Cherbourg | Un père incestueux condamné à 30 mois ferme
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 05/12/2020
- 10:33
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Un procès pour inceste est un moment hautement douloureux.
Sa réalité atteste une fracture violente dans une vie de famille, mais il témoigne surtout du désarroi profond des jeunes victimes, même si, la plupart du temps, ils préfèrent rester à leur place, meurtris, silencieux.
Ce mardi 1er décembre, à Cherbourg (Manche), c’étaient deux adolescents les victimes, une fille de 17 ans et un garçon de 15 ans, agressés sexuellement entre 2014 et 2019 : ils avaient 11 ans et 9 ans aux premiers gestes du père.
Le garçon se tenait droit, mais sa sœur est restée prostrée pendant tout le procès.
Les premières agressions dont le frère et la sœur ont été victimes de la part de leur père remontent à leur petite enfance.
La jeune fille, entendue en juillet 2019, a évoqué les attouchements de son père entre son âge de 6 ans et celui de 11 ans.
Son père lui demandait de le masturber, « une fois par mois » a-t-elle dit à l’enquêteur.
Elle essayait de se débattre, mais son père lui disait : « Chut ! Il ne faut pas faire de bruit. »
Son frère a relaté trois épisodes : autour de ses 3-4 ans, quand il avait 8-9 ans, et dans sa douzième année.
C’étaient des caresses sur son corps…
Il se souvenait que son père était saoul dans ces moments-là.
Au bout de cinq tentatives de suicide qui étaient autant d’appels au secours, la jeune fille, hospitalisée, a d’abord révélé que son petit frère avait subi des sévices sexuels de la part du père.
Elle était rongée par ce qu’il vivait et si elle n’avait rien dit jusqu’ici, c’était pour le protéger de l’explosion de la cellule familiale.
Puis elle a dit qu’elle avait été victime de son père, elle aussi.
Comme si de rien n’était
Tout au long du procès, le père s’est caché derrière les mots pour rester à distance de ses actes.
Il reconnaît les faits, mais ce qu’il attend du procès, c’est « que l’agresseur qui est en moi soit jugé ».
Remarque qui lui vaut une réponse cinglante de l’avocate qui secondait les enfants :
« Non, Monsieur, c’est bien vous, le père des enfants, qui doit être jugé.
La petite main de l’enfant de 5 ans que vous preniez, c’était bien vous qui la posiez sur votre sexe.
Il faut dire les mots, Monsieur ! »
Lorsque les faits ont été révélés, le père est resté au domicile familial.
Le père et la mère ont continué comme si de rien n’était.
« Il a fallu un ultimatum du juge des enfants pour qu’il quitte la maison, rappelle Me Rabaey.
La situation psychologique des enfants était intenable. »
Et la mère ?
Elle a dit :
« Je me suis effondrée quand les enfants m’ont dit ce qu’ils avaient subi. »
Pour autant, elle avait admis malgré la révélation des faits que la cellule familiale reste en l’état.
Sa logique a laissé le tribunal pantois : elle n’a pas porté plainte au nom de ses enfants.
La justice s’est d’ailleurs substituée à la mère, en nommant une personne « ad hoc » pour représenter les jeunes.
Prison ferme et déchéance de l’autorité parentale
« Que les parents assument leurs responsabilités, et que le père assume sa culpabilité, a réclamé l’avocate, ce qui n’a pas été le cas au cours de ce procès. »
Le tribunal, au bout de ce long procès, a condamné le père, reconnu coupable d’agressions sexuelles sur ses enfants, à une peine de 4 ans d’emprisonnement dont 18 mois avec un sursis probatoire, soit 30 mois en cellule (peine non aménageable).
Pendant 2 ans après sa sortie de prison, il sera interdit d’exercer toute profession auprès des mineurs.
Par rapport à ses enfants, l’autorité lui est retirée.
Il devra au titre de leurs dommages subis 5 000 € à chacun, et 500 € pour leurs frais de justice.
Son nom figure dans le fichier des délinquants sexuels.
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