour amende honorable.

Me Louise Blais, de la Couronne, a toutefois rappelé qu’en tant qu’ex-policier, Deguire savait très bien à quel point un enfant peut être marqué à vie lorsqu’il est abusé.

Abus

Mais il n’avait visiblement pas pensé aux conséquences lorsqu’il s’en était pris à sa victime une première fois, dans un chalet. Chaque fois qu’il la revoyait, il l’embrassait sur la bouche.

«Chaque fois, il aspirait une partie de mon âme et ma joie de vivre», a commenté la victime.

Une fois, Deguire a caressé les parties intimes de la victime dans une voiture.

La victime a porté plainte et Deguire a finalement plaidé coupable à une accusation de contacts sexuels.

«C’est une triste situation où vous avez abusé d’une petite fille», a commenté la juge Myriam Lachance avant de condamner l’accusé.

En plus de sa peine de prison, Deguire a écopé d’une probation de deux ans. Il devra aussi respecter une série de conditions qui limiteront ses contacts avec des mineurs.

Il était défendu par les avocats Frank Pappas et Alexandre Bergevin. Ils n’ont pas commenté la sentence, qui était une suggestion commune des parties.

Avant que leur client ne soit envoyé en détention, les avocats ont rappelé aux agents correctionnels que Deguire est un ancien policier, visiblement pour que des mesures soient prises afin d’assurer sa sécurité.

CE QU’ILS ONT DIT

« Je ne comprends pas pourquoi il m’a choisie moi, pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Pour une victime, c’est très dur. »

« Je dois vivre avec, c’est impossible de tourner la page ou de la déchirer. »

« Encore aujourd’hui, tout mon corps a mal. Avant, sourire n’était pas une obligation. »

– L’adolescente victime de Gilles Deguire

« Cette situation m’a perturbé énormément, mon repentir est sincère. »

« Ça ne réparera jamais les dommages, mais je suis tellement désolé. »

« Je demande pardon, je m’excuse auprès de la victime et de sa famille. »

– Gilles Deguire

Source: Le Journal de Montréal

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