Amiens | Cédric Rohaut jugé pour infanticide, actes de tortures et de barbarie et viols

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Kleony, 4 ans, n’a pas survécu à son beau-père tyrannique. Sa mère également jugée…
Fan de la Reine des neiges, Kléony était scolarisée en maternelle à l’école Voltaire, puis à l’école Schweitzer à Amiens
10 mois avant, l’aînée avait été entendue par la police suite à des violences du beau-père. 8 mois avant, son collège avait demandé un placement en urgence des enfants. 6 mois avant, l’éducation nationale s’inquiétait des absentéismes. 5 mois avant, la mère a refusé la visite des service sociaux…

Cédric Rohaut, 34 ans, répond cette semaine d’actes de torture et de barbarie sur une fratrie de cinq enfants, en 2018 à Amiens.

Leur mère est également jugée.

Ce matin-là, Kleony, 4 ans et demi, ne voulait pas prêter ses Lego à sa petite sœur, 18 mois. C’est pour ce motif que la petite est morte à l’issue d’une journée à subir des violences inouïes.

Son beau-père de l’époque, Cédric Rohaut, 34 ans, répond de sa mort cette semaine devant la cour d’assises de la Somme. Il est jugé aussi pour tortures et actes de barbarie sur les quatre frère et sœurs de Kléony, âgés au moment des faits de 18 mois, 10, 12 et 14 ans, et viol sur l’aînée de la fratrie.

Sa mère, Julie Varlet, 35 ans, comparait à ses côtés pour violences habituelles et non-dénonciation de crime.

Quand elle avait téléphoné aux pompiers quand sa fille est tombée inconsciente, ce 21 novembre 2018, peu avant minuit, elle avait fait croire à un accident : Kleony a été renversée par une voiture alors qu’ils allaient au McDo, et le conducteur a pris la fuite. Le mensonge ne résistera pas longtemps.

La mère et le beau-père, qui habitaient dans le quartier Saint-Leu, ne s’étaient installés que depuis quelques mois à Amiens-Nord. Les voisins n’avaient rien deviné des sévices subis par les enfants.

Kleony décède deux jours plus tard à l’hôpital d’un traumatisme crânien grave « d’origine non accidentelle ».

Les médecins ont relevé de multiples ecchymoses et hématomes sur son corps, d’âges différents. Des constatations qui montrent qu’elle était battue.

Pour les policiers et le parquet, il n’a pas été nécessaire d’attendre cette issue fatale et les expertises médicales pour comprendre qu’ils avaient là une affaire exceptionnelle par l’atrocité des violences et la jeunesse des victimes.

Quand les policiers sont revenus dans l’appartement où vivait la fratrie, rue Pierre-et-Maurice Garet, à Amiens-Nord, ils ont immédiatement remarqué que le seul garçon, pas encore 10 ans, avait des coquards aux deux yeux, des bleus partout sur le visage, et des plaies sur le cou, sur le front et à une oreille, et que sa grande sœur, 12 ans, avait un bras dans le plâtre.

Que leur est-il arrivé ?

Le petit dit qu’il s’est fait agresser pour le vol de son vélo, sa sœur soutient qu’on lui a volé son téléphone, elle aussi subissant des violences.

Mis à l’abri suite à une rapide décision de placement, les enfants raconteront finalement ce qu’ils ont subi. C’est leur beau-père, Cédric Rohaut, qui est à l’origine de leur malheur.

Ce 21 novembre, c’était Kleony qui était dans le viseur, avec le prétexte de ce jouet qu’elle ne voulait pas prêter. Sa mère et ses frère et sœurs ont raconté qu’elle avait été frappée à coups de poing, de pied, soulevée par le col, projetée contre les murs. Le midi, elle n’avait pas eu le droit de manger. Il l’avait assise sur une chaise, lui tordait les bras.

En se moquant d’elle, il a dit :

« Regarde sa tête, on dirait une Zinzin de l’espace ».

Les coups ont repris l’après-midi. Elle n’avait pas le droit de pleurer. Dès qu’elle tombait, elle devait se relever, et ça recommençait.

Les enfants ont raconté qu’il avait essayé de la mettre dans la machine à laver. La petite a subi une douche froide, lavée par sa mère, frappée par son beau-père si bien qu’elle se cognait contre le rebord de la baignoire.

Le soir, Kleony a eu droit de manger une boîte de thon avec du pain. Les coups de poing ont repris ensuite, et les projections au sol.

La petite a fini par s’écrouler, inconsciente.

Quand les pompiers ont emmené l’enfant, le beau-père s’en est pris au garçon de la fratrie, prétextant que tout ça était de sa faute. Il a menacé de le jeter par la fenêtre. Et puis le soir-même, alors que Kleony était à l’hôpital, l’enquête a établi qu’il avait violé une nouvelle fois l’aînée, âgée de 14 ans.

Ce beau-père, qui au moment des faits était recherché pour purger un total de 4 ans et 9 mois de prison suite à des condamnations antérieures, vivait avec les enfants depuis quelques mois.

Il avait été interpellé le lendemain des faits alors qu’il essayait de se cacher dans les parties communes de l’immeuble.

Dans cet appartement où régnait une propreté clinique, tout était bon pour que les punitions pleuvent sur les enfants. Y compris des ordres contradictoires. Les coups de poing, de ceinturon, ou de balai pleuvaient. Ils étaient privés de nourriture, ou contraints d’avaler des produits très épicés. Ils étaient enfermés dans un placard, non sans que du gaz lacrymogène y soit diffusé avant qu’ils y entrent.

Au cours de l’instruction, l’accusé, assisté par Me Nathalie Moreau, a reconnu certains faits en les minimisant et en les expliquant par des défaillances d’éducation de leur mère. Cette dernière, assistée de Me Messaouda Yahiaoui, a soutenu être terrorisée par le trentenaire.

En partie civile, le père des enfants sera assisté par Me Stéphane Daquo, et les enfants par Me Anne-Laure Pillon. Le verdict sera rendu vendredi 25 juin.

 

Comment cette situation de très grande violence a-t-elle pu passer inaperçue ?

Pourquoi les enfants n’ont-ils pas été mis à l’abri avant le drame ?

Dix mois avant, l’aînée avait été entendue par la police suite à des violences du beau-père.

Huit mois avant, son collège avait demandé un placement en urgence des enfants.

Six mois avant, l’éducation nationale s’inquiétait des absentéismes.

Cinq mois avant, la mère a refusé la visite des services sociaux.

L’association « L’enfant bleu-enfance maltraitée » s’est constitué partie civile. L’association estime que :

« Si le manque de moyens des services sociaux et de la justice peut parfois conduire à des dysfonctionnements, la question de leur responsabilité doit clairement être posée ».

La question sera nécessairement abordée lors du procès.

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