Besançon | L’ancien entraîneur de rugby condamné à dix ans de réclusion pour viols

Reconnu coupable de viols et agressions sexuelles sur deux jeunes joueurs de 13 ans à l’époque des faits, l’ancien entraîneur de rugby d’un club rural du Doubs a été envoyé en prison pour dix ans. Le parquet avait requis huit ans.

« Pendant vingt-deux mois, à raison d’au moins deux fois par mois, cela fait au moins quarante-quatre faits de viols et agressions sexuelles pour l’une des victimes. Auxquels il faut ajouter les cinq autres agressions commises un an plus tard sur la seconde. Le tout par un homme qui avait plus de 30 ans quand les jeunes joueurs qu’il entraînait en avaient 13 », résume l’avocat général Manteaux.

Fustigeant « un entraîneur de rugby qui par son poste avait un véritable vivier pour assouvir ses pulsions », il souligne que « comme tout agresseur sexuel, il a repéré les plus fragiles et dociles, ceux qui se laisseraient faire ».

Et de requérir huit ans d’emprisonnement assortis d’une interdiction définitive d’exercer toute activité bénévole ou professionnelle en contact avec des mineurs.

« Prisonnier de ce terrible secret »

Auparavant, Mes Serri et Pichoff, avocats des parties civiles, avaient souligné les traumatismes durables infligés aux victimes.

S’ils sont désormais insérés et pères de famille, les abus qu’ils ont subis ont « changé leurs vies et leurs personnalités à jamais », indiquera Me Serri. Me Pichoff, intervenant pour le premier adolescent victime, celui qui a subi les viols deux années durant, parlant d’un « jeune homme toujours à vif qui a été tenté par la vengeance mais a heureusement opté pour la justice en portant plainte après avoir durant de longues années été prisonnier de ce terrible secret ».

Sachant qu’au moment de la plainte, en 2012, l’accusé venait d’être condamné un an plus tôt à neuf mois avec sursis pour corruption de mineur sur un autre jeune de plus de 15 ans avec lequel il avait entretenu des rapports tarifés.

« Il a usé de ses fonctions d’entraîneur et de son autorité pour abuser de ces jeunes », a ainsi considéré Me Serri. Me Pichoff faisant chorus en relevant que « celui qui aurait dû être un repère positif s’est transformé en violeur et en agresseur sexuel ».

Parlant d’« immaturité affective » à l’époque des faits et rappelant les deux viols dont l’accusé dit avoir été lui-même victime (le premier au lycée, à l’âge de 14 ans et le second lors de son service militaire), Me Hakkar, pour la défense, a souligné l’« électrochoc » qu’a constitué pour lui le jugement de 2011.

Avec « la prise de conscience » qui en a résulté et « les soins entrepris depuis maintenant huit ans », au point qu’il « n’y a pas eu de réitération depuis maintenant dix ans, les faits pour lesquels il a été jugé en 2011 datant de 2009 ».

« Jamais je ne pourrai réparer le mal que je vous ai fait »

« Je suis conscient du mal que j’ai fait », a lancé l’ex-entraîneur au terme de ces deux jours de procès.

Et, se tournant vers ses deux victimes :

« Jamais je ne pourrai réparer ce que j’ai fait. Je vous souhaite de pouvoir vous réparer. Et moi aussi j’ai besoin de suivi. »

Aujourd’hui âgé de 45 ans, travaillant et nourrissant des projets de mariage avec celle qui partage sa vie depuis maintenant neuf ans, l’accusé comparaissait libre et, placé sous contrôle judiciaire, n’avait jamais effectué un jour de prison.

Il a quitté ce mardi soir le tribunal pour la maison d’arrêt afin de purger les dix ans de réclusion que la cour d’assises lui a infligés. Près de seize ans après les premiers faits.

Et plus de sept ans après leur dénonciation.

“Il était très proche des joueurs, prenait ses douches avec eux. Mais j’étais loin de soupçonner quoi que ce soit.”    Un témoin  Ancien entraîneur du même club de rugby

Source : estrepublicain.fr

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