Rennes | Ahamed Ansuifoudine écope de 15 ans de prison pour l’enlèvement et des atteintes sexuelles sur le garçon de 4 ans d’une famille qui l’hébergeait

15 ans de réclusion pour le ravisseur d’un enfant de 4 ans

© AFP – F. Fife

Ahamed Ansuifoudine, un Mahorais de 27 ans, a été condamné à 15 ans de réclusion pour le rapt d’un garçonnet de quatre ans à Rennes en août 2015, vendredi par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine.

La Cour est allée au-delà des réquisitions de l’avocat général qui avait réclamé une peine minimale de 10 ans de réclusion. Jugé en récidive et déjà condamné à six mois pour soustraction d’un mineur à l’autorité parentale, Ahamed a été reconnu coupable d’enlèvement et de détention de mineur mais pas de séquestration, charge pour laquelle il était poursuivi.

Il a aussi été reconnu coupable d’atteinte sexuelle commise sur cet enfant quelques jours avant son enlèvement le 15 août 2015 à Rennes. Dans son verdict, la cour a assorti la peine d’un suivi socio-judiciaire de 7 ans. Le procès de cet homme, originaire de Mayotte s’était ouvert mercredi.

Un rapt en août 2015

Enlevé place de la mairie à Rennes le 15 août 2015, la victime, un garçon d’origine comorienne de quatre ans à l’époque des faits, avait suivi un homme que sa mère ne connaissait que depuis quelques jours. Le garçonnet avait été retrouvé indemne le lendemain dans un TGV à Libourne (Gironde) avec son ravisseur, grâce au déclenchement d’une alerte enlèvement.

Le ravisseur présumé d’un garçonnet de 4 ans, dans une voiture de police à Libourne (Gironde), le 16 août 2015 / © Maxpp – PQR – F. Cottereau

 

Dans son réquisitoire, l’avocat général Martial Guillois, pointant un “risque patent de récidive”, avait demandé aux jurés une peine qui “permette” à l’accusé “de se réparer”, soit “dix ans de réclusion minimum”. Il avait également demandé l’interdiction pour l’accusé d’exercer toute activité lui permettant de se rapprocher d’un mineur, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire de 10 ans avec injonction de soins.

Pendant près d’une heure, le magistrat du parquet était revenu point par point sur les éléments à charge de l’accusé, qui selon lui s’est, durant les trois jours de procès, enfoncé dans le mensonge.

“Dans ce dossier il n’y a pas une preuve mais une multiplicité d’éléments à charge qui sont autant de preuves”,

a souligné Martial Guillois.

Des “aveux circonstanciés” sur les faits d’agression sexuelle et un “enlèvement avéré” avec le déclenchement de l’alerte enlèvement: pour le magistrat, il n’y avait pas de doute sur l’intention ni la préméditation de l’accusé. “Dès le départ, il va mettre la capuche en montant dans le bus parce qu’il a l’intention d’enlever l’enfant”, selon lui.

Demande d’acquittement

Ses avocats, Mes Delphine Caro et Nicolas Prigent, ont demandé eux l’acquittement et une requalification des faits d’enlèvement, s’attachant à défendre les “qualités” et les “faiblesses” de cet homme “parfois peu bavard, un peu hagard, qui a inspiré (à la cour) un peu pitié et de l’agacement”, selon Delphine Caro.

“Il n’y a pas de simulation, pas de stratégie de défense, ce n’est pas un calculateur”, a assuré son avocate qui a évoqué à son propos des “difficultés dans l’élaboration mentale”.

“Il y a quelque chose d’incontestable dans son enfance: il a souffert de violences qui sont peu banales”,

a souligné l’avocate.

La mère de l’accusé, venue jeudi devant la cour, avait “demandé pardon” pour des violences qu’elle avait infligées à son fils dans son enfance. Pour Olivier Chauvel, avocat de la mère du garçon, partie civile, l’enfant a été “victime de faits criminels” indéniables. “En commettant ce que vous avez commis vous avez ôté une partie de l’enfance de cet enfant et compromis son avenir”, a plaidé Olivier Chauvel qualifiant l’accusé de “menteur d’intérêt” aux “instincts pédophiles”.

“S’il y a une vérité c’est la souffrance de cet enfant par les gestes qui ont pu être commis”,

a plaidé Florence Pelé, avocate de l’association La Voix de l’enfant qui milite pour la défense des enfants en détresse.

“Je demande pardon pour tout le mal que j’ai fait”, a déclaré Ahamed, prenant une dernière fois la parole avant que la cour ne se retire pour délibérer. Deuxième d’une fratrie de neuf enfants, l’accusé a été marqué par un parcours de vie difficile, en partie à la Réunion. Soumis à un lourd traitement médicamenteux, il est apparu fréquemment absent lors de son procès.

Arrivé en métropole en juin 2015, Ahamed Ansuifoudine avait été hébergé dans une famille d’origine comorienne à Rennes où vivait l’enfant avec lequel il avait disparu le 15 août suivant.

Source : france3-regions.francetvinfo

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