Blois | L’oncle reconnu coupable d’agression sexuelle incestueuse n’ira pas en prison

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Son neveu n’était âgé que de 12 ans lors de l’abus…
Devenu quinquagénaire, l’homme a toujours nié avoir commis une agression sexuelle sur son jeune neveu en 2006. La justice ne l’a pas cru.

Le tribunal jugeait mardi 18 janvier un dossier d’agression sexuelle commis par un oncle sur son jeune neveu. L’infraction reprochée datait de plus de 15 ans mais elle a marqué à jamais la vie de la victime, encore profondément bouleversée à l’heure du procès.

Cette audience fut d’autant plus pénible pour le jeune homme qui a dû faire face à un oncle en apparence sourd à sa détresse et qui a nié jusqu’au bout.

Comme l’a précisé la présidente Maggy Deligeon, l’affaire remonte à l’été 2006. Le plaignant, alors âgé de 12 ans et demi, passait des vacances au bord de la mer avec ses grands-parents, sa sœur aînée et son oncle qui avait 39 ans.

Ce dernier couchait sur un canapé-lit installé au rez-de-chaussée. Un soir, l’adolescent a demandé à rester en sa compagnie pour discuter et regarder la télévision.

« Votre neveu vous aurait demandé au cours de la conversation ce qu’était la masturbation. Au lieu de lui répondre, vous l’auriez masturbé avant de lui faire une fellation. »

Tétanisé, le jeune garçon n’a pas pu réagir.

Le lendemain matin, il s’est confié à sa sœur aînée en lui faisant promettre de ne rien dire. Après ce séjour, cette dernière a provoqué une discussion avec leurs parents, ce qui a conduit la mère à téléphoner à l’oncle pour exiger des explications. Ce dernier a nié en bloc.

L’adolescent a demandé à ses parents de ne pas alerter la justice. Il a préféré attendre d’être parvenu à l’âge adulte pour dénoncer son oncle.

À la barre du tribunal, comme devant les enquêteurs, cet homme devenu quinquagénaire a de nouveau contesté.

« Mon neveu n’est jamais redescendu pour me rejoindre ce soir-là, je me couchais de bonne heure car je suivais un traitement médical. »

Alors comment expliquer une accusation aussi grave ? Dans un premier temps, le prévenu a évoqué un complot ourdi pour lui soutirer de l’argent, mais la juge remarque que ses ressources sont modestes.

« Je pense qu’une partie de famille s’est liguée contre moi parce que je suis homosexuel, pour eux, j’étais la dernière roue du carrosse », avance l’oncle.

Là encore, l’explication ne tient pas car il y a d’autres homosexuels dans son entourage et aucun d’eux n’a été mis au ban de la famille.

« Quel intérêt aurait eu un gamin de cet âge à vous accuser alors qu’il vous appréciait comme oncle ? », lui demande le substitut Florent Schmittler.

L’homme décrit comme « introverti » par l’expertise psychiatrique, n’a pas d’explication à fournir. On apprend qu’il est séropositif et que son travail lui permet d’oublier sa maladie. Fervent catholique, il est également investi dans des actions caritatives.

Très ému, son neveu est invité à prendre la parole.

« Cette histoire remonte à longtemps, mais on ne se rend pas compte de l’impact qu’elle a encore sur ma vie. Avant, je la cachais dans une case comme si tout cela n’avait jamais existé. Je me suis toujours demandé si tout cela était arrivé par ma faute. J’avais peur aussi de devenir homosexuel et séropositif. Aujourd’hui, je n’ose pas donner le bain à ma petite fille ni la changer de peur d’avoir des pensées bizarres. Je veux que la vérité éclate et qu’on me considère comme une victime. Quand je vois qu’il est incapable d’assumer et qu’en même temps il se revendique d’être croyant et honnête… »

Assis sur le banc, l’oncle fixe le sol du regard, sans aucune réaction.

L’avocate du jeune homme, Me Sandrine Audeval, explique qu’il ne veut pas la vengeance mais la justice, et décrit la souffrance de ses parents qui eux aussi éprouvent un fort sentiment de culpabilité.
Le représentant du ministère public n’a pas de doute sur la réalité de l’accusation et requiert huit mois de prison avec sursis.

« Le plaignant a été constant dans ses déclarations, les symptômes décrits sont évocateurs d’une victime d’abus sexuels. Le prévenu n’ose pas avouer et prendre ses responsabilités. »

Les avocats du prévenu, Me André Mongo et Me Roger Mabouana, plaident la relaxe au bénéfice du doute.

« Une défense maladroite n’est pas un aveu de culpabilité et la parole d’un enfant n’est pas nécessairement sacrée » déclare le premier qui s’étonne d’une révélation aussi tardive, non seulement de la part du jeune homme mais surtout de ses parents qui pourtant savaient depuis le début.

L’avocat tourangeau ne voit aucun signe d’un retentissement provoqué par une agression sexuelle dans le parcours du neveu notamment en termes de résultats scolaires. Son confrère enchaîne sur l’orientation qu’on a voulu donner au dossier en raison de l’homosexualité du mis en cause et de sa foi catholique à l’heure « où les curés ne sont pas en odeur de sainteté ».

L’argumentaire n’a pas convaincu le tribunal qui a condamné l’oncle à 1 an de prison avec sursis, peine assortie de son inscription au fichier des auteurs d’infractions à caractère sexuel.

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