Saint-Quentin | 10 ans de prison pour l’agresseur sexuel sur mineur en récidive

Il est présenté comme peu assuré, manquant de maturité, égocentrique et influençable. Un psychiatre l’a expertisé à la limite de la déficience mentale, d’une nature perverse et atteint d’un trouble narcissique.

Dans le box réservé aux prévenus incarcérés, mardi au tribunal correctionnel de Saint-Quentin, Mickaël Leroy, 36 ans, offre un visage dont les traits s’accordent fidèlement avec le portrait que la justice a peint de ce pédophile récidiviste.

L’Aisne ©

Jugé mardi pour agression sexuelle sur une fillette de 9 ans, Mickaël Leroy, récidiviste en la matière, a été condamné à dix ans de prison. Une peine rare en correctionnelle.

Impassible, Mickaël Leroy, brun aux cheveux courts ressemble à un trentenaire comme tous les autres, la parole en moins. Attentif – du moins en apparence – aux débats dont il est le personnage central, l’homme est avare de ses mots.

D’une voix à peine audible, il dit avoir plusieurs enfants, non reconnus, et entretenir une relation épistolaire avec son beau-père. Il aurait aussi des problèmes de mémoire. Sélective, pour Me Lavalois.

« Vous vous souvenez du prénom des enfants, mais pas d’avoir pénétré une fillette de 9 ans. »

Alors majeure, elle évoque demandes de masturbation, des fellations, en tout six à dix agressions sexuelles

Fin 2003, Mickaël Leroy demeure à Saint-Quentin. Il a pour voisins un jeune couple et ses quatre enfants, trois garçons et leur grande sœur, qui n’a pas encore 9 ans. Quartier Europe, la famille n’est pas bien riche, tout comme celle dont est issu le jeune homme, 23 ans à l’époque.

Pour dépanner, il accepte de surveiller la fratrie lorsque les parents partent faire des courses, guère plus d’une heure. Tous les cinq passent le temps en jouant à cache-cache.

Les petits frères éloignés, le baby-sitter se retire alors dans une chambre avec sa proie.

Le prédateur a obtenu un non-lieu pour la pénétration dont l’accuse la victime, acte qui aurait pu le conduire aux assises.

« Si vous niez les faits de viol, l’interroge Jérôme Lavalois, conseil de la jeune femme, n’est-ce pas parce que vous savez ce que vous risquez ? »

C’est à peine si l’avocat obtient un timide « non ». Se confiant en 2011 à un enseignant, puis à une amie en 2013, l’adolescente est entendue par les enquêteurs. Alors majeure, elle évoque les demandes de masturbation, plusieurs fellations, en tout six à dix agressions sexuelles.

Les parents de la fillette diront n’avoir rien soupçonné, mais il apparaît qu’ils ne l’ont guère soutenue lorsqu’elle a voulu en parler. Ils ne connaissaient toutefois pas le lourd passé de leur jeune voisin. En 2003, il est condamné une première fois pour agression sexuelle, puis atteinte sexuelle trois ans plus tard et à nouveau agression en 2008.

À chaque fois sur des mineures, notamment une petite cousine et deux nièces de 4 et 10 ans. « C’est essentiellement un voleur, juge Jérôme Lavalois en le regardant, un voleur d’enfance. »

« Vous aussi, vous avez été victime de certains actes »

En garde à vue, le Saint-Quentinois a rapidement reconnu des attouchements, mais aucune pénétration, ni fellation, il n’aime pas ça, ce que contrediront ses compagnes successives. À l’audience, la présidente Orsel tente de comprendre.

« Vous n’alliez pas chez eux en vous disant je vais l’agresser ? » « Non. » « Que se passait-il ? » « Je faisais des attouchements, sans plus. » « Vous mettiez la main dans sa culotte ? » « Non. » « Vous ne vous contrôliez pas ? Auriez-vous pu vous en empêcher ? » « Non. » Devant ce quasi-mutisme, Sabine Orsel tente une autre approche.

« Vous aussi, vous avez été victime de certains actes étant enfant. Vous voulez nous en parler un peu ? » Nouvelle fin de non-recevoir. Me Gravier, son conseil, brise le secret de cette blessure intime en évoquant la pénétration dont son client a été victime de la part de l’ami de sa mère dans sa préadolescence passée à Dallon.

La présidente finit par obtenir le semblant d’empathie que lui dénie Me Lavalois. « Vous savez ce qu’elle a pu ressentir ? » « Elle a dû souffrir. »

Dans ses réquisitions, Laure Camus observe que le prévenu:

« est peut-être simplet, mais assez manipulateur pour se dissimuler. Peut-on se permettre d’avoir une autre victime ? Parce qu’il n’écoutera pas. Mickaël Leroy n’a que faire de la justice, de ses victimes. »

Une peine de dix ans tombe, assortie d’un suivi socio-judiciaire de quinze ans, 4 000 euros d’indemnisation et l’interdiction de contact avec des mineurs. Une décision qui n’arrache pas même un rictus au prévenu.

 

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