Bar-le-Duc | 10 ans de réclusion criminelle pour le père violeur

Bar-le-Duc. Assis sur une chaise, béquille à ses côtés, il n’a rien laissé paraître durant les trois jours de son procès devant la cour d’assises de la Meuse. À l’aube de ses 80 ans, cet agriculteur retraité du canton de Saint-Mihiel a continué à nier les faits dénoncés en août 2009 par une fillette de 12 ans.

Celle-ci a confié à un tiers avoir été victime, entre 2006 et 2009, d’attouchements sexuels de la part de l’accusé, un ami de sa mère à qui elle rendait visite pour l’aider dans ses tâches ménagères. Un ami en qui la mère avait une confiance aveugle.
Au point de ne pas croire sa fille lorsque cette dernière avait tenté de lui révéler ces faits en 2006.

La fillette a eu la présence d’esprit d’utiliser un lecteur MP3, offert en cadeau par le septuagénaire, pour enregistrer à son insu des conversations explicites. Pour l’accusation, une preuve irréfutable qui matérialise « la répétition et la véracité des faits ».

Le dossier prend une autre ampleur lorsque la fille de l’accusé, entendue dans le cadre de l’enquête, avoue avoir été victime d’attouchements puis de viols de la part de son père, de 1993 à 1999. Des rapports sexuels imposés entre 13 ans et 19 ans, chaque lundi matin avant son départ pour l’internat. « Sa mère avait quitté la ferme familiale.
Elle la remplaçait, elle était devenue une femme-objet, une Cosette », appuie son conseil, Me Bourel.

« Une emprise massive »

Selon les calculs de l’avocate générale, Sophie Partouche, « 150 faits d’agressions sexuelles et 150 faits de viols » auraient été commis par l’accusé à l’encontre des deux fillettes, sur qui « il exerçait une emprise psychologique massive ».
Un homme à la personnalité « déviante, égocentrique, violente, perverse », décrit par les experts comme « autoritaire, tyrannique, despote et inaffectif ».

De ce vil portrait, l’avocate générale extrait l’âge d’un accusé « à la dangerosité majeure », qui « ne doit pas être un obstacle à son incarcération ». Et de requérir une peine de 15 ans de réclusion criminelle.

En défense, Me Hel tente d’instiller le doute dans l’esprit des jurés, pointant « des zones d’ombre » qui doivent conduire à un acquittement. « Même s’il a eu un comportement dégueulasse avec ses enfants, sans amour, il a été élevé comme ça. On ne peut donner plus dans la vie que ce qu’on a reçu ». Pour lui, le témoignage de la fillette n’est pas fiable. « Elle était déjà détruite dans une guerre entre ses parents défaillants. Elle a montré qu’elle était capable de mentir ». L’enregistrement ? « En dehors des termes crus employés, rien ne démontre une agression ».

Et si la morale de son client est condamnable, Me Hel indique que seul le droit doit s’appliquer dans un dossier « sans preuve matérielle avérée ». Quant aux dires de la fille de l’accusé, il les place sur le compte d’un conflit lié à un héritage. « Sa sanction, c’est de vivre seul aujourd’hui… »

Après 3 h 30 de délibéré, la cour d’assises de la Meuse a condamné le père violeur à 10 ans de réclusion criminelle. Arrivé libre à l’audience, l’octogénaire a été incarcéré. Son conseil envisageait dès hier soir d’interjeter appel.

Source: http://www.estrepublicain.fr/

Source(s):